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{{TitrePoeme|[[Les Fleurs du mal]]|Charles Baudelaire|}}
[[Category:Poésie|Les litanies de Satan]]
[[Category:XIXe siècle|Les litanies de Satan]]
'''CXX.
<pre>
O toi, le plus savant et le plus beau des Anges,
Dieu trahi par le sort et privé de louanges,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
O Prince de l’exil, à qui l’on a fait tort,
Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui sait tout, grand roi des choses souterraines,
Guérisseur familier des angoisses humaines,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits,
Enseignes par l’amour le goût du Paradis,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
O toi qui de la Mort, ta vieille et forte amante,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !▼
▲Engendras l’Espérance, - une folle charmante!
▲O Satan, prends pitié de ma longue misère!
Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut
Qui damne tout un peuple autour d’un échafaud.
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui sais en quels coins des terres envieuses
Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi dont l’oeil clair connaît les profonds arsenaux▼
Où dort enseveli le peuple des métaux,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi dont la large main cache les précipices
Au somnambule errant au bord des édifices,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui, magiquement, assouplis les vieux os
De l’ivrogne attardé foulé par les chevaux,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui, pour consoler l’homme frêle qui souffre,
Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui poses ta marque, ô complice subtil,
Sur le front du Crésus impitoyable et vil,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Toi qui mets dans les yeux et dans le coeur des filles▼
Le culte de la plaie et l’amour des guenilles,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Bâton des exilés, lampe des inventeurs,
Confesseur des pendus et des conspirateurs,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
Père adoptif de ceux qu’en sa noire colère
Du paradis terrestre a chassés Dieu le Père,
O Satan, prends pitié de ma longue misère !
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<center>'''Prière'''</center>
<pre>
Gloire et louage à toi, Satan, dans les hauteurs
Du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs
De l’Enfer, où, vaincu, tu rêves en silence !▼
▲De l’Enfer, où, vaincu, tu rêves en silence!
Fais que mon âme un jour, sous l’Arbre de Science,
Près de toi se repose, à l’heure où sur ton front
Comme un Temple nouveau ses rameaux s’épandront !▼
▲Comme un Temple nouveau ses rameaux s’épandront!
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