« Les Fleurs du mal (1861)/L’Héautontimorouménos » : différence entre les versions

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{{TitrePoeme|[[Les Fleurs du mal]]|Charles Baudelaire|}}
 
'''LXXXIII. - L’Héautontimorouménos'''
 
''A J. G. F.''
 
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A J. G. F.
 
Je te frapperai sans colère
 
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
 
Comme Moïse le rocher!
 
Et je ferai de ta paupière,
 
Pour abreuver mon Saharah,
 
Jaillir les eaux de la souffrance.
 
Mon désir gonflé d’espérance
 
Sur tes pleurs salés nagera
 
Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeurcœur qu’ils soûleront
 
Et dans mon coeur qu’ils soûleront
 
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !
 
Comme un tambour qui bat la charge!
 
Ne suis-je pas un faux accord
 
Dans la divine symphonie,
 
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?
 
Elle est dans ma voix, la criarde !
Qui me secoue et qui me mord?
C’est tout mon sang, ce poison noir !
 
Elle est dans ma voix, la criarde!
 
C’est tout mon sang, ce poison noir!
 
Je suis le sinistre miroir
 
Où la mégère se regarde.
 
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
 
Je suis le soufflet et la joue!
 
Je suis les membres et la roue,
 
Et la victime et le bourreau!
 
Je suis de mon coeurcœur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
 
- Un de ces grands abandonnés
 
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !
 
Et qui ne peuvent plus sourire!
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