« La Messaline française » : différence entre les versions

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Pendant deux mois nous vécûmes ainsi, la princesse et moi, dans l'union la plus parfaite; mais au bout de ce temps son mari eut quelque soupçon de notre intelligence. Nous nous aperçûmes que nous étions surveillés, nous prîmes nos précautions pour n'être pas découverts.
 
Un jour cependant malgré nos mesures peu s'en fallut que nous ne le fussions, et pris in flagrante délicto. Il entre dans la chambre où nous étions. comme elle venait de réparer tant bien que mal, le désordre qu'avait occasioné nos ébats, amoureux. A sa grande honte il se couvrit de ridicule en faisant éclater sa jalousie, il poussa même l'impolitesse jusqu'à me prier de cesser de l'honorer de mes visites. Cet original comme tu vois n'est pas fait pour habiter ce pays. Où en serions-nous, si tous les maris s'avisaient de surveiller ainsi leurs chastes moitiés? Nous fûmes donc obligés de nous voir ailleurs qu'en son hôtel. La marquise loua une petite maison près de Versailles et nous nous y rendions aussi souvent que son argus nous faisait le plaisir de s'absenter. Nous nous donnions encore quelquefois rendez-vous sur la terrasse, dans le parc. C'est ici que va commencer le tissu de mes aventures avec la Polignac et une autre personne que je ne puis te nommer. Madame d'Hé...... me fit dire par quelqu'un de confiance, de me rendre un soir sur la terrasse. A une journée d'une chaleur excessive, avait succédé une de ces nuits si fraiches qui semblent destinées aux amans. La lune un peu couverte laissait faiblement distinguer les objets. J'étais à attendre depuis environ une heure lorsque j'entrevis deux dames en léger deshabillé, qui venaient vers moi, Je crus que c'était mon aimable princesse avec sa femme de chambre. Dans cette persuasion je les abordai avec empressement et fus pour serrer dans mes bras celle que je prenais pour madame d'Hé....... qu'on juge de mon étonnement quand je me sentis repoussé, et qu'une voix argentine que je ne connus pas me dit : »Que prétendez-vous faire, monsieur, voudriez-vous nous insulter. »Oh! mon ami, cette voix me fut jusqu'au cœur ! Honteux de ma méprise, je leur balbutiai des excuses, J'allais me retirer, déjà elles étaient à quelques pas de moi, lorsque je les entendis rire aux éclats; et celle qui avait parlé prononça distinctement: » Il est très-joli homme le connais-tu ?'' | Je t'avoue mon ami, que je pris ces deux femmes pour des avanturières, ce qui m'engagea à les aborder, — C'est sans doute par goût Mesdames, que vous vous promenez sans cavalier; lorsqu'on est aussi aimables, on ne doit jamais en manquer, et si je ne craignais de devenir importun, je vous prierais de me permettre de vous accompagner. Un nouvel éclat de rire fut la réponse qu'on me fit: cependant celle qui n'avait encore rien dit prit la - parole : — Nous vous remercions monsieur, de votre offre obligeante; il est vrai que c'était par goût que nous nous promenions seules. Ne prenez pas nos ris pour une impolitesse ; la cause n'en existe que dans une aventure que venait de me raconter ma sœur, lorsque vous nous avez rencontrées. Nous sommes d'autant moins disposées à accepter l'offre que vous nous avez faite, que cela, sans doute, vous ferait manquer votre rendez-vous avec la personne pour laquelle vous nous avez prises. — Pour vous prouver, Mesdames, qu'il n'en est rien, je continue la promenade avec vous, si vous me le permettez. Comme tu vois, mon ami, l'infidélité commence à se glisser dans mon cœur. J'oublie la princesse pour suivre deux inconnues, peut-être deux conrtisannes; mais bientôt une conversation soutenue avec esprit de leur part, des manières du grand monde, un ton de la meilleure société tout me fait juger que ce sont deux femmes comme il faut. Une d'elles, celle dont la voix m'avait si vivement affecté me plait plus que l'autre c'était à elle que j'adressais le plus souvent la parole; c'était pour elle qu'étaient tous les propos flatteurs et galans; deux heures que nous passâmes ensemble s'écoulèrent comme un songe. Minuit sonne; elles parlèrent de se retirer. J'offris de les reconduire, ce quelles refusèrent formellement, me défendant même de les suivre. Je les voyais partir avec douleur : je tenais la main de celle qui venait de me subjuguer en si peu de temps, je la pressais dans la mienne, j'y appliquai mes lèvres brûlantes de désirs. Bientôt entraîné par un mouvement involontaire, je laisse aller la main, et la serre elle-même dans mes bras. Ma bouche rencontre la sienne. O Dieu ! mon baiser m'est rendu : je sens sa langue s'introduire entre mes lèvres; je lui glisse la mienne, elle voulait l'aspirer. Nos soupirs se confondent; tout à coup elle s'échappe avec promptitude..., Adieu me dit-elle, nous nous reverrons, et elles disparaissent. Je restai quelque temps immobile; je ne pouvais sortir de l'endroit où j'étais. Un lien invisible semblait me retenir.Je croyais avoir fait un rêve agréable. Cependant peu à peu, mes idées se calmèrent, à mesure que se dissipa la bourrasque violente qui s'était élevée dans mes sens. Lorsque je me reconnus, je fus étonné de n'y plus retrouver l'image de la princesse : celui de mon inconnue avait pris la place. En comparant les sentimens qui m'agitaient, pouvais-je même dire avoir aimé la première .... Adieu nous nous reverrons.... Ces mots retentissaient au fond de mon âme ; mais quelle affreuse réflexion ! ... Je ne connaissais point leur demeure, et elles ignoraient la mienne. Oh ! comment pourrons-nous donc nous revoir ? Je volai sur leurs traces pour tâcher de réparer mon oubli; mais bientôt je me rappelai la défense qui m'avait été faite. La crainte d'encourir l'indignation de celle que j'aimais déjà plus que ma vie, fut assez forte pour m'arrêter. Horriblement tourmenté d'inquiétude et d'amour, je sortis du parc et rentrai chez moi. Je ne pus fermer l'œil de la nuit. Je songeais à tout ce qui m'était arrivé, à peine pensais-je à la princesse d'Hé...... et ce n'était que pour trouver les moyens d'éluder les poursuites qu'elle ne manquerait pas de faire, et d'éviter sa rencontre. J'étais résolu à ne plus la voir; je me figurais ses reproches, et j'en étais peu touché; mais comment retrouver mon inconnue? reviendra-t-elle sur la terrasse ? peut-être l'avais-je vue pour la dernière fois. Cette cruelle idée me désespérait: enfin le jour me trouva plongé dans ces réflexions. Dévoré d'impatience, je trouvais les heures d'une longueur insupportable, je ne pus tenir au lit plus longtemps; je me levai, et sortis sans aucun but déterminé, je me rendis sur la terrasse et j'y passai sans rien voir jusqu'à l'heure du dîner. De retour chez moi, je trouvai une lettre de madame d'Hé...... qui me donnait rendez-vous à la petite maison pour l'après midi. J'y manquai; elle fut piquée, et cessa de m'écrire : je ne l'ai pas revue depuis. Je fus sur la terrasse dès six heures du soir. J'y lorgnai toutes les femmes, courant tantôt à droite, tantôt à gauche après celle qui me semblait être mon aimable inconnue; la nuit arrivé, je reste seul, cent fois je consulte ma montre, je crois toujours que le timbre fait retentir à mes oreilles au moins une heure de retard : enfin onze heures frappent et m'annoncèrent qu'en vain je l'attendrais davantage, je revins chez moi et me couchai.
 
