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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

la pensée, sa nourriture spirituelle, et on peut dire qu’il la rumine, puisqu’il l’a sans cesse dans la bouche et dans les entrailles. La justice, d’ailleurs, se divise en deux parts, comme le pied de ces animaux : l’une qui nous sanctifie en ce monde ; l’autre, qui nous conduit au siècle futur.

Notre divin maître ne nous conduira pas aux spectacles, que je puis sans doute appeler, sans craindre d’être repris, des chaires de mensonge et d’impiété ! Toutes les assemblées qui s’y réunissent sont criminelles, injustes, dévouées aux malédictions de Dieu. Le tumulte et l’injustice y règnent ; le désordre et la honte y naissent naturellement par le mélange des deux sexes qui s’y servent l’un à l’autre de spectacle et d’excitation à la volupté. Là se forment les desseins coupables ; là, les yeux, brûlant de flammes lascives, allument et réchauffent les désirs impurs ; là, les cœurs s’accoutument à l’effronterie du crime en s’accoutumant à l’effronterie des regards. Les plaisirs du théâtre, des bals et des concerts, sont donc des plaisirs défendus et maudits. On n’y voit que méchanceté ; on n’y entend que discours obscènes, que paroles vaines et trompeuses. Est-il, en effet, quelque action vile et honteuse qui ne soit point représentée au théâtre ? quelque impudente parole qui n’y soit point proférée par ces comédiens et ces bouffons dont le métier est d’exciter au rire ceux qui les viennent écouter ? Le plaisir que nous ressentons à voir peindre nos vices les imprime plus avant dans notre âme, et nous en fait rapporter chez nous des images vives et dévorantes. Moins nous sommes sensibles à ces plaisirs, plus nous les fuyons, plus nous sommes forts contre les lâches voluptés. Ceux qui les aiment me diront sans doute que les spectacles ne sont qu’un jeu qui les délasse. Quelle n’est donc pas la folie de ces villes qui font de ces sortes de jeux leur affaire la plus sérieuse ? Sont-ce, d’ailleurs, des jeux, que ces désirs effrénés d’une vaine gloire qui nous font courir avec tant d’ardeur à des spectacles qui causent la mort de tant d’hommes ? Sont-ce des jeux, que ces jalousies, ces envies de briller au-dessus des autres, qui nous entraînent à de folles dépenses, auxquelles nos biens ne peuvent suffire ? Et ces séditions qui