« Le Théâtre des marionnettes de Nohant (Le Temps) » : différence entre les versions
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De toutes les manières de
campagne ou dans les salons, la plus émouvante
et la plus artiste est certainement le
théâtre
il met en jeu toutes les volontés et en lumière
toutes les aptitudes des personnes qui
une étude de plastique pour les jeunes gens
des deux sexes. Durant les longues soirées
de créer pour ma famille un théâtre renouvelé
de
''
improvisé suivait un canevas écrit affiché
dans la coulisse.
Cela ressemblait aux charades que
joue en société et qui sont plus ou moins développées
selon
y apporte. Nous avions débuté par là. Peu à
peu le mot de la charade disparut et
drames à événements et à émotions. Le tout
avait commencé par la pantomime, et ceci
avait été de
piano et improvisait, tandis que les jeunes
gens mimaient des scènes et dansaient des
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gracieux au passionné. On improvisait des
costumes afin de jouer successivement plusieurs
rôles. Dès que
il adaptait merveilleusement son thème
et son accent à leur caractère. Ceci se renouvela
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partant pour Paris, nous laissa tout excités,
tout exaltés, et décidés à ne pas laisser
perdre
Je ne raconterai pas ici
théâtre improvisé. Je dirai celle du théâtre
des marionnettes de Nohant qui a marché à
côté et qui a fini par prendre un développement
complet, tandis que
faute
nous remplissions des rôles, et où, pendant
des années, nous ne voulûmes point de spectateurs,
comédie est le plus vif amusement de la vie
intime, elle exige un concours de circonstances
qui ne se créent pas à volonté et une réunion
y prendre part. Le théâtre toujours possible
est celui des marionnettes, parce
réclame peu
une seule personne, deux tout au plus, pour
manier les personnages et tenir le dialogue.
Il est donc à la portée de quiconque a de
ou de la faconde, du talent ou de la gaieté,
et si
peut prendre des proportions singulièrement
intéressantes.
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de notables perfectionnements, et nous voulons
donner au public tous les petits secrets
du métier.
toute
vus naître et qui sont devenus pour nous
de véritables personnages associés à toutes
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vie intime.
Disons, avant tout, ce que
et quelle place elle tient dans
de
La marionnette
peuple pense. » Il y a là en effet tout un art
spécial, non pas seulement nécessaire dans
la confection et
représente
dans la fiction plus ou moins littéraire
Tout le monde connaît
ouvrage que M. Magnin, de
publié
Deux-Mondes, puis en un volume (chez Lévy,
1852).
''en Europe, depuis
''jours'', mais
européen, car ces deux modes de représentation
scénique ont toujours été contemporains,
leur commune origine se perd dans la nuit
du passé, et ils ont suivi les mêmes destinées,
ou délaissés,
persécution religieuse ou les malheurs publics.
En tout temps, ils ont répondu à un
besoin impérissable de
fiction, et
de
de
exploits de la chevalerie, féeries de la renaissance,
drames et galanteries des temps modernes.
Ils ont présenté aux regards, sous le
relief de la rampe, toutes les rêveries de
La marionnette obéit sur la scène aux mêmes
lois fondamentales que celles qui régissent
le théâtre, en grand.
temple architectural, immense ou microscopique,
où se meuvent des appétits ou des
passions. Entre le Grand-Opéra et les baraques
des Champs-Élysées, il
morale. Le Méphisto de Faust est le
même Satan que le diable cornu de Polichinelle.
Polichinelle, Faust, Don Juan ne sont-ils
pas le même homme, diversement influencé
par
l’esprit ?
Il
scène est un acte qui réclame autant de soin
et de savoir que celui
acteurs. Les procédés ont même des
points de ressemblance. Les gens qui ne
sont ni de
généralement que tous les mouvements et
toutes les intonations
à la représentation. Ils ne savent pas
que le long et minutieux travail des répétitions
consiste à emprisonner, à garrotter
dans la convention de son rôle avec une
précision automatique.
La longue histoire des marionnettes prouve
par la volonté de
parler, deviennent des êtres humains bien ou
mal inspirés pour nous émouvoir ou nous divertir.
Tout le drame est dans le cerveau et
sur les lèvres de
leur donne la vie. Il
que certains maîtres en
aient passionné beaucoup de lettrés, et que
de grands esprits aient, ou travaillé pour
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séculaires de leurs répertoires. M. Magnin
nous apprend, et nous prouve par des
citations,
comme on en trouve dans ces chansons
populaires dont les auteurs sont restés inconnus.
La marionnette est
qui tantôt se résume en une tête et des
mains de bois adaptées à un sac
devient un objet
mécanicien, du sculpteur, du peintre et du
costumier. Les marionnettes à corps entier
dont les articulations sont mues par des fils,
ne devraient pas être confondues, comme
fait M. Afagnin, avec les automates proprement
dits, dont le mérite appartient exclusivement
à
parlantes
mains de nos enfants et qui ne sont pas, disons-le
en passant, une médiocre invention.
Pourtant, comme les enfants seront toujours
des enfants,
de petites femmes qui obéissent au besoin
mécaniques les étonnent plus
amusent. Quand la surprise est passée,
au bout
brisé
ou il le délaisse, préférant les poupées ou
les animaux articulés
guise et faire crier ou parler par sa propre
voix.
première catégorie, les véritables ''guignols''
ou ''burattini'', qui
qui, vues à mi-corps, remuent les bras dont
les manches vides sont remplies par le pouce
et le médius de
soutient la tête, sont et seront toujours plus
animées et plus amusantes que celles qui
obéissent au système des fils et des ressorts.
Je ne veux pas dire de mal des ''fantoccini'' italiens
que
réciter des tragédies et danser des ballets
avec une précision de gestes et de pas vraiment
extraordinaire. Mais un tel spectacle est déjà
très compliqué il exige une troupe
qui sont en même temps ''recitanti'', hommes
et femmes ; et,
on regrette de ne pas les voir en scène à la
place de leurs figurines aux gestes trop précis,
aux physionomies inertes.
