« La Case de l’oncle Tom/Ch XII » : différence entre les versions
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{{Titre|[[La Case de l’oncle Tom]]<br>Chapitre XII|[[Harriet Beecher Stowe]]|[[:Category:1852|1852]]}}
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::<div style="font-size: 90%">La propriété prend des licences.</div>
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Le vieux gentilhomme lut ce signalement d’un bout à l’autre, à voix basse, comme s’il l’étudiait.
Le vétéran interrompit l’assaut qu’il livrait au
« Voilà ! c’est ma façon de penser, dit-il, et il retourna s’asseoir.
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Un nègre vint annoncer que la chambre « à maître » était prête.
« Jim, voyez aux malles, dit négligemment le gentilhomme ; et s’adressant à M. Wilson, il ajouta :
M. Wilson le suivit, toujours de l’air d’un homme qui marche en rêvant. Ils montèrent au-dessus, dans une grande pièce, où pétillait un feu nouvellement allumé, et où plusieurs domestiques mettaient la dernière main aux arrangements de la chambre.
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— Je ne pouvais y croire !
— Je suis passablement déguisé, n’est-ce pas ? dit-il avec un sourire orgueilleux. Un peu de brou de noix a fait de ma peau jaune un brun distingué, et j’ai teint mes cheveux ; en sorte que je ne réponds pas du tout
— Oh ! Georges, vous jouez là un jeu bien dangereux ! je n’aurais pu prendre sur moi de vous le conseiller.
— Aussi en ai-je pris sur moi seul la responsabilité, » dit fièrement Georges avec le
Nous remarquerons en passant que Georges était fils d’un blanc, et d’une de ces infortunées qu’une beauté exceptionnelle condamne à devenir l’esclave des passions de leurs maîtres, et à mettre au monde des enfants qui ne connaîtront jamais leur père. Descendu d’une des plus orgueilleuses familles du Kentucky, il en avait la finesse de traits et l’esprit indomptable. Il n’avait reçu de sa mère qu’une teinte claire de mulâtre, amplement compensée par l’éclat et le velouté de ses grands yeux noirs. Un léger changement, dans la teinte de sa peau et de ses cheveux, avait suffi pour le métamorphoser en Espagnol, et la grâce de ses mouvements, la distinction de manières qui lui était naturelle, lui avaient rendu facile le rôle hardi qu’il avait adopté.
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« Georges, c’est mal ; je dois vous conseiller, en ami, de ne pas vous jeter dans ces idées-là. Elles sont malsaines, très-malsaines pour les gens de votre sorte. » M. Wilson s’assit devant une table, et se mit à mâchonner nerveusement la poignée de son parapluie.
« Maintenant, monsieur Wilson, dit Georges en s’avançant et s’asseyant résolument en face de lui, regardez-moi, s’il vous plaît. Ne suis-je pas ici un homme tout comme vous ? Voyez ma figure, voyez mes mains, voyez toute ma personne, et le jeune homme se leva d’un air fier. Pourquoi ne serais-je pas un homme aussi bien que qui que ce soit ? Écoutez, monsieur Wilson, ce que j’ai à vous dire. J’avais un père, — un de vos gentilshommes du Kentucky, — qui ne m’a pas jugé digne d’être mis à part de ses chiens et de ses chevaux ; qui n’a pas même songé à me préserver d’être vendu après sa mort pour libérer la propriété. J’ai vu ma mère mise à l’encan, elle et ses sept enfants :
— Et après ?
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« Dieu les confonde ! s’écria-t-il tout à coup. Ne l’ai-je pas toujours dit ! — l’ancienne malédiction infernale ! je ne voudrais pourtant pas jurer ! Eh bien, allez de l’avant, Georges, allez de l’avant ! mais soyez prudent, mon garçon : ne tirez sur personne, Georges, à moins que… mais non… il vaudrait ''mieux'' ne pas tirer, je crois. Moi, je ne ''viserais'' pas, à votre place. Où est votre femme, Georges ? » Il se leva, en proie à une agitation nerveuse, et se promena dans la chambre.
« En fuite, monsieur, — partie avec son enfant dans ses bras ;
— Est-ce possible ? en fuite ! de chez de si bons maîtres, d’une si bonne famille !
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