-Que prétendez-vous faire, monsieur, voudriez-vous nous insulter.
 
-Oh! mon ami, cette voix me fut jusqu'au cœur ! Honteux de ma méprise, je leur balbutiai des excuses, J'allais me retirer, déjà elles étaient à quelques pas de moi, lorsque je les entendis rire aux éclats; et celle qui avait parlé prononça distinctement:
 
-Il est très-joli homme le connais-tu ? Je t'avoue mon ami, que je pris ces deux femmes pour des avanturières, ce qui m'engagea à les aborder:
 
— C'est sans doute par goût Mesdames, que vous vous promenez sans cavalier; lorsqu'on est aussi aimables, on ne doit jamais en manquer, et si je ne craignais de devenir importun, je vous prierais de me permettre de vous accompagner. Un nouvel éclat de rire fut la réponse qu'on me fit: cependant celle qui n'avait encore rien dit prit la parole :
 
— Nous vous remercions monsieur, de votre offre obligeante; il est vrai que c'était par goût que nous nous promenions seules. Ne prenez pas nos ris pour une impolitesse ; la cause n'en existe que dans une aventure que venait de me raconter ma sœur, lorsque vous nous avez rencontrées. Nous sommes d'autant moins disposées à accepter l'offre que vous nous avez faite, que cela, sans doute, vous ferait manquer votre rendez-vous avec la personne pour laquelle vous nous avez prises.
 
