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SOUVENÎUS DE BRIMKKE


Bientôt après il mourut, laissant une fille qui vit actuellement (1815) dans la misère, avec sa mère, à Lunéville. Enfin
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Bientôt après il mourut, laissant une fille qui vit actuelle-
ment (i8i5) dans la misère, avec sa mère, à Lunéville. Enfin
la Révolution a interrompu toute correspondance entre ma
la Révolution a interrompu toute correspondance entre ma
mère et son parent autrichien. N'étant pas informé de cette
mère et son parent autrichien. N’étant pas informé de cette
circonstance, je n'ai pu le rechercher pendant mon émigration,
circonstance, je n’ai pu le rechercher pendant mon émigration,
et quand j'ai été à Vienne avec l'armée française, en i8o5 et
et quand j’ai été à Vienne avec l’armée française, en 1805 et
i8og, l'idée ne m'est pas venue de m'en informer nous ne
1809, l’idée ne m’est pas venue de m’en informer ; nous ne
savons plus ce qu'il est devenu.
savons plus ce qu’il est devenu.


J'étais âgé d'environ sept ans et demi quand un de mes
J’étais âgé d’environ sept ans et demi quand un de mes
parents maternels, le comte Du Hamel, qui avait perdu son
parents maternels, le comte Du Hamel, qui avait perdu son
fils et qui venait de marier ses deux filles, sachant combien
fils et qui venait de marier ses deux filles, sachant combien
la fortune de ma mère était modique, et combien les désagré-
la fortune de ma mère était modique, et combien les désagréments qu’elle éprouvait avec son frère nuisaient à mon éducation, lui écrivit de lui envoyer son fils aîné, dont il voulait se
charger jusqu’à ce qu’il l’eût mis en état d’entrer à l’École militaire. Je quittai donc ma mère en 1778, et, depuis ce moment
ments qu'elle éprouvait avec son frère nuisaient à mon éduca-
jusqu’à mon retour de Hambourg, après le siège de 1814 et
tion, lui écrivit de lui envoyer son fils aîné, dont il voulait se
la rentrée du roi, je n’ai pas vécu avec elle la valeur d’un
charger jusqu'à ce qu'il l'eût mis en état d'entrer à l'École mili-
taire. Je quittai donc ma mère en 1778, et, depuis ce moment
jusqu'à mon retour de Hambourg, après le siège de 181~ et
la rentrée du roi, je n'ai pas vécu avec elle la valeur d'un
mois. M. Du Hamel me mit en pension dans le village dont il
mois. M. Du Hamel me mit en pension dans le village dont il
était seigneur, chez un ancien maître d'école retiré. Pendant
était seigneur, chez un ancien maître d’école retiré. Pendant
tout le temps que j'y suis resté, c'est-à-dire jusqu'à l'âge de
tout le temps que j’y suis resté, c’est-à-dire jusqu’à l’âge de
neuf ans et quelques mois, je n'ai eu d'autre nourriture que
neuf ans et quelques mois, je n’ai eu d’autre nourriture que
celle de ce villageois qui, tisserand de son métier, vivait du
celle de ce villageois qui, tisserand de son métier, vivait du
travail de ses mains et du produit de la pension de sept ou
travail de ses mains et du produit de la pension de sept ou
huit enfants de fermiers ou laboureurs des environs qui lui
huit enfants de fermiers ou laboureurs des environs qui lui
étaient envoyés pendant l'hiver, entre la fin et le renouvelle-
étaient envoyés pendant l’hiver, entre la fin et le renouvellement des travaux de la campagne, et qui lui payaient six
ment des travaux de la campagne, et qui lui payaient six
francs et deux boisseaux de blé par mois pour être enseignés,
francs et deux boisseaux de blé par mois pour être enseignés,
logés et nourris. Aussi ai-je contracté l'habitude d'une grande
logés et nourris. Aussi ai-je contracté l’habitude d’une grande
sobriété qui ne me fait pas attacher un grand prix à la table
sobriété qui ne me fait pas attacher un grand prix à la table
la plus délicate. Je n'ai, de ma vie, fait un pas dans la vue
la plus délicate. Je n’ai, de ma vie, fait un pas dans la vue
de me procurer 'un dîner meilleur que celui de mon ordi-
de me procurer un dîner meilleur que celui de mon ordinaire. Le dimanche, j’allais dîner au château avec mon
naire. Le dimanche, j'allais dîner au château avec mon
parent.
parent.


Ce fut dans cette pension que j'appris a lire, à écrire, à
Ce fut dans cette pension que j’appris à lire, à écrire, à
calculer. A l'âge de neuf ans, je faisais les quatre règles de
calculer. À l’âge de neuf ans, je faisais les quatre règles de
l'arithmétique, quelque complexes qu'elles fussent, aussi bien
l’arithmétique, quelque complexes qu’elles fussent, aussi bien
que je les ai faites depuis mais c'était en moi une routine et
que je les ai faites depuis ; mais c’était en moi une routine et
je ne me rendais raison de rien. Je déchiffrais aussi avec vue 10 sur 902
je ne me rendais raison de rien. Je déchiffrais aussi avec