« Notice sur les titres et les travaux scientifiques de Louis Lapicque » : différence entre les versions

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* '''Varia'''
 
** Toxicologie et pharmacodynamie
 
** Pathologie
** Toxicologie et pharmacodynamie
** Botanique
 
** Géographie physique
* Toxicité du cyanure d'éthyle.
** Notes critiques
 
** Pédagogie
* Note à la Société de Biologie, 30 mars 1889.
 
Le raisonnement conduit à admettre que le cyanure d'éthyle doit être toxique. Cette toxicité pourtant avait été niée. Ayant eu l'occasion d'avoir du cyanure d'éthyle pur, préparé par M. Bouveault, j'ai fait des expériences sur des lapins auxquels j'ai injecté, dans une veine de l'oreille, cette substance en solution aqueuse au vingtième. J'ai constaté que, dans ces conditions, le cyanure d'éthyle est mortel à la dose minima de 5 centigrammes par kilo-gramme. Les caractères de l'empoisonnement sont, d'une manière générale, ceux de l'empoisonnement par les cyanures. Les expérimentateurs qui ont cru à l'innocuité de cette substance avaient probablement été induits en erreur par la particularité suivