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LA REVUE DE PARIS |
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10~ |
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peut-être aussi le vœu que je vous exprime dans cette lettre. De toutes |
peut-être aussi le vœu que je vous exprime dans cette lettre. De toutes |
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ces souffrances du cœur, il |
ces souffrances du cœur, il s’échappe toujours, quoi que je fasse, |
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quelque chose au dehors; et cela nous rend tous malheureux, plus |
quelque chose au dehors ; et cela nous rend tous malheureux, plus |
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malheureux |
malheureux qu’avant de nous être revus. |
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» Cessons donc de nous voir en ce moment, afin de nous revoir un |
» Cessons donc de nous voir en ce moment, afin de nous revoir un |
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jour. le plus tôt possible, et pour la vie. |
jour. le plus tôt possible, et pour la vie. L’éloignement de nos quartiers, l’été, les courses à la campagne, qu’on ne me trouve jamais |
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tiers, l'été, les courses à la campagne, qu'on ne me trouve jamais |
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chez moi, voilà des prétextes suffisants pour le monde. Quant à nous, |
chez moi, voilà des prétextes suffisants pour le monde. Quant à nous, |
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nous saurons à quoi nous en tenir. Nous nous aimerons toujours. |
nous saurons à quoi nous en tenir. Nous nous aimerons toujours. Nous nous écrirons, n’est-ce pas ? Quand nous nous rencontrerons |
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Nous nous écrirons, n'est-ce pas? Quand nous nous rencontrerons |
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quelque part, ce sera une joie, nous nous serrerons la main avec |
quelque part, ce sera une joie, nous nous serrerons la main avec |
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plus de tendresse et |
plus de tendresse et d’effusion qu’ici. Que dites-vous de cela ? Ecrivez- |
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moi un mot. |
moi un mot. |
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» |
» J’arrête ici cette lettre. Ayez pitié de toutes ces idées sans suite. |
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Cette lettre |
Cette lettre m’a bien fait souffrir, mon ami. Brûlez-la, que personne |
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ne puisse jamais la relire, pas même vous. |
ne puisse jamais la relire, pas même vous. |
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» Adieu. |
:::» Adieu. |
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» VICTOR |
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<div style="text-align:right;padding-right:10%">» {{sc|Victor.}} </div> |
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» |
» J’ai fait lire cette lettre à la seule personne qui devait la lire avant |
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vous. |
vous. » |
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Sainte-Beuve répond dès le lendemain |
Sainte-Beuve répond dès le lendemain : |
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[7 juillet 1831]. |
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<div style="text-align:right;padding-right:8%">[7 juillet 1831]. </div> |
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ma conduite depuis ces trois mois pour voir en quoi elle a |
ma conduite depuis ces trois mois pour voir en quoi elle a |
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pu vous blesser et rouvrir un passé que mon vœu était |
pu vous blesser et rouvrir un passé que mon vœu était d’abolir. |
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J’ai été avec vous comme autrefois et je vous ai cru aussi |
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souvent le même. Par moments, |
souvent le même. Par moments, j’avais bien quelques doutes |
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de ce qui pouvait rester en vous de tristesse et |
de ce qui pouvait rester en vous de tristesse et d’irréparable, |
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mais |
mais j’attribuais votre air plus sombre à l’âge, à la vie plus |
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avancée, et votre silence à ce que nous nous étions tout dit |
avancée, et votre silence à ce que nous nous étions tout dit |
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depuis longtemps et que nous nous connaissions à fond. Quant |
depuis longtemps et que nous nous connaissions à fond. Quant |
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à |
à l’autre personne que j’éviterai aussi de nommer, bien |
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qu’elle soit restée pour moi l’objet d’une affection invincible et |
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inaliénable, je ne crois pas |
inaliénable, je ne crois pas l’avoir pu blesser par aucun retour |
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vers un temps évanoui. Je ne |
vers un temps évanoui. Je ne l’ai jamais revue seule : quand |