Nous avons toujours cru
de créer, en petit, un théâtre dont une seule
personne, serait
et la vie. Ce problème semblait tout réalisé
déjà par les guignols des baraques, dont la
verve et la gaîté ont le monopole de la place
publique. Mais, à ces divertissements élémentaires,
ne pouvait-on ajouter
la poésie ou la réalité du décor, le
mérite ou le charme littéraire ? Avec des
moyens aussi simples que la marionnette
sans jambes, vue à mi-corps, pouvait-on obtenir
lazzis de Polichinelle ?
et voici comment il a été résolu par
mon fils Maurice Sand que
tout court,
''monsieur'' sous ma plume.
avec
camarade à
sans autre public que moi et Victor Borie
alors journaliste en province, Maurice installa
une baraque de marionnettes dans notre
vieux salon. Nous venions
pour jouer en famille la comédie improvisée
(Voir ''masques et bouffons, Maurice''
''Sand''). La troupe
de nous se consacrèrent à charmer les longues
soirées
La première représentation
pas lieu sur un théâtre.
une chaise dont le dos tourné vers les spectateurs
était garni
et
agenouillés. Deux bûchettes, à peine dégrossies
et emmaillottées de chiffons, élevèrent
leur buste sur la barre du dossier, et un dialogue
très animé
pas un mot, mais il dut être fort plaisant,
car il nous fit beaucoup rire, et nous
demandâmes tout de suite des figurines peintes
et une scène pour les faire mouvoir.
Ce théâtre se composa
garni
taillés dans une souche de tilleul, M. Guignol,
Pierrot, Purpurin, Combrillo, Isabelle,
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monstre vert. Je réclame la confection du
monstre dont la vaste gueule, destinée à engloutir
Pierrot, fut formée
pantoufles doublées de rouge, et le corps
ce monstre, qui existe encore et qui
de porter le nom de monstre vert, a toujours
été bleu. Le public nombreux qui depuis
vu fonctionner, ne
On joua des féeries, les deux jeunes artistes,
habitués déjà à
si comiques que les deux spectateurs, à
les engagèrent à augmenter la
troupe et à soigner le décor. Ils répondirent
que le théâtre était trop petit et ne comportait
fond. On verrait
Il ne fut pas possible
Victor Borie voulant représenter un incendie,
incendia pour tout de bon le théâtre, et il
fallut en construire un autre dont les dimensions
furent doublées. Dans le courant de
on joua sept pièces. ''Pierrot libérateur'',
''Serpentin vert, Olivia, Woodstock'', le ''Moine'',
le ''Chevalier de Saint-Fargeau'', le ''Réveil du''
''lion''.
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En 1848 on en joua une douzaine. On apportait
toujours le châssis au salon, après
le dîner ; on dressait le décor et on constatait
chaque soir un nouveau progrès.
Cromwell, Léon Lacroix, Valsenestre, Cléanthe,
Louis, Rose, Céleste, Ida et Daumont
avalent vu le jour, et, à peine sortis de la
bûche, avaient paru sur la scène avec
de vieux comédiens. On avait amélioré
sans risque
Mais le système était encore trop imparfait
pour
Et puis on jouait encore la comédie improvisée
plus souvent et plus volontiers que
les marionnettes. Ce qui
soirées
Chacun lisait à son tour pendant que les autres
travaillaient aux costumes ou à la sculpture des
figurines. Nous achevions les ''Girondins de''
''Lamartine'', quand, par une préoccupation très
naturelle ; Maurice et Lambert eurent
de représenter toute la révolution française
en une série de pièces, conçue comme un roman
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vie de campagne et nous dispersa de nouveau.
En 49, on se remit à
composée de 17 personnages
une petite pièce voûtée qui servait de garde-meuble
et que dans mon enfance on appelait
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49, elle fut nettoyée, restaurée et classiquement
consacrée « aux muses ». Un ou deux
ans plus tard on perça un gros mur, où
pratiqua une arcade, la salle des marionnettes
devint la loge
bien placées sur une estrade qui se
démontait et se remettait en peu
au-delà de
pièce assez élevée pour
théâtre des acteurs vivants, et dont on enleva
le billard pour établir un second plancher.
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le luminaire sur la face du mur qui regardait
le théâtre, et le spectateur assis dans
et la profondeur des objets exhibés devant
lui. On avait obtenu un effet de diorama,
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Quant aux marionnettes, leur théâtre établi
dans la partie de la ''salle des archives'',
qui ne faisait point face à
et intact derrière une cloison mobile
qui en masquait entièrement la façade. Quand
on le rouvrit, on lui appliqua le même système
à demeure étant solide, on établit une
rampe et des montants cachés à
et munis de puissants réflecteurs. Plus
tard on mit une herse dans les frises, et plus
tard encore, on en ajouta deux autres au milieu
et au fond, si bien que la scène fut
éclairée comme celle
se permettre un grand luxe de décors dont
il fut permis de régler
besoins de
de rendre la lumière rouge ou bleue par là
moyen des verres de couleur et des transparents,
mais on ne
On voulut avoir le soleil, la lune, les étoiles,
et le reflet des astres dans les eaux. Maurice
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et descendre derrière, frisant la toile, une
boîte de lanterne magique dont la lentille
fut réglée selon
moyen
également le mouvement et dont on éteignit
le bruit, on eut le lever ou le coucher du
soleil et de la lune relativement aussi muets
et aussi lents que dans la réalité. Il ne
que de monter la machine avant le lever
du rideau et de la faire marcher au moment
nécessaire. Le changement de lumière sur la
scène fut obtenu par des ficelles dont
se sert avec la plus grande facilité sans
interrompre son dialogue. Tout cela exigea
fonctionne au gré de
lanterne à lumière électrique lui permet
les apothéoses. Disons, pour finir
ce qui a trait à
des effets de théâtre,
point de lustre dans la salle. Quelques bougies
placées contre la muraille du fond, derrière
le spectateur, suffisent pour lui faire
trouver sa place, et tout
luminaire dont il
se concentre sur le théâtre.
scène la magie et la profondeur
point. Les Italiens savent bien que les salles
doivent être sombres pour que la scène soit
lumineuse, et que
voir quand la clarté
près et de tous côtés. Mais les Français, les
Françaises surtout, vont au théâtre pour se
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le marché.
Les progrès obtenus par Maurice dans
personnes, les merveilles du théâtre à une
bonbonnière, furent souvent interrompus par
avions des loisirs, ce qui
ans, le ''Grand-Théâtre'', comme nous
par antithèse forcée, bien
aussi, nous occupait davantage ;
mais dans le soin que nous apportions à nos
costumes, à notre mise en scène et à
que nous prenions
le dialogue, le don de faire agir et parler
des marionnettes ne se perdait pas chez
nos jeunes artistes. En 1848 et 49, ils nous
avaient joué dix-huit pièces nouvelles. En
1854, Thiron,
débuta chez nous, non-seulement
dans la comédie improvisée, mais encore au
théâtre des marionnettes et fut éblouissant
Lambert, très brillant aussi et très
finement original, reprit ensuite son emploi.
Puis Alexandre Manceau
et Thiron encore. Plus tard Victor
Borie, Sully Lévy, Edouard Cadol,
Ligne 464 :
mise en scène, la convention des canevas et
la récitation des marionnettes. Avec gens qui
ont de
ces représentations ne fussent pas
divertissements. De 1854 à 1872, il y en eut
environ cent vingt. Et puis Maurice travailla
et opéra tout seul et
entra dans une voie nouvelle qui
sans doute pas son dernier mot, mais qui est
la voie
aborder des genres
moyens
En effet, la marionnette classique, tenue
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Ses mouvements souples ont de la gentillesse,
mais ses gestes sont désordonnés
et le plus souvent impossibles.
donc un personnage impropre aux rôles
sérieux, et il avait fallu tout le talent
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de mélodrame ou des pièces bouffonnes.
Les titres de quelques-unes en font foi,
comme ''Oswald
''vert'', ''Sang'', ''Sérénades et bandits'', ''Robert''
''le maudit, Les sangliers noirs, Une femme''
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''Ferrare'', le ''Spectre chauve, Pourpre et sang'',
''Les Lames de Tolède, Roberto le bon voleur'',
''dans un cœur de bronze'', le ''Cadavre récalcitrant'',
etc. Les sujets bouffons étaient souvent
Ligne 502 :
ou singulier, la visite de quelque personnage
absurde, un intrus dont on faisait la
charge sans
thème à la pièce établie en canevas en quelques
heures et jouée quelquefois le soir même.
Nous avons du à ce charmant petit théâtre
des distractions bienfaisantes, des soirées
La dispersion de la famille et la difficulté
de se réunir, la mort de quelques amis bien
chers qui avaient brillé sur notre grand
théâtre (Bocage y avait joué, et
moins célèbres) enfin le manque de temps
pour les loisirs avaient amené la suspension indéfinie
de la ''comedia
seules nous restaient, et mon fils, à mesure
que ma vie se fixait davantage à la campagne,
tenait à
si nécessaires à ceux qui la cultivent
pour leur compte et qui
de leur propre contention
était seul la plupart du temps.
travail ou du mariage était venue pour ses
jeunes associés. Nous avions de jeunes enfants
la charge exclusive eût été, ou incompréhenble,
ou
naissant. Il fallait un théâtre plus châtié et
dès lors une plus fidèle observation des
lois de la scène. Ceci paraissait impossible,
car on
ainsi rendues par un seul opérant ne peuvent
être
scènes à deux personnages. Avec un compère,
on ne pouvait dépasser le nombre de quatre,
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comiques, présentait un rangée de têtes immobiles
sur des robes flasques, avec des bras
pendants du plus piteux aspect.
une apparition de pendus. Rien de plus
impossible à prendre au sérieux que la marionnette
quand elle
la main humaine, et les dimensions du
théâtre permettaient pas la liberté
de plus de deux opérants.
Ces dimensions, qui, chez nous, ne sont pas
tout à fait ce
devraient être quant au cadre de la
scène
en largeur ce seraient les plus grandes
taille de la figurine,
ses mains et son buste, qui représentent sa
hauteur fictive, 70 centimètres. Plus petite,
la tête ne se verrait
rapprochée. Plus grosse elle fatiguerait le
doigt qui la supporté et serait trop accentuée
pour produire
toujours en mouvement. Tant
elle parait vivante. Elle doit être sculptée
avec soin, mais assez largement ; trop fine
elle devient insignifiante, Elle doit être peinte
à
cheveux et de vraies barbes. Les yeux peuvent
être en émail comme ceux des poupées.
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noir, rond et bombé pour prunelle.
Ce clou verni reçoit la lumière à chaque
mouvement de la tête et produit
complète du regard. Il peut faire aussi
léger trait de pinceau trempé dans le cobalt
dans ce cas, il faut faire la pupille avec un
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en bois ; en porcelaine elles se casseraient
trop vite. Ils les faut nécessairement assorties
à
Celles qui sont
préférables à des mains très finies dont la position
étendue ou fermée frapperait par son
immobilité. Il faut
réalité ni fermées ni ouvertes, et que par
leur aspect un peu vague, et grâce au mouvement
qui les anime sans cesse, elles échappent
à
détail.
On voit que, malgré
mon fils avait toujours eu de grandes difficultés
à vaincre pour éviter les scènes à cinq
personnages ou pour les obtenir. On ne pouvait
pas asseoir la marionnette et
sans que sa tête fût fixée à son siège. À
cet effet, le siège était muni
un piton était caché dans la chevelure de la
marionnette ; mais il fallait une grande adresse
pour faire entrer vite le crochet, et quelquefois
le personnage
sur son siège sans parvenir à se fixer.
donc ? lui demandait un autre personnage,
êtes-vous souffrant ?
le patient condamné à
une maladie grave
tous sujets». Dès lors, si un récitant
dans le scénario et
sa réplique, les autres personnages lui demandaient
si, lui aussi, avait ''le piton''. Pendant
longtemps, avoir ''le piton'',
manquer de mémoire, fut une locution consacrée
dans les coulisses de
les acteurs avaient vu ou fait jouer nos marionnettes.
Le souffleur surtout la connaissait,
lui qui était forcé
piton.
En outre de ces difficultés, il arrivait souvent
que
vide pour introduire les mains dans de nouveaux
personnages ou pour préparer quelque
accessoire ;
nom
maladresses,
composition littéraire qui consistent à
laisser le théâtre vide. Nos spectateurs étaient
prévenus que les loups nous étaient nécessaires.
nommer le théâtre, Théâtre des loups, pour
couper court à toute récrimination. Mon fils
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de les tenir debout ou accrochés, les quelques
répétitions auxquelles ses associés devaient
la pièce, enfin se passer
sur le premier plan du théâtre deux
traverses à coulisseaux glissant dans des
rainures, et, dans ces coulisseaux, des
trous où
de fer en spirale dont chaque extrémité est
garnie
dans le cou du personnage et remplace le
doigt de
le trou du coulisseau. Au moyen de la double
traverse, les personnages en scène peuvent
être aussi nombreux
peut passer derrière ou devant les autres
pour être au premier ou au second rang. Les
fauteuils, les trônes, les tables, les divans
sont portés : par
qui partent des côtés et se plient ou se
déplient suivant les besoins de la mise en
état<ref>On appelle mise en état
meubles et accessoires nécessaires à la mise en
scène.</ref>. De semblables rainures pour
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avec le même système de coulisseaux sont
établies au fond et permettent la présence
décors si ceux de
pas. En résumé
les intervalles permettent à
de
main sous leur vêtement pour mettre ses
doigts dans les manches et faire mouvoir les
bras, de les tirer du coulisseau pour les faire
marcher, danser, sortir, se coucher ou
Ils
le support entrant dans le trou du
coulisseau qui porte le siège ils peuvent se
mettre au lit, se soulever, se lever, se recoucher
sans
on le retire sans que personne
Au moyen de ces traverses et de ces coulisseaux
dans les décors à plusieurs plans, on
introduit une foule, une armée, un corps de
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coulisseau, par bandes de trente ou quarante
comparses à la fois. Il y en a pour les
derniers plans qui
de haut et
arrive aussi
un personnage du fond
Il suffit de lui substituer rapidement à
chaque plan une poupée plus grande à mesure
ce truc si simple est
peut être réalisée que par les marionnettes.
Un spectre se compose de cinq à six poupées
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traversent chacune un plan de ruines ou
descendent de terrasse en terrasse en se succédant
arrive sur le devant de la scène dans sa
dimension normale.
Toute cette machination obtenue par des
moyens
ce qui est impossible ailleurs et manier
le fantastique bien au delà de ce que
comportent les théâtres
mécanique peut obtenir plus de précision,
mais
quelle que soit la récitation qui accompagne
et explique le mouvement des figures.
durant les fêtes du Redentore, à Venise, des
drames de chevalerie exécutés par de merveilleux
automates.
machines, des chevaliers
haut se livrant à des combats équestres, des
dames ruisselantes
le prix au vainqueur, des pages sonnant
du cor sur le haut des tours, que sais-je ?
Mais des vers du Tasse ou de
braillés dans la baraque pour expliquer
et ce
les jouissances de
La vraie marionnette doit être, je le dis
encore, dans la main de
Quand Maurice fait parler les siennes dans
une scène de fond, il laisse glisser le support
et les fait mouvoir à la manière classique qui
est la meilleure. Quand elles ne sont plus que
spectateurs de
en plaçant de temps en temps une réplique,
il les réintègre sur le support et ne
plus
doigts dans les manches lorsque vient leur réplique.
Il les retire pour passer à un autre et
peut animer ainsi plusieurs groupes prenant
part à la même action. Pour aider à la rapidité
du dialogue, il y a encore
fort simples. Un personnage
mot ou deux à lancer dans une scène à plusieurs.
Un fil de sole est passé à son bras et
dans un piton imperceptible caché dans son
nœud de cravate en tirant le fil on obtient
un geste suffisant ; ces détails sont essentiels,
car la marionnette qui ne remue pas les lèvres,
doit remuer le corps pour avoir
parler ; grâce à son support légèrement élastique,
il suffit de souffler dessus pour lui imprimer
le mouvement.
Ligne 770 :
plus de deux à la fois, il fallait obtenir de
la marionnette une attitude convenable quand
elle est au repos, et
commencer. Ceci fut
passionnée entre mon fils et moi. Je ne prévoyais
pas les heureuses innovations
méditait et je fus vivement contrariée quand
il
épaules et une poitrine en carton.
très bien exécuté, admirablement modelé,
garni de peau, et peint
qui permettait à nos femmes de porter des
corsages ajustés et décolletés. Jusque-là nous
Ligne 784 :
épaules. Chargée depuis trente ans de faire
leurs costumes et de les habiller pour la représentation,
et quelquefois des nuits à ce minutieux travail.
Avec le nouveau système il fallait refaire
tous les costumes et il y en avait des caisses
entières.
militaires, des costumes renaissance
ou moyen âge, enfin des habits de cour
Ligne 818 :
Mais ce
Je craignais de ne plus reconnaître nos
chers petits personnages quand ils auraient
un buste, Ils étaient nombreux et tous
type excellent, pouvant exprimer les caractères
qui leur sont, confiés ; mais quelques-uns
nous étaient particulièrement sympathiques
et nous ne nous faisions pas à
voir une autre tournure et
Une représentation qui avait pour sujet
la lutte des acteurs épaulés contre ceux qui
ne
La cuirasse de carton assez courte
par devant et plus courte encore par
derrière, permettait
autant que par le passé et de le
laisser reposer sur son support sans
prît une attitude fâcheuse. Le corps ne
tombait plus comme un parapluie qui se
ferme, les bras ne balottaient plus sur les
flancs avec les mains retournées à
Une nouvelle innovation avait fixé
au corps sous forme de manches aisées
où les doigts,
du personnage, donnaient une apparence de
coude articulé. La marionnette au repos conserve
donc le bras légèrement replié sans
gaucherie et sans efforts. Le support fut
un ''ressort à boudin''; on y renonça
parce que la souplesse et le tremblement
Ligne 852 :
fut adopté. Il suffit à donner aux personnages
un très léger balancement qui se communique
à ceux qui
merveille à la danse.
supprimée, les gestes ne sont plus convulsifs,
à moins
exagérant. On
au burlesque, on a gagné tout ce
empêchait de se produire. On pourrait jouer
des pièces sérieuses si on en avait envie. On
peut, en tout cas, aborder des situations
réel intérêt, sans
attitude ridicule les compromettent.
font le reste, ses personnages portent leurs
sièges pour
ils font un lit en scène, ils prennent un flambeau
ou une lampe sur un meuble pour le
Ligne 873 :
ils ôtent leurs chapeaux et les remettent,
ils se battent en duel, ils valsent et
dansent avec beaucoup de grâce et
En réalité, ils ne prennent rien,
leur est nécessaire leur est présenté au bout
leur mouvement et leur permet de le saisir
en apparence avec une seule main, sans que
Ligne 883 :
Et tout ceci est si bien agencé et réglé, que
ou trois cents personnages
surgir ou disparaître des forêts, des palais
enchantés, démolir des forteresses, incendier
Ligne 907 :
Timbres de plusieurs calibres,
gongs, sifflets, trompettes, cor de chasse,
pluie, vent, tonnerre, grêle, chants
grelots, roulement de voitures, vagues qui
déferlent, tout est rendu à point et rien
omis.
ne pas rompre la proportion qui doit exister
entre ce petit monde fictif et les bruits qui
ou de tonnerre écraserait le décor et les
personnages.
dans tous ces détails produit un phénomène
auquel aucun spectateur
du rideau comme à
personnages, il se rend bien compte
affaire à des marionnettes ; mais bientôt il
oublie de comparer leur stature à la sienne.
La demi-obscurité où il est efface les autres
points de comparaison, la vérité de
qui se produit devant lui le saisit au point
au milieu des personnages, comme il
arrive quelquefois quand
se montre en géant ou en ogre, devient
monstrueuse et véritablement effrayante.
On fait
On peut les utiliser en les choisissant
dans la proportion voulue et en les
si les formes sont défectueuses et
trop crue.
On peut en avoir qui se montent comme
une montre et marchent tout seuls. Mais ils
coûtent fort cher et font moins
ceux
hauteur du plan. Les automates
Les plus vulgaires animaux en bois, corrigés
et repeints, sont préférables. Pour les grands
Ligne 947 :
comme on les fabriquait jadis en osier pour
les fêtes populaires du Midi. Les nôtres sont
en baleine revêtue
en acier ; tous nos anciens jupons-cage, si fort
à la mode ces derniers temps, y ont passé et
ont fourni la souple carcasse
qui sont de véritables objets
d’art.
Il
vite les représentations, car le plaisir est
toujours pris à la volée dans
gens qui travaillent sérieusemeut à autre
chose. Le plus long,
nouvelle, de déshabiller et de rhabiller les personnages,
cela prenait des heures que nous
mieux avoir une troupe habillée une fois
pour toutes, sauf les excentricités imprévues.
jours, Maurice sculptait de temps en temps à
la veillée une vingtaine de personnages nouveaux.
Ligne 971 :
des différents plans. Ce grand nombre de
types et de costumes est nécessaire. Bien plus
que
dans les acteurs
maître du jeu de marionnettes doit se préoccuper
de
de leur regard, de leur sourire, de leur forme
craniale, de leur chevelure, enfin de leur
tempérament particulier, bien plus essentiel
à leur effet que celui de
comédie italienne qui
types élémentaires, on rencontre une foule
de nuances dans
moins, et il se transforme selon le besoin de
son rôle. Le comédien de bois
Il faut
toutes, le type
souvent Maurice hésiter longtemps entre plusieurs
figures dont aucune ne réalisait
et se décider à fabriquer un nouvel acteur
avant de monter sa pièce. Ces cent-vingt-cinq
Ligne 999 :
prêtent à tous les emplois sans jalousie de
métier et sans reculer devant les plus mauvais
rôles, certains
intègre qui leur fera prendre leur revanche
à
doublement chers depuis
charment nos enfants en les instruisant,
car on apprend de tout et partout
quand la substance de
en soi. Nous arrivons à aimer les marionnettes
de Nohant comme nos petites filles aiment
leurs poupées, et, quant à elles, elles
deviennent plus soigneuses et plus maternelles
en voyant ce
de grâce et de sentiment à ces êtres
fictifs. Le lendemain
rejouent la pièce dans tous les coins de la
maison et du jardin avec leurs poupées. Elles
les costument, les disposent et les font
parler avec cette mémoire surprenante des
enfants qui saisit de préférence ce
croyait au-dessus de leur portée. Je me rappelle
combien notre ancienne comédie improvisée
eut de prompts et bons effets
pour éclaircir les idées de nos enfants
les contraignant à suivre le fil
serrée dans la fièvre de leur divertissement.
Je crois que
pour
fond
mais le meilleur des exercices pour amener
mieux pour se manifester davantage.
Examinons maintenant, en racontant toujours,
Ligne 1 037 :
car il y a là une littérature à improviser en
vue des ressources dont un pareil théâtre dispose.
à lui tout seul, les joue mieux
de théâtre stylée à interpréter des pensées
qui ne sont pas les siennes.
la même voix qui parle pour
tous, mais outre que chaque marionnette
accompagne son débit
gestes expressifs,
parfaitement justes du ''récitant'' donnent
un dialogue
pas nécessaire
diapason chaque personnage a bien, comme
dans la réalité, son intonation et sa prononciation
particulières en rapport avec ses tendances
ou ses prétentions personnelles, mais
il faut bien peu
son rôle. Dans les bonnes troupes de
théâtre la récitation tend toujours à
la manière personnelle aurait de trop tranché.
Il en est de même pour les marionnettes ;
les nuances légères sont plus agréables
que les exagérations
même elles se prêtent mieux à la clarté du
dialogue. Mais il ne faut pas oublier que le
maître du jeu improvise et
sa pièce comme un bon lecteur, tranquillement
assis devant son manuscrit avec un
verre
manuscrit placé sur un léger pupitre mobile,
à moins
mémoire ne lui fasse jamais défaut ; mais
encore cette ressource ne lui suffirait pas
nécessaire pour combler des vides inévitables.
La marionnette
qui la dirige aussi passivement que
à la réglementation de la mise en scène. Elle
ne marche pas toute seule, elle ne remue pas
elle peut
peut sortir de son support ou du doigt de
donc fort difficile, sinon impossible, de
tenir à la lettre du texte, et il faut être prêt
à expliquer les accidents. Les vrais acteurs,
quand ces accidents se produisent, ne peuvent
y obvier.
et les plus intelligents rester court et se
décontenancer en scène quand leur interlocuteur
attendu manquait son entrée.
Cela est tout simple,
idées à son service,
mettre son improvisation à la place du texte.
pourraient lui faire un mauvais parti.
Dans son ''castello'', le maître du jeu de marionnettes
a ses coudées franches, il est seul
responsable. Il dit son propre texte et le modifie
à chaque instant.
la même pièce, il y ajoute les mots plaisants
ou énergiques qui lui viennent ou supprime
ceux qui
précédentes. Le propre de
se soumet au canevas, il éprouve le continuel
besoin de changer le dialogue.
même le principal attrait de ce genre de spectacle
sur lequel
forme littéraire propre aux maisonnettes est
donc le canevas écrit avec un dialogue élémentaire
très rapide sur lequel le récitant
peut broder. Quel est en dehors de la scène
voulu le savoir et il nous a paru très original.
En resserrant
nous a été agréable encore. Plus rapide et
plus enlevé que celui qui passe par plusieurs
bouches, ce dialogue concis qui fait contraste
avec les développements de
apporte un mérite de plus au talent net et solide
de
Le grand attrait des marionnettes dans la
vie de campagne,
histoires, romans comiques, merveilleux ou
dramatiques en plusieurs soirées. Plus
est longue, plus
voit avec regret arriver la fin de la série.
faire de chaque acte un chapitre développé
qui remplit la soirée, ou
rapidement enlevés. Me comprendra-t-on
si je dis que ce théâtre est celui des lenteurs
charmantes et que nous préférons ici
minutieuse, à la charpente sobre et au dialogue
concis qui sont de rigueur au véritable
théâtre ? Chaque chose est bonne en son
lieu. La marionnette est bavarde et musarde.
Elle a,
et des yeux étonnés qui semblent faire effort
pour comprendre toute chose, et cette naïveté
Quand un incident du drame la surprend,
sa stupéfaction est éloquente. Quand
elle a trouvé un moyen
on dirait
au spectateur si elle est bonne. Le
jeu ne doit donc pas se presser, car le personnage
a ses ressources particulières, ses
singularités qui amusent les yeux et calment
les impatiences de
au vrai théâtre, les hors-
épisodiques sont ici des flâneries divertissantes
dont nul ne se plaint. Elles rentrent dans la
vérité absolue de la vie, qui est un combat
acharné contre
Avant
avions un facteur classique, personnage chantant,
qui apportait la lettre fatale, nœud de
scène
pour réclamer le port et raconter ses peines
de cœur. Certain tailleur bègue arrivait aussi
pour réclamer sa note au moment où le héros
partait pour le bal ou pour le duel. Tous
ces incidents étaient tellement acceptés
moments les plus intéressants de
partageait avec angoisse les souffrances, de
du récitant.
Se servir de ses avantages et
de vitalité frappante. Un de nos amis,
auteur dramatique
un jour à une pièce militaire du répertoire,
et son attention
nous pensions
si léger. Le lendemain, il nous dit « Je
pas voir souvent ce théâtre. Il
il
suis demandé ce que valaient nos conventions,
à côté de ce dialogue libre,
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la réalité, de ces expressions spontanées
si bien appropriées à la situation, de ce pêle-mêle
de
absolument hier soir que je voyais des marionnettes
je me suis cru dans la forêt de
de la vivandière, me couchant comme le
jeune conscrit pour éviter les coups de fusil,
blessés, et ne me souciant plus de la fiction
littéraire que
elle me tenait par les entrailles. Je me
questionne en vain pour savoir ce qui
tant ému. Est-ce le résultat de
ou la vision
ou enfin
connais pas ? »
Jamais pareil honneur
marionnettes,
elles étaient bien loin
les progrès matériels dont elles disposent
maintenant. Mon fils
flatteuse
trop sévère de
manière de traduire le mouvement de la vie ;
réglée
étroit ''castello'' invisible ignoré supprimé
pour ainsi dire, a toute sa pensée
Ligne 1 226 :
parlent de près, et qui, de sa main droite,
demandent impérieusement une réponse à sa
main gauche. Il faut
lucide, parce que ses fictions ont pris corps
et parlent pour ainsi dire
sont des êtres qui vivent de sa vie et qui lui
en demandent une dépense complète sous
peine de
de ses doigts. Il faut
ce qui est dans leur nature. Ce ne sont pas
des rôles bien écrits
sont pas des fioritures littéraires, ni des expressions
triées sur le volet ce sont des raisons
qui portent,
leurs actions et le pourquoi de leur situation.
Les paroles les plus ingénieuses ne masqueraient
pas les invraisemblances du caractère
quand
qui agit. On lui demanderait pourquoi
elle a pris cette figure et endossé ce costume
si ce
vérité.
Dans le fantastique, chose singulière,
contraire se produit. Le personnage est
plus dans le rêve que sa stature invraisemblable
et sa figure immobile le mettent
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choses inanimées, comme dans Jouets et
Mystères, un spécimen du répertoire de Maurice
que nous allons reproduire, et où
de la pièce, se communiquait à nous-mêmes.
lisibles pour lui seul, et à les publier. Ce ne
sont pas de simples scénarios ; ils comportent
comme je
dont il se sert quand bon lui semble, et qui
serait suffisant pour un maître de jeu,
pour toute personne adroite de ses
mains qui aurait des Guignols à sa disposition
et voudrait leur faire représenter une pièce
au pied levé.
de famille ou
dans la vie générale dont la culture intellectuelle
doit être le but. Plaisirs
veut, mais plaisirs
qut recherche
la fiction dans tous les genres.
ce divertissement et pour qui
apprentissage
le croire les gens superficiels.
type au contraire,
grand art exact dans ses procédés, sûr dans
ses résultats. Le peintre en décors doit connaître
la perspective assez parfaitement pour
savoir tricher avec elle sans que
aperçoive. Il doit connaître aussi
mathématique la valeur relative et
nécessaire des tons
que ces tons doivent perdre ou gagner aux
lumières,
ici le métier
aussi bien doué que savant pour donner
à ces grands tableaux praticables
de la nature. Les maîtres décorateurs de nos
théâtres sont donc en général
et Delacroix les tenait en haute estime.
Dans ses jours de paradoxes féconds en enseignements,
il les plaçait au-dessus de lui-même.
Ces gens-là, disait-il, savent ce que
trouvons
bien des jours de désespoir. Nous nous battons
contre la vérité avant de la saisir, et
Ligne 1 310 :
par la science exacte de leur art.
Delacroix, je
encore. Il avait pour les papiers peints dont
on décore les appartements, une admiration
enfantine, et je
scènes militaires reproduisant des tableaux
connus, sur des papiers de salles
ou de cabaret. Devant ces reliefs habilement
enlevés et ces rudes effets si simplement obtenus,
il
plus savantes et plus dans les lois de
vrai, que les tableaux
À un certain point de vue, il avait raison. Je
fleurs, les arranger à sa guise et les peindre
hardiment et largement pour en saisir les
tons et en comprendre ce
Cet homme du monde si fin, si réservé,
si porté à railler les artistes exubérants
(les artistes chevelus
travaillait guère sans fièvre et sans expansion
vibrante « Ces fleurs me rendront
fou disait-il. Elles
elles
décider à les éteindre, tant je suis amoureux
de leur fraîcheur et de leur éclat. Il faut
pourtant que
les mettre à leur plan et faire sortir de la
toile celles qui viennent à moi. «
de nombreux échantillons de papiers peints,
que je
Il
devant ces bouquets, ces semis et ces
guirlandes de fleurs
maîtres, disait-il, si
▲ma vie, j'irais à leur école !
▲Qu'il eut été heureux, notre ami, si le
théâtre des marionnettes eût existé chez
nous à cette époque ! Quels décors il nous
eût faits ! Il ne cessait de dire à Maurice
« Peins à la colle, mon cher enfant,
peins à la colle ! Il
nous avons perdu
à
ne pataugeons pas nous-mêmes. Nous ne savons
plus faire
moi, je ne peux pas te
trouvé trop péniblement, et nous en sommes
tous là il faut tout trouver soi-même, tandis
que les peintres en décor ont encore des lois
ces lois-là,
qui nous manque, et sans laquelle le
génie ne nous sert de rien. Maurice
souvenu et quand, en se jouant, il a essayé
de distribuer de grands sites sur les divers
plans de ses petites toiles, il
la difficulté et des {{corr|ressurces|ressources}} du procédé.
Il
maître des moyens et il a trouvé un
extrême intérêt à faire ce cours rétrospectif
Ligne 1 378 ⟶ 1 376 :
illustre et cher ami, si vraies parfois, si intéressantes
toujours. Je me les rappelais avec
lui, en lui voyant faire
des soirées bien avant dans la nuit, lui travaillant
dans son castello à combiner ses
quinquets, moi assise et jugeant
distance nécessaire.
qui
surprenante, les tons semblent changer, les
reliefs sortir, les profondeurs se creuser, les
transparences
tant à voir ces jolies toiles révéler leurs
secrets et devenir forêts, monuments, eaux et
montagnes, nageant dans un air factice qui
donnait
que je priais parfois mon fils de me donner
une représentation de décors. Il en a fait tout
un magasin et comme, suivant la loi voulue,
ils sont tous éclairés du même côté, il pouvait
me composer des aspects nouveaux
leur plan, et mettant les ciels en harmonie
avec le caractère général des sites. Je voyageais
ainsi en rêve et
car à
agréable des voyages est celui
faire dans un fauteuil.