— Pour vous prouver, Mesdames, qu'il n'en est rien, je continue la promenade avec vous, si vous me le permettez. Comme tu vois, mon ami, l'infidélité commence à se glisser dans mon cœur. J'oublie la princesse pour suivre deux inconnues, peut-être deux conrtisannes; mais bientôt une conversation soutenue avec esprit de leur part, des manières du grand monde, un ton de la meilleure société tout me fait juger que ce sont deux femmes comme il faut. Une d'elles, celle dont la voix m'avait si vivement affecté me plait plus que l'autre c'était à elle que j'adressais le plus souvent la parole; c'était pour elle qu'étaient tous les propos flatteurs et galans; deux heures que nous passâmes ensemble s'écoulèrent comme un songe. Minuit sonne; elles parlèrent de se retirer. J'offris de les reconduire, ce quelles refusèrent formellement, me défendant même de les suivre. Je les voyais partir avec douleur : je tenais la main de celle qui venait de me subjuguer en si peu de temps, je la pressais dans la mienne, j'y appliquai mes lèvres brûlantes de désirs. Bientôt entraîné par un mouvement involontaire, je laisse aller la main, et la serre elle-même dans mes bras. Ma bouche rencontre la sienne. O Dieu ! mon baiser m'est rendu : je sens sa langue s'introduire entre mes lèvres; je lui glisse la mienne, elle voulait l'aspirer. Nos soupirs se confondent; tout à coup elle s'échappe avec promptitude..., Adieu me dit-elle, nous nous reverrons, et elles disparaissent. Je restai quelque temps immobile; je ne pouvais sortir de l'endroit où j'étais. Un lien invisible semblait me retenir.Je croyais avoir fait un rêve agréable. Cependant peu à peu, mes idées se calmèrent, à mesure que se dissipa la bourrasque violente qui s'était élevée dans mes sens. Lorsque je me reconnus, je fus étonné de n'y plus retrouver l'image de la princesse : celui de mon inconnue avait pris la place. En comparant les sentimens qui m'agitaient, pouvais-je même dire avoir aimé la première .... Adieu nous nous reverrons.... Ces mots retentissaient au fond de mon âme ; mais quelle affreuse réflexion ! ... Je ne connaissais point leur demeure, et elles ignoraient la mienne. Oh ! comment pourrons-nous donc nous revoir ? Je volai sur leurs traces pour tâcher de réparer mon oubli; mais bientôt je me rappelai la défense qui m'avait été faite. La crainte d'encourir l'indignation de celle que j'aimais déjà plus que ma vie, fut assez forte pour m'arrêter. Horriblement tourmenté d'inquiétude et d'amour, je sortis du parc et rentrai chez moi. Je ne pus fermer l'œil de la nuit. Je songeais à tout ce qui m'était arrivé, à peine pensais-je à la princesse d'Hé...... et ce n'était que pour trouver les moyens d'éluder les poursuites qu'elle ne manquerait pas de faire, et d'éviter sa rencontre. J'étais résolu à ne plus la voir; je me figurais ses reproches, et j'en étais peu touché; mais comment retrouver mon inconnue? reviendra-t-elle sur la terrasse ? peut-être l'avais-je vue pour la dernière fois. Cette cruelle idée me désespérait: enfin le jour me trouva plongé dans ces réflexions. Dévoré d'impatience, je trouvais les heures d'une longueur insupportable, je ne pus tenir au lit plus longtemps; je me levai, et sortis sans aucun but déterminé, je me rendis sur la terrasse et j'y passai sans rien voir jusqu'à l'heure du dîner. De retour chez moi, je trouvai une lettre de madame d'Hé...... qui me donnait rendez-vous à la petite maison pour l'après midi. J'y manquai; elle fut piquée, et cessa de m'écrire : je ne l'ai pas revue depuis. Je fus sur la terrasse dès six heures du soir. J'y lorgnai toutes les femmes, courant tantôt à droite, tantôt à gauche après celle qui me semblait être mon aimable inconnue; la nuit arrivé, je reste seul, cent fois je consulte ma montre, je crois toujours que le timbre fait retentir à mes oreilles au moins une heure de retard : enfin onze heures frappent et m'annoncèrent qu'en vain je l'attendrais davantage, je revins chez moi et me couchai.
 
Oh ! pour le coup je crus qu'elle était à jamais perdue pour moi. Je maudissais ma maladresse de ne m'être pas informé de sa demeure avant de la quitter ou de ne lui avoir pas donné la mienne. Exténué de fatigue bientôt enfin le sommeil s'empara de moi.