« Discours touchant la méthode de la certitude et l’art d’inventer » : différence entre les versions

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Quant aux Mathématiques nous connaissons l’Analyse des Anciens, et nous en savons plus qu’eux et on va bien au delà. Les adresses secrètes d’Archimède que les Géomètres anciens mêmes ne connaissaient point (tant il les avait cachées) sont toutes découvertes.
 
Pour ce qui est des belles lettres, l’histoire sacrée et profane est si éclaircie, que nous sommes souvent capables de découvrir les fautes des auteurs, qui écrivaient des choses de leur temps. On ne saurait considérer sans admiration cet amas prodigieux des restes de l’antiquité, ces suites des Médailles, cette quantité des Inscriptions, ce gandgrand nombre de Manuscrits, tant Européens qu’Orientaux, outre les lumières qu’on a pu avoir des vieux papiers, chroniques, fondations et titres, qu’on a tirées de la poussière, qui nous font connaître mille particularités importantes sur les origines et changements des familles illustres, peuples, états, lois, langues et coutumes ; ce qui sert non seulement pour la satisfaction des curieux, mais bien plus pour la conservation et redressement de l’histoire, dont les exemples sont des leçons vives et des instructions agréables, mais surtout pour établir cette importante Critique, nécessaire à discerner le supposé du véritable et la fable de l’histoire, et dont le secours est admirable pour les preuves de la religion.
 
Je ne dirai rien de l’éloquence, de la poésie, de la peinture et des autres arts d’embellissement, ni de la science militaire et de toutes celles, qui apprennent aux hommes de faire du mal, qui avancent avec tant de sucès, qu’il serait à souhaiter que les sciences du réel et du salutaire pussent suivre celle du fard et du nuisible. J’ajouterai seulement que la découverte de la poudre à canon me paraît être plutôt un présent de la bonté du ciel, dont notre siècle lui doit encore des remerciements, qu’une marque de sa colère ; car c’est apparemment cette poudre à canon, qui a le plus contribué à arrêter le torrent des Ottomans, qui allaient inonder notre Europe et encore présentement c’est par là qu’il y a de l’apparence qu’on se pourra quelque jour délivrer entièrement de leur voisinage, ou peut être qu’on pourra retirer une partie de leurs peuples des ténèbres et de la barbarie, pour les faire jouir avec nous des douceurs d’une vie honnête et de la connaissance du souverain bien, en rendant à la Grèce, mère des sciences, et à l’Asie, mère de la religion, ces biens dont nous leur sommes redevables.