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Il est curieux d’ailleurs de voir, à défaut de culte plus positif et d’objet d’adoration plus élevé, une sorte de superstition survivre et s’attacher alors même à d’assez singuliers symboles. Je ne parle pas de ces emblèmes tout politiques, comme le bonnet phrygien et le drapeau rouge, quoique ce soient là aussi des superstitions d’une nature particulière ; mais qu’était-ce que la dédicace faite de l’église Sainte-Geneviève à la mémoire de Marat, déjà canonisé pendant les jours qui suivirent sa mort ? N’avait-on pas vu alors le même peuple iconoclaste lui adresser des prières et lui brûler des cierges dans plusieurs églises ? En 1871, on peut se convaincre, par les rapports de police, de l’impression à quelques égards superstitieuse produite par la franc-maçonnerie, qui pourtant ne se couvrit pas de gloire en ces circonstances : dans ses essais de conciliation, elle inclina fortement du côté de la commune ; peut-être fit-elle alors, elle aussi, sa petite insurrection intérieure contre l’autorité des principaux ''vénérables''. Avec quelle horreur on parle des obus versaillais qui ont atteint sa bannière flottante sur les remparts ! Les femmes surtout, celles-là même sans doute qui trouvaient bon qu’on renversât les croix, s’animent dans les groupes en flétrissant cet attentat sacrilège contre ce respectable symbole.
Il est curieux d’ailleurs de voir, à défaut de culte plus positif et d’objet d’adoration plus élevé, une sorte de superstition survivre et s’attacher alors même à d’assez singuliers symboles. Je ne parle pas de ces emblèmes tout politiques, comme le bonnet phrygien et le drapeau rouge, quoique ce soient là aussi des superstitions d’une nature particulière ; mais qu’était-ce que la dédicace faite de l’église Sainte-Geneviève à la mémoire de Marat, déjà canonisé pendant les jours qui suivirent sa mort ? N’avait-on pas vu alors le même peuple iconoclaste lui adresser des prières et lui brûler des cierges dans plusieurs églises ? En 1871, on peut se convaincre, par les rapports de police, de l’impression à quelques égards superstitieuse produite par la franc-maçonnerie, qui pourtant ne se couvrit pas de gloire en ces circonstances : dans ses essais de conciliation, elle inclina fortement du côté de la commune ; peut-être fit-elle alors, elle aussi, sa petite insurrection intérieure contre l’autorité des principaux ''vénérables''. Avec quelle horreur on parle des obus versaillais qui ont atteint sa bannière flottante sur les remparts ! Les femmes surtout, celles-là même sans doute qui trouvaient bon qu’on renversât les croix, s’animent dans les groupes en flétrissant cet attentat sacrilège contre ce respectable symbole.


Le rôle des femmes ne forme pas un des traits de la commune les moins dignes d’étude. Sans doute leur intervention n’est pas nouvelle dans les crises révolutionnaires ; leur ingérence fut cette fois plus fréquente et plus active. Leurs propos recueillis, leur présence dans les clubs, la manifestation de leurs prétentions à jouer un nouveau rôle dans la famille et dans l’état, montrent un accroissement des plus sensibles de leur importance inquiète. Il faudrait distinguer ce qui doit être traité avec indignation de ce qui mérite seulement le blâme ou la pitié. Comment ne pas la flétrir, cette infâme lie de la population féminine ? Elle embarrasse jusqu’aux auteurs de ces rapports, si indulgens pour les plus coupables entraînemens. Elle n’a rien à envier aux mégères de la révolution ; peut-être même l’histoire trouvera-t-elle qu’il y a eu progrès des tricoteuses aux pétroleuses. A Montmartre, on en voit pousser des cris de mort, danser sur le cadavre d’une des victimes ; elles enveloppent, elles pressent de faire défection ces misérables soldats qui ne levèrent pas seulement la crosse en l’air, qui livrèrent leurs chefs et concoururent à les tuer. D’autres donnent à leur fanatisme
Le rôle des femmes ne forme pas un des traits de la commune les moins dignes d’étude. Sans doute leur intervention n’est pas nouvelle dans les crises révolutionnaires ; leur ingérence fut cette fois plus fréquente et plus active. Leurs propos recueillis, leur présence dans les clubs, la manifestation de leurs prétentions à jouer un nouveau rôle dans la famille et dans l’état, montrent un accroissement des plus sensibles de leur importance inquiète. Il faudrait distinguer ce qui doit être traité avec indignation de ce qui mérite seulement le blâme ou la pitié. Comment ne pas la flétrir, cette infâme lie de la population féminine ? Elle embarrasse jusqu’aux auteurs de ces rapports, si indulgens pour les plus coupables entraînemens. Elle n’a rien à envier aux mégères de la révolution ; peut-être même l’histoire trouvera-t-elle qu’il y a eu progrès des tricoteuses aux pétroleuses. À Montmartre, on en voit pousser des cris de mort, danser sur le cadavre d’une des victimes ; elles enveloppent, elles pressent de faire défection ces misérables soldats qui ne levèrent pas seulement la crosse en l’air, qui livrèrent leurs chefs et concoururent à les tuer. D’autres donnent à leur fanatisme