« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Flèche » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
mAucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 82 :
un compte exact des effets, de la perspective et des développements de
plans.
</div>
 
[[Image:Fleche.octognale.png|center]]
<div class=prose>
Soit (1) une tour canée ABCD, sur laquelle nous voulons élever une
flèche à base octogonale <i>abcdefgh</i>: nous traçons l'élévation géométrale E
Ligne 94 ⟶ 96 :
et celle-ci même n'a plus en hauteur que trois fois sa base apparente,
qui est le diamètre <i>gc</i>. De plus, les ombres produiront un fâcheux effet
 
[Illustration: Fig. 1.]
 
sur ce couronnement, en donnant toujours à la tour des faces éclairées
qui seront plus étroites que celles de la pyramide; ce qui fera paraître
Ligne 146 ⟶ 145 :
quatre pans (ceux des faces) un peu plus larges (d'un quart) que ceux
des angles.
</div>
 
[[Image:Fleche.cathedrale.Chartres.png|center]]
[Illustration: Fig. 2.]
<div class=prose>
 
La fig. 3 nous donne, en A, le plan d'un huitième de la flèche du
clocher vieux de Notre-Dame de Chartres, au niveau L, et, en B, au
Ligne 162 ⟶ 161 :
ligne inclinée; mais elle n'est pas empâtée à sa souche et laisse deviner
sa forme principale.
</div>
 
[[Image:Plan.fleche.cathedrale.Chartres.png|center]]
[Illustration: Fig. 3.]
<div class=prose>
 
Notre élévation (4), prise entre le niveau L et le sommet des gâbles,
fait ressortir le mérite de cette composition, à une époque où les architectes
Ligne 170 ⟶ 169 :
tard la construction si fréquente des grandes flèches de pierre sur les
tours des églises. Ce tracé nous fait sentir l'étude et le soin que l'on
</div>
[[Image:Fleche.cathedrale.Chartres.2.png|center]]
[Illustration: Fig. 4.]
<div class=prose>
 
<br>
apportait déjà à cette époque dans l'arrangement si difficile de ce point
de jonction entre la bâtisse à base carrée et les pyramides; mais aussi
Ligne 267 :
Suger et leur peu de liaison avec la maçonnerie intérieure, il avait
habilement reporté toutes les pesanteurs en dedans.
</div>
 
[[Image:Plan.fleche.Saint.Denis.png|center]]
[Illustration: Fig. 5.]
<div class=prose>
 
Voici (5) le quart du plan de la partie inférieure de la flèche de Saint-Denis.
En A sont les parements intérieurs de la tour du XII<sup>e</sup> siècle.
Ligne 304 :
la lumière, disposition qui produit un mauvais effet et fait paraître de
travers toute pyramide ou cône se détachant sur le ciel.
</div>
 
[[Image:Fleche.Saint.Denis.png|center]]
<div class=prose>
Jetons les yeux sur la coupe de la flèche de Saint-Denis (7) faite sur
l'un des axes passant par le milieu des lucarnes. Les gâbles allongés A de
Ligne 328 ⟶ 330 :
la flèche sans empêcher l'œil de les suivre, avait quelque chose de hardi
et de fin tout à la fois qui charmait.
</div>
 
[[mage:Coupe.fleche.Saint.Denis.png|center]]
<div class=prose>
Les architectes du XII<sup>e</sup> siècle avaient donné aux flèches en pierre une
 
[Illustration: Fig. 6.]
 
importance considérable, relativement aux tours qui leur servaient de
 
[Illustration: Fig. 7.]
 
base. La flèche du clocher vieux de la cathédrale de Chartres a 60 mètres
de hauteur, tandis que la tour n'a que 42 mètres. La flèche de l'église de
Ligne 372 ⟶ 370 :
exécuté, pauvre de style et terminé tant bien que mal avec hâte
et parcimonie.
</div>
 
[[Image:Plan.fleche.Strasbourg.png|center]]
<div class=prose>
Nous donnons (8) un huitième du dessin de la flèche de Strasbourg
d'après le tracé du XIV<sup>e</sup> siècle. Au moyen de quatre escaliers à jour circonvolutant
Ligne 387 :
entièrement à jour, dans lesquelles les emmarchements gironnant autour
des noyaux, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, permettaient de
[Illustration: Fig. 8.]
 
