« La Belle-Nivernaise/Chapitre I » : différence entre les versions

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Pas d’équipages dans la rue, de falbalas, ni de flâneurs sur les trottoirs, mais des marchands de quatre saisons criant le rebut des Halles, et une bousculade d’ouvriers sortant des fabriques, la blouse roulée sous le bras.
 
 
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C’est le huit du mois, jour ou les pauvres payent leur terme, où les propriétaires, las d’attendre, mettent la misère à la porte.
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Et pas même une botte de paille pour emballer tous ces pauvres meubles estropiés, douloureux, las de dégringoler les escaliers crasseux et de rouler des greniers aux caves!
 
 
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La nuit tombe.
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Son énorme figure de marinier honnête, toute rougeaude et couturée, s’épanouit dans un large rire qui secoue ses boucles d’oreilles.
 
 
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«Affaire conclue, père Dubac, vous m’achetez mon chargement de bois au prix que j’ai dit.
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Et le père Louveau, de plus en plus gai, sourit au comptoir de zinc qu’il aperçoit au travers d’un brouillard et qui le fait songer à la pile d’écus qu’il empochera demain en livrant son bois.
 
 
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Une dernière poignée de main, un dernier petit verre et l’on se sépare.
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Non! c’est un petit enfant assis sur une chaise de bois, les cheveux ébouriffés, les joues pleines de confitures, qui se frotte les yeux avec les poings.
 
Il pleure.
Il pleure. Les larmes, en coulant, ont tracé des dessins bizarres sur sa pauvre mine mal débarbouillée.
 
 
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Il pleure. Les larmes, en coulant, ont tracé des dessins bizarres sur sa pauvre mine mal débarbouillée.
 
Imperturbable et digne comme s’il interrogeait un prévenu, l’agent questionne le marmot et prend des notes.
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Alors une femme qui passait, une femme du peuple, très laide, très sale, traînant deux enfants après elle, sortit du groupe et dit au gardien:
 
 
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«Laissez-moi faire.»
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Tout ce qu’on pouvait dire, c’est qu’ils habitaient là depuis un mois, qu’ils n’avaient jamais payé un sou, que le propriétaire venait de les chasser, et que c’était un fameux débarras.
 
 
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«Qu’est-ce qu’ils faisaient?
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Une jolie famille, comme vous voyez.
 
 
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«Croyez-vous qu’ils viendront chercher leur enfant?
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«Un instant! si personne n’en veut, je le prends, moi.»
 
 
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Et comme la foule poussait des exclamations:
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«Eh bien! quoi? C’est tout simple.»
 
Puis les curieux l’accompagnèrent chez le commissaire de police, sans laisser refroidir son enthousiasme.


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Là, selon l’usage en pareil cas, on lui fit subir un interrogatoire.
 
«Votre nom?
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— Mais si… Mais si… C’est pour faire voir à monsieur le commissaire… Je l’entortille comme ça, et puis, quand j’ai la mesure, je multiplie, je multiplie… Je ne me rappelle plus par quoi je multiplie… C’est ma femme qui sait le calcul. Une forte tête, ma femme.»
 
 
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La galerie s’amusait énormément, et M. le commissaire lui-même daignait sourire derrière sa table.
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— Si j’en ai! Une qui marche, une qui tette et un qui vient. Pas trop mal, n’est-ce pas, pour un homme qui n’est pas un aigle? Avec celui-là ça fera quatre, mais bah! quand il y en a pour trois, il y en a pour quatre. On se tasse un peu. On serre sa ceinture, et on tâche de vendre son bois plus cher.»
 
 
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Et ses boucles d’oreilles remuaient, secouées par son gros rire, tandis qu’il promenait un regard satisfait sur les assistants.
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«Emmenez le petit, François Louveau, et élevez-le bien. Si j’apprends quelque chose à son sujet, je vous tiendrai au courant. Mais il n’est pas probable que ses parents le réclament jamais. Quant à vous, vous m’avez l’air d’un brave homme, et j’ai confiance en vous. Obéissez toujours à votre femme. Et au revoir! Ne buvez pas trop de vin blanc.»
 
 
[[Image:Alphonse Daudet - La Belle Nivernaise - Chapitre I - Image 14.JPG|center|150px|Image 14 - Chapitre I]]
 
 
 
La nuit noire, le brouillard froid, la presse indifférente des gens qui se hâtent de rentrer chez eux, tout cela est fait pour dégriser vivement un pauvre homme.
 
A peine dans la rue, seul avec son papier timbré en poche et son protégé par la main, le marinier sentit tout d’un coup tomber son enthousiasme; et l’énormité de son action lui apparut.
 
 
[[Image:Alphonse Daudet - La Belle Nivernaise - Chapitre I - Image 15.JPG|center|150px|Image 15 - Chapitre I]]
 
 
 
Il serait donc toujours le même?
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C’est terrible une femme de tête pour un pauvre homme qui a le cœur sur la main.
 
 
[[Image:Alphonse Daudet - La Belle Nivernaise - Chapitre I - Image 16.JPG|center|150px|Image 16 - Chapitre I]]
 
 
 
Jamais il n’oserait rentrer chez lui.