Ligne 1 410 ⟶ 1 408 :
sculpté, éclairé, composé et récité par
Maurice tout seul, offre un ensemble et une
homogénéité
ailleurs et qui
pendant au monde. Mais la construction et
est pas moins la plus réalisable des fantaisies
Il nous importait
que nous avons vu se produire ;
complet, même celui
grand spectacle, à plus grand spectacle que
celui de nos grands théâtres, puisque nous
pouvons y introduire la foule à son vrai plan,
grâce aux personnages de taille graduée<ref>
Certainement, à
féerie, on se préoccupe de cette graduation,
place aux second et troisième plans des
grands décors, des figurants femmes et enfants
il est rare que
heureux. Les personnages vivants, si petits
les choisisse, sont toujours trop grands pour la
distance où
le décor et détruisent
et de transparence.
</ref>.
En se bornant à la comédie et aux saynètes,
on peut encore, sans beaucoup de peine, donner
de très jolies soirées ; les marionnettes
de M. Lemercier de Neuville ont,
beaucoup de finesse et
aux moyens matériels que nous venons
artiste ou amateur doué comme lui de talent
et
La musique peut eoncourir avec succès au
succès des représentations de marionnettes.
On se rappelle
plusieurs opérettes pour les marionnettes du
prince Esterhazy. Quand on a un orchestre
Ligne 1 456 ⟶ 1 454 :
ou réminiscences bien adaptées par
un charmant violon de nos amis. Quand nous
ne
de barbarie, une flûte harmonica font le nécessaire
dans les pièces franchement bouffonnes
et tambours, est
et de meilleure préparation au rire, que
chacun joue un air difiérent en charivari.
Ligne 1 467 ⟶ 1 465 :
une douzaine de personnages classiques
que nous appelons la troupe italienne et
qui fonctionnent
invention, Arlequin, Pierrot, Cassandre, Scapin,
Polichinelle, Colombine
des marionnettes à jambes et à corps complet
qui marchent, remuent les bras,
dansent et prennent toutes sortes
ni ressorts. Elles agissent comme les Guignols
ordinaires au moyen de la main de
cachée sous leurs vêtements. Mais son
bras qui serait vu du public est masqué par
de légères balustrades placées à différents
plans et figurant les terrasses
long de ces balustrades, les enjambent,
mettent à cheval,
en les effleurant, de manière à ce que cette
mince découpure se trouve entre la partie
inférieure de leurs corps et le bras qui les
conduit.
seulement à un genre spécial dont
est surtout dans les jambes et les poses
des acteurs. On peut
ainsi que des saltimbanques et
équilibristes à ressorts mus en dessous.
Mais le véritable esprit des maisonnettes
est comme le nôtre, dans la tête, et le système
des supports permet à celles qui
de jambes de se montrer aux deux tiers et
reste caché de leur stature, gêne si peu
du spectateur
que certaines personnes ne
nullement
elles sont censées marcher.
Ligne 1 507 ⟶ 1 505 :
comment ce divertissement ingénieux
est réalisable, voyons un peu quelle est la moralité,
la philosophie, si
chose.
Ligne 1 520 ⟶ 1 518 :
conditions. La politique nous rend véritablement
assommants, surtout au fond des provinces,
où
sphère
prévisions inutiles, craintes chimériques,
espérances vaines, théories incomplètes
Ligne 1 530 ⟶ 1 528 :
écoutent, temps gaspillé sans résultât, voilà
la vie intellectuelle de ces temps troublés
même, nous
même sérieusement
combien nous marcherions plus vite vers la
solution, si nous
moins de la définir chacun à notre point de
vue Sans doute la conversation à son heure
Ligne 1 542 ⟶ 1 540 :
qui se succèdent afin de les comprendre
autant que possible. Mais comme il serait
bon
de dispute Que
prédictions absurdes, que de vain orgueil et
de niaiseries oiseuses on
de bonnes lectures et de sages réflexions on
porterait au profit de
la raison et
le dévouement et la modestie. On dit
et on se demande pourquoi la conversation
est devenue chez nous un pugilat.
jadis était trop léger sans doute, puisque
du causeur était
mais
de
cheval de bataille. Tout ce que
autrefois pour maintenir la bonne harmonie,
on se le jette à la tête à présent avec une
âpreté grossière.
race
beau ou joli, gai ou dramatique, il
dans le noir,
ou le laid. Voilà pourquoi je prêche le
plaisir aux gens de ma race oui, le
plaisir ; tous les hommes y ont droit et
tous les hommes en ont besoin : le plaisir
honnête, désintéressé en ce sens
être une communion des intelligences ; le
plaisir vrai avec son sens naïf et sympathique,
son modeste enseignement caché sous
le rire ou la fantaisie. Toutes les autres occupations
utiles de
et
Les grands divertissements publics
sont émouvants ou fatigants.
proprement dit est pour chacun de nous un
joli petit idéal
coin de son feu, à la place du jeu où
et de la causerie où
on ne dit pas, du mal de tous ses amis. Trouvons
autre chose pour nos
quoi, des comédies, des charades, des lectures
plaisantes et douces, des marionnettes,
Ligne 1 591 ⟶ 1 589 :
mais quelque chose qui nous enlève à
nos passions, à nos intérêts matériels, à nos
rancunes, à ces tristes haines de famille
appelle questions politiques, religieuses et
philosophiques, et qui ne devraient jamais
être abordées légèrement
compétence suffisante.
Nous finirons cet article par une citation
étendue,
pièces du théâtre des Marionnettes de Nohant,
qui servira de spécimen du genre.
a mis en scène une hallucination à la
fois gracieuse et comique qui ressort naturellement
les ornements de
de la scène, cette courte fantaisie nous paraît
charmante et propre à donner
manière de préparation condensée qui a son
intérêt et son mérite parfaitement littéraires.
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Nohant, mars 1876.
(Nous donnerons demain la
</div>
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