s'élever rapidement à une grande hauteur, dans un très court espace.
Arrivé aux paliers D (toujours d'après le tracé du projet primitif), on prenait
Ligne 449 ⟶ 446 :
à tous les architectes qui ont eu la charge de terminer ou de continuer
les cathédrales pendant les XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles.
</div>
 
[[Image:Fleche.Strasbourg.png|center]]
<div class=prose>
D'après le projet, les six hexagones formant l'escalier serpentant,
construits au moyen de montants de pierre reliés par des
Ligne 500 ⟶ 499 :
on ne nous saura pas mauvais gré d'avoir en même temps cherché à faire
ressortir les qualités de la conception primitive, d'avoir relevé le mérite
[Illustration: Fig. 9.]
 
de l'artiste, puisque nous nous montrions sévère pour une œuvre évidemment incomplète. Bien d'autres constructions fâcheuses ont détruit
l'unité de conception de la façade occidentale de Notre-Dame de Strasbourg;
Ligne 591 ⟶ 587 :
avant de les enlever pour y substituer la charpente nouvelle, qui, du reste,
est établie d'après le système primitif.
</div>
 
[[Image:Plan.fleche.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Voici en quoi consiste ce système (10): AB,AB étant les quatre piliers
du transsept et CD les faîtages des deux combles se coupant à angle droit;
Ligne 605 ⟶ 603 :
et le roulement de tout le système est arrêté par les contre-fiches croisées
IA, IB.
 
[Illustration: Fig. 10.]
 
Il faut savoir que ces charpentes fort élevées périssent toujours par suite
Ligne 623 ⟶ 619 :
sur un côté, il y a toujours au moins deux piles du transsept qui reçoivent
la charge supplémentaire occasionnée par cette pression.
</div>
 
[[Image:Charpente.fleche.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Examinons, maintenant que ce système est connu, l'application qu'on
en avait fait à Notre-Dame de Paris. Les piles du transsept de la cathédrale
Ligne 639 ⟶ 637 :
poinçons. Deux grandes fermes diagonales IK portent directement quatre
des angles de l'octogone.
</div>
 
[[Image:Charpente.fleche.Notre.Dame.Paris.2.png|center]]
[Illustration: Fig. 11.]
<div class=prose>
 
Nous donnons (12) l'une de ces deux grandes fermes diagonales, qui se
composent d'un entrait armé portant sur le bahut en maçonnerie et
Ligne 647 ⟶ 645 :
piles en contre-bas de ce bahut; de deux arbalétriers CD et de
sous-arbalétriers courbes EF s'assemblant dans le poinçon central, l'arbre de la
 
[Illustration: Fig. 12.]
 
flèche. Les grandes contre-fiches AG sont des moises. Les poteaux principaux
formant l'octogone de la flèche sont triples de H en I, c'est-à-dire
Ligne 668 ⟶ 663 :
temps, faute d'un bon entretien); ce qui a dû contribuer à fatiguer les
arbalétriers qui, alors, avaient à porter toute la charge des poteaux KL.
</div>
[[Image:Charpente.fleche.Notre.Dame.Paris.3.png|center]]
 
[[Image:Charpente.fleche.Notre.Dame.Paris.4.png|center]]
[Illustration: Fig. 13.]
<div class=prose>
 
[Illustration: Fig. 14.]
 
La fig. 13 donne l'enrayure au niveau T, et la fig. 14 l'enrayure
au niveau X.
</div>
 
[[Image:Charpente.fleche.Notre.Dame.Paris.5.png|center]]
[Illustration: Fig. 15.]
<div class=prose>
 
La fig. 15 permet de saisir la disposition des grandes contre-fiches AB
du plan fig. 11. On voit comment ces contre-fiches soutiennent, à leur
Ligne 684 ⟶ 679 :
ces contre-fiches et l'extrémité inférieure des poteaux CH, comment le
triangle GEF présente un système de ferme inclinée résistant à la charge
 
[Illustration: Fig. 13.]
 
des poteaux CH. Si nous reprenons la fig. 11, nous remarquerons que
non-seulement les poteaux qui forment les huit angles de la flèche sont
Ligne 709 ⟶ 701 :
n'ont-ils jamais manqué de l'appliquer dans la construction de leurs flèches
de charpente, et, comme toujours, ils en ont fait un motif de décoration.
</div>
 
[[Image:Charpente.fleche.Notre.Dame.Paris.6.png|center]]
<div class=prose>
La souche de la flèche de Notre-Dame de Paris, bien qu'elle fût
combinée
Ligne 769 ⟶ 763 :
plus en plus faibles d'équarrissage, mais en augmentant cependant, par la
combinaison de la charpente, la force de résistance<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]].
</div>
 
[[Image:Charpente.fleche.Notre.Dame.Paris.7.png|center]]
<div class=prose>
Nous l'avons dit tout à l'heure: les quatre piles du transsept sur
lesquelles repose la flèche de Notre-Dame de Paris ne sont pas plantées
Ligne 792 ⟶ 788 :
forment une pyramide très-allongée, à base octogone; c'est-à-dire qu'en
s'élevant, ces poteaux se rapprochent du poinçon.
</div>
 
[[Image:Charpente.fleche.Notre.Dame.Paris.8.png|center]]
<div class=prose>
Examinons maintenant une des grandes fermes diagonales DE (18). On
voit, en A, les trois entraits superposés, roidis et maintenus d'abord par
Ligne 801 ⟶ 799 :
vient pincer, en E, le pied des trois poteaux des angles de la
flèche. Le
 
[Illustration: Fig. 17.]
 
poinçon central est en F. Les grandes contre-fiches GH tracent la noue
donnée par la rencontre des combles; par conséquent, tout ce qui est
Ligne 818 ⟶ 813 :
le plan de l'enrayure au niveau P de la fig. 18; le tracé AAA celui de
l'enrayure au niveau R, et le tracé A' celui de l'enrayure à la base de la
 
[Illustration: Fig. 18.]
 
pyramide qui termine la flèche au-dessus du second étage à jour. Dans le
tracé AA de la fig. 17, on voit comme s'arrangent les chevronnages
Ligne 852 ⟶ 844 :
quatre autres angles de l'octogone; le point M ne porte que le pied des
contre-fiches qui sont destinées à maintenir les poteaux dans leur plan.
</div>
 
[[Image:Charpente.Notre.Dame.Paris.5.png|center]]
<div class=prose>
La fig. 19 présente l'une de ces fermes BB, qui sert en même temps de
ferme de comble. En A, on voit l'extrémité de la pièce horizontale tracée
Ligne 860 ⟶ 854 :
en
C' celui de la croix de Saint-André C, avec le poinçon.
</div>
 
[[Image:Charpente.fleche.Notre.Dame.Paris.9.png|center]]
<div class=prose>
Maintenant, examinons ce système de souche en perspective (20). En
A, on voit les grands entraits triples des fermes diagonales; en B, la
Ligne 887 ⟶ 883 :
quatre piles du transsept fût enlevée, la charpente resterait debout et
reporterait toutes ses pesanteurs sur les trois piles conservées.
</div>
 
[[Image:Fleche.Notre.Dame.Paris.png|center]]
[Illustration: Fig. 19.]
<div class=prose>
 
Le système d'après lequel a été établi la souche de la flèche de Notre-Dame
de Paris étant bien connu, examinons cette flèche au-dessus du faîtage du comble, c'est-à-dire au-dessus du niveau d'où elle commence à se
 
[Illustration: Fig. 20.]
 
[Illustration: Fig. 21.]
 
détacher sur le ciel (21). Une vue perspective présente, du côté droit, la
flèche dépourvue de sa décoration, et, du côté gauche, la flèche décorée.
Ligne 972 ⟶ 963 :
nécessaire, ce n'est plus un art, mais une parure sans raison, une affaire
de mode ou de vanité.
</div>
 
[[Image:Fleche.eglise.Orbais.png|center]]
<div class=prose>
Nous donnons (22) un exemple de ces flèches entièrement revêtues d'ardoises,
élevée, comme celle de Notre-Dame de Paris, à la rencontre des
Ligne 987 ⟶ 980 :
perspectif. Le corps de la flèche, la pyramide, les pinacles et les lucarnes
sont couverts d'ardoises petites, épaisses, clouées sur de la volige de
 
[Illustration: Fig. 22.]
 
chêne. Il y a des lames de plomb dans les noues. Cet édifice, si simple,
est d'un effet charmant, à cause de ces saillies, et surtout à cause de
Ligne 1 003 ⟶ 993 :
combles au sommet de la flèche. Ce système présentait une grande
solidité.
</div>
 
[[Image:Fleche.eglise.Eu.png|center]]
<div class=prose>
Soit (23) AB deux des quatre points d'appui du transsept, des fermes
inclinées ABC forment les faces d'une pyramide à base carrée. La projection
Ligne 1 031 ⟶ 1 023 :
de l'abbaye, nous donne le complément de la flèche et son système de
décoration qui ne manquait pas d'élégance.
</div>
 
[[Image:Fleche.eglise.Eu.2.png|center]]
<div class=prose>
La fig. 24 reproduit l'aspect géométral de la flèche d'Eu, revêtue de sa
plomberie et de sa couverture en ardoise, la plomberie n'étant appliquée
Ligne 1 041 ⟶ 1 035 :
dénaturée par des restaurations successives, mais qui présente cependant
encore une assez bonne silhouette. Elle est complétement ajourée de la
[Illustration: Fig. 23.]
 
lanterne au faîte, et cette lanterne est d'un bon style du XV<sup>e</sup> siècle. Le
 
[Illustration: Fig. 24.]
 
défaut de ce couronnement, c'est d'être trop grêle pour la souche en
maçonnerie qui lui sert de base; elle s'y relie mal, et la trop grande
Ligne 1 094 ⟶ 1 082 :
admise, ces maîtres en ont tiré le meilleur parti possible; mais le principe
est vicieux.
</div>
 
[[Image:Charpente.cathedrale.Amiens.png|center]]
<div class=prose>
La fig. 25 fait voir, en perspective, cette plate-forme ou plutôt
cette
Ligne 1 104 ⟶ 1 094 :
Notre-Dame de Paris, l'octogone de la flèche a ses angles dans les noues
et dans l'axe des combles se croisant.
</div>
 
[[Image:Fleche.cathedrale.Amiens.png|center]]
[Illustration: Fig. 25.]
<div class=prose>
 
Si nous prenons une des fermes de flèche perpendiculaires aux
côtés du carré, nous obtenons la fig. 26. Le poinçon, l'arbre central
Ligne 1 130 ⟶ 1 120 :
quelque peu plongé, particulièrement du côté opposé à l'action des vents
d'ouest, car on observera qu'ici les pesanteurs des poteaux ne sont pas
 
[Illustration: Fig. 26.]
 
réparties, comme dans la charpente de Notre-Dame de Paris, sur plusieurs
points, mais agissent directement à leur pied. Il y a donc toujours
Ligne 1 138 ⟶ 1 125 :
les vents d'ouest sont les plus fréquents et les plus violents, surtout à
Amiens.
</div>
 
[[Image:Fleche.cathedrale.Amiens.2.png|center]]
<div class=prose>
L'ensemble du système s'est incliné vers l'est, et on a dû, peu après la
construction, ajouter de ce côté une longue contre-fiche qui vient porter
Ligne 1 162 ⟶ 1 151 :
C'est là une règle dont les architectes du moyen âge ne se sont pas
départis dans la construction de ces sortes d'édifices.
</div>
 
[[Image:Fleche.cathedrale.Amiens.3.png|center]]
<div class=prose>
La silhouette de la flèche de Notre-Dame d'Amiens est heureuse; il ne
manque à cette œuvre de charpenterie que d'être sur un monument moins
Ligne 1 184 ⟶ 1 175 :
seule de cette dimension qui existe encore en France. Son poids est
compris le plomb, de 500,000 kilogrammes. Sa hauteur, au-dessus du
[Illustration: Fig. 28.]
 
faîtage (niveau B) jusqu'à la pomme, était de 47 mètres; elle n'est plus
 
[Illustration: Fig. 27.]
 
aujourd'hui que de 45 mètres. Les bois sont d'une belle qualité, essence
de chêne. Autrefois la plomberie était peinte et dorée; on voit de