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— Vous parlez là comme une sotte que vous êtes, s’écria M. de Rênal d’une voix terrible, quel bon sens peut-on espérer d’une femme ? Jamais vous ne prêtez attention à ce qui est raisonnable ; comment sauriez-vous quelque chose ? votre nonchalance, votre paresse, ne vous donnent d’activité que pour la chasse aux papillons, êtres faibles, et que nous sommes malheureux d’avoir dans nos familles! |
— Vous parlez là comme une sotte que vous êtes, s’écria M. de Rênal d’une voix terrible, quel bon sens peut-on espérer d’une femme ? Jamais vous ne prêtez attention à ce qui est raisonnable ; comment sauriez-vous quelque chose ? votre nonchalance, votre paresse, ne vous donnent d’activité que pour la chasse aux papillons, êtres faibles, et que nous sommes malheureux d’avoir dans nos familles!… |
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Madame de Rênal le laissait dire, et il dit longtemps ; ''il passait sa colère'', c’est le mot du pays. |
Madame de Rênal le laissait dire, et il dit longtemps ; ''il passait sa colère'', c’est le mot du pays. |
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— Monsieur, lui répondit-elle enfin, je parle comme une femme outragée dans son honneur, c’est-à-dire dans ce qu’elle a de plus précieux. |
— Monsieur, lui répondit-elle enfin, je parle comme une femme outragée dans son honneur, c’est-à-dire dans ce qu’elle a de plus précieux. |
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Madame de Rênal eut un sang-froid inaltérable pendant toute cette pénible conversation, de laquelle dépendait la possibilité de vivre encore sous le même toit avec Julien. Elle cherchait les idées qu’elle croyait les plus propres à guider la colère aveugle de son mari. Elle avait été insensible à toutes les réflexions injurieuses qu’il lui avait adressées, elle ne les écoutait pas, elle songeait alors à Julien. Sera-t-il content de moi ? |
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— Ce petit paysan que nous avons comblé de prévenances et même de cadeaux, peut être innocent, lui dit-elle enfin, mais il n’en est pas moins l’occasion du premier affront que je |
— Ce petit paysan que nous avons comblé de prévenances et même de cadeaux, peut être innocent, lui dit-elle enfin, mais il n’en est pas moins l’occasion du premier affront que je reçois… Monsieur ! quand j’ai lu ce papier abominable, je me suis promis que lui ou moi sortirions de votre maison. |
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— Voulez-vous faire une esclandre pour me déshonorer et vous aussi ? Vous faites bouillir du lait à bien des gens dans Verrières. |
— Voulez-vous faire une esclandre pour me déshonorer et vous aussi ? Vous faites bouillir du lait à bien des gens dans Verrières. |
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— Il est vrai, on envie généralement l’état de prospérité où la sagesse de votre administration a su placer vous, votre famille et la ville... Eh bien ! je vais engager Julien à vous demander un congé pour aller passer un mois chez ce marchand de bois de la montagne, digne ami de ce petit ouvrier. |
— Il est vrai, on envie généralement l’état de prospérité où la sagesse de votre administration a su placer vous, votre famille et la ville... Eh bien ! je vais engager Julien à vous demander un congé pour aller passer un mois chez ce marchand de bois de la montagne, digne ami de ce petit ouvrier. |
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— Gardez-vous d’agir, reprit M. de Rênal avec assez de tranquillité. Ce que j’exige avant tout, c’est que vous ne lui parliez pas. Vous y mettriez de la colère, et me brouilleriez avec lui, vous savez combien ce petit monsieur est sur l’œil. |
— Gardez-vous d’agir, reprit M. de Rênal avec assez de tranquillité. Ce que j’exige avant tout, c’est que vous ne lui parliez pas. Vous y mettriez de la colère, et me brouilleriez avec lui, vous savez combien ce petit monsieur est sur l’œil. |
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— Ce jeune homme n’a point de tact, reprit madame de |
— Ce jeune homme n’a point de tact, reprit madame de |