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34 sesam m Les ms
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ou de parenté, qui, en leur donnant l’occasiou de pas-
ser ou de séjourner auprès d’eux, ont fait choisir
pour les peindre à Mme de Noailles, à Maeterlinck,
à Millet, à. Claude Monet, cette route, ce jardin, ce
champ, ce coude de rivière, plutôt que tels autres.
Ce qui nous les fait paraître autres et plus beaux
que le reste du monde, c’est qu’ils portent sur eux
comme un reflet insaisissable Fimpression qu’ils
ont donnée au génie, et que nous verrions errer
aussi singulière et aussi despotique sur la face
indifférente et soumise de tous les pays qu’il aurait
peints. Cette apparence avec laquelle ils nous `
charment et nous déçoivent et au delà de laquelle
nous voudrions aller, c’e st Kessence même de cette
chose en quelque sorte sans épaisseur, — mirage
arrêté sur une toile, — qu’est une vision. Et cette
brume que nos yeux avides voudraient percer,
c’est le dernier mot de l’art du peintre. Le su-
prême effort de l’écrivain comme de l’artiste n’a-
boutit qu’à soulever partiellement pour nous le
voile de laideur et dïnsignifiance qui nous laisse
incurieux devant 1’univers. Alors, il nous dit :
« Regarde, regarde
<< Pnrfumés de trèfle et d’armoîse, `
« Servant leurs vifs ruisseaux étroits
« Les pays de l’Aisne et de l’Oise. »
« Regarde la maison de Zélande, rose et luisante
comme un coquillage. Regarde! Apprends à voir! »
Et à ce moment il disparaît. Tel est le prix de la
lecture et telle est aussi son insuffisance. C’est
donner un trop grand rôle à ce qui n’est qu’une