« Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/189 » : différence entre les versions

ThomasBot (discussion | contributions)
m maintenance
Antoine Péguy (discussion | contributions)
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
coéternelle à tout leur bonheur, à leur vie éternelle, à leur béatitude et à leur santé.
TOUJOURS DE LA (GRIPPE


— Cela, mon ami, est un article de leur foi.
coéternelle à tout leur bonheur, à leur vie éternelle,
à leur béatitude et à leur santé.


— Je m'attaquerai donc à la loi chrétienne. Ce qui nous est le plus étranger en elle, et je dirai le mot, ce qui nous est le plus odieux, ce qui est barbare, ce à quoi nous ne consentirons jamais, ce qui a hanté les chrétiens les meilleurs, ce pour quoi les chrétiens les meilleurs se sont évadés, ou silencieusement détournés, mon maître, c'est cela : cette étrange combinaison de la vie et de la mort que nous nommons la damnation, cet étrange renforcement de la présence par l'absence et renforcement de tout par l'éternité. Ne consentira jamais à cela tout homme qui a reçu en partage, ou qui s'est donné l'humanité. Ne consentira jamais à cela quiconque a reçu en partage ou s'est donné un sens profond et sincère du collectivisme. Ne consentira pas tout citoyen qui aura la simple solidarité. Comme nous sommes solidaires des damnés de la terre :
— Cela, mon ami, est un article de leur toi.


— Je m'attaquerai donc à la loi chrétienne. Ce qui
nous est le plus étranger en elle, et je dirai le mot, ce
qui nous est le plus odieux, ce qui est barbare, ce à
quoi nous ne consentirons jamais, ce qui a hanté les
chrétiens les meilleurs, ce pour quoi les chrétiens les
meilleurs se sont évadés, ou silencieusement détournés,
mon maître, c'est cela : cette étrange combinaison de
la vie et de la mort que nous nommons la damnation,
cet étrange renforcement de la présence par l'absence
et renforcement de tout par l'éternité. Ne consentira
jamais à cela tout homme qui a reçu en partage, ou qui
s'est donné l'humanité. Ne consentira jamais à cela
quiconque a reçu en partage ou s'est donné un sens
profond et sincère du collectivisme. Ne consentira pas
tout citoyen qui aura la simple solidarité. Comme
nous sommes solidaires des damnés de la terre :


Debout ! les damnés de la terre.
<center>''Debout ! les damnés de la terre.''
Debout ! les forçats de la faim.


''Debout ! les forçats de la faim.''</center>
tout à fait ainsi, et sans nous laisser conduire aux seuls
mots, mais en nous modelant sur la réalité, nous som-
mes solidaires des damnés éternels. Nous n'admettons
pas qu'il y ait des hommes qui soient traités inhumai-
nement. Nous n'admettons pas qu'il y ait des citoyens
qui soient traités inciviquement. Nous n'admettons pas
qu'il y ait des hommes qui soient repoussés du seuil
d'aucune cité. Là est le profond mouvement dont nous
sommes animés, ce grand mouvement d'universalité qui
anime la morale kantienne et qui nous anime en nos


181


tout à fait ainsi, et sans nous laisser conduire aux seuls mots, mais en nous modelant sur la réalité, nous sommes solidaires des damnés éternels. Nous n'admettons pas qu'il y ait des hommes qui soient traités inhumainement. Nous n'admettons pas qu'il y ait des citoyens qui soient traités inciviquement. Nous n'admettons pas qu'il y ait des hommes qui soient repoussés du seuil d'aucune cité. Là est le profond mouvement dont nous sommes animés, ce grand mouvement d'universalité qui anime la morale kantienne et qui nous anime en nos
��