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Et qu’une larme de mes yeux,
Et qu’une larme de mes yeux,
Je te les donnerai sans peine.
Je te les donnerai sans peine.
De nos amours qu’il te souvienne,
De nos amours qu’il te souvienne,
Si tu remontes dans les cieux !
Si tu remontes dans les cieux !
Je ne chante ni l’espérance,
Je ne chante ni l’espérance,
Ni la gloire, ni le bonheur,
Ni la gloire, ni le bonheur,
Hélas ! pas même la souffrance.
Hélas ! pas même la souffrance.
La bouche garde le silence
La bouche garde le silence
Pour écouter parler le cœur.
Pour écouter parler le cœur.
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{{Centré|<small>LA MUSE.</small>}}
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Crois-tu donc que je sois comme le vent d’automne,
Crois-tu donc que je sois comme le vent d’automne,
Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau,
Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau,
Et pour qui la douleur n’est qu’une goutte d’eau ?
Et pour qui la douleur n’est qu’une goutte d’eau ?
Ô poète ! un baiser. C’est moi qui te le donne.
Ô poète ! un baiser. C’est moi qui te le donne.
L’herbe que je voulais arracher de ce lieu,
L’herbe que je voulais arracher de ce lieu,
Cest ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu.
Cest ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu.
Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure
Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t’ont feite au fond du cœur :
Que les noirs séraphins t’ont feite au fond du cœur :
Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur.
Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.
Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage,
Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage,
Ses petits affamés courent sur le rivage,
En le voyant au loin s’abattre sur les eaux ;
En le voyant au loin s’abattre sur les eaux ;
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie,
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
En secouant leurs becs sur leurs goîtres hideux.
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