« Dialogues des morts/Dialogue 62 » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Marc : replace |
mef |
||
Ligne 3 :
Louis
Il vaut mieux être père de la patrie en gouvernant
son royaume en paix, que d' être grand conquérant.
Louis
Mon cher cousin, dites-moi des nouvelles
de la France. J'
comme mes enfants. J'
peine. Vous étiez bien jeune en toute manière,
quand je vous laissai la couronne. Comment
avez-vous gouverné mon pauvre royaume ?
François I.
J'
voulez que je vous parle franchement, mon
règne a donné à la France bien plus d' éclat
que le vôtre.
Louis
craint. Je vous ai connu dès votre enfance d'
naturel à ruiner les finances, à hasarder tout
pour la guerre, à ne rien soutenir avec
patience, à renverser le bon ordre au-dedans de
l'
François I.
C'
préoccupés contre ceux qui doivent être leurs
successeurs. Mais voici le fait. J'
une horrible guerre contre Charles-Quint,
empereur, et roi d' Espagne. J'
les fameuses batailles de Marignan contre les
suisses, et de Cerisoles contre les impériaux.
J'
l'
efforts inutiles. J'
mérité d' être immortalisé par les gens de lettres.
J'
milieu de ma cour. J'
la politesse, l'
moi, tout étoit grossier, pauvre, ignorant,
gaulois. Enfin je me suis fait nommer le père
des lettres.
Louis
Cela est beau, et je ne veux point en diminuer
la gloire : mais j'
que vous eussiez été le père du peuple, que le
père des lettres. Avez-vous laissé les françois
dans la paix et dans l'
François I.
Ligne 69 ⟶ 71 :
guerre.
Louis
Vous l'
grands succès. Quelles sont vos conquêtes ?
Avez-vous pris le royaume de Naples ?
François I.
Non, j'
Louis
Du moins vous avez conservé le milanois !
François I.
Il m'
Louis
Quoi donc ? Charles-Quint vous l'
Avez-vous perdu quelque bataille ? Parlez :
vous n'
François I.
J'
Louis
Comment ! Pris ? Hélas ! En quel abyme s'
jeté par de mauvais conseils ! C'
ainsi que vous m' avez surpassé à la guerre !
Vous avez replongé la France dans les malheurs
qu' elle souffrit sous le roi Jean.
France, que je te plains ! Je l'
prévu. Hé bien ! Je vous entends ; il a fallu
rendre des provinces entières, et payer des
Ligne 108 ⟶ 112 :
faste, cette hauteur, cette témérité, cette
ambition. Et la justice... comment va-t-elle ?
François I.
Elle m'
vendu les charges de magistrature.
Louis
Et les juges qui les ont achetées ne vendront-ils
Ligne 120 ⟶ 125 :
employées pour lever et faire subsister les
armées avec économie ?
François I.
Ligne 125 ⟶ 131 :
cour.
Louis
Je parie que vos maîtresses y ont eu une
plus grande part que les meilleurs officiers
d'
la guerre encore allumée, la justice vénale, la
cour livrée à toutes les folies des femmes
galantes, tout l' état en souffrance. Voilà ce règne
si brillant qui a effacé le mien. Un peu de
modération vous auroit fait bien plus d'
François I.
Mais j'
m'
grand roi François.
Louis
C'
votre argent, et que vous vouliez être héros
aux dépens de l'
devoit faire toute votre gloire.
François I.
Non, les louanges qu'
sincères.
Louis
Hé ! Y a-t-il quelque roi si foible et si
corrompu à qui on n'
louanges que vous en avez reçu ? Donnez-moi
le plus indigne de tous les princes, on lui
Ligne 165 ⟶ 171 :
sang, et par tant de sommes qui ruinent un
royaume !
François I.
Du moins j'
avec constance dans mes malheurs.
Louis
Vous auriez mieux fait de ne vous mettre
jamais dans le besoin de faire éclater cette
constance : le peuple n'
héroïsme. Le héros ne s'
prison ?
François I.
|