« Discours sur la question du libre-échange » : différence entre les versions

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Les petits fermiers, dit-il, qui ne pourront pas se tenir dans l'agriculture, trouveront une ressource dans l'industrie. Quant aux grands fermiers, ils doivent y gagner. Ou les propriétaires seront forcés de leur vendre à très bon marché leurs terres ou les contrats de fermage qu'ils feront avec eux seront à des termes très prolongés. C'est ce qui leur permettra d'engager de grands capitaux dans la terre, d'y faire l'application des machines sur une plus grande échelle et d'économiser ainsi sur le travail manuel qui, d'ailleurs, sera à meilleur marché par la baisse générale des salaires, conséquence immédiate des lois céréales.
 
Le docteur Bowring a donné à tous ces arguments une consécration religieuse, en s'écriant dans un meeting public : Jésus-Christ, c'est le <small>free-trade</small>; le <small>free-trade</small>, c'est Jésus-Christ !
 
On comprend que toutes cette hypocrisie n'était pas propre à faire goûter aux ouvriers le pain à bon marché.
 
Comment d'ailleurs les ouvriers auraient-ils pu comprendre la philanthropie soudaine des fabricants, de ces gens qui étaient occupés encore à combattre le bill de dix heures par lequel on voulait réduire la journée de l'ouvrier de fabrique de douze heures à dix heures.
 
Pour vous faire une idée de la philanthropie de ces fabricants je vous rappellerai, Messieurs, les règlements établis dans toutes les fabriques.
 
Chaque fabricant a pour son usage particulier un véritable code, où il y a des amendes fixées pour toutes les fautes volontaires ou invonlontaires. Par exemple, l'ouvrier payera tant, s'il a le malheur de s'asseoir sur une chaise, s'il chuchote, cause, rit, s'il arrive quelques minutes trop tard,si une partie de la machine se casse, s'il ne livre pas les objets d'une qualité voulue, etc., etc. Les amendes sont toujours plus fortes que le dommage véritablement occasionné par l'ouvrier. Et pour donner à l'ouvrier toute facilité d'encourir des peines, on fait avancer la pendule de la fabrique, on fournit de mauvaises matières premières pour que l'ouvrier en fasse de bonnes pièces. On destitue le contremaître qui ne serait pas assez habile pour multiplier les cas de contravention.
 
Vous le voyez, Messieurs, cette législation domestique est faite pour enfanter des contraventions, et on fait faire des contraventions pour faire de l'argent. Ainsi, le fabricant emploie tous les moyens pour réduire le salaire nominal et pour exploiter jusqu'aux accidents dont l'ouvrier n'est pas le maître.
 
Ces fabricants, ce sont les mêmes philanthropes qui ont voulu faire croire aux ouvriers qu'ils étaient capables de faire des dépenses énormes, uniquement pour améliorer leur sort.
 
Ainsi, d'un côté, ils rognent le salaire de l'ouvrier par les règlements de fabriques de la manière la plus mesquine, et de l'autre, ils s'imposent les plus grands sacrifices pour le faire rehausser par l'<small>Anti-Corn Law League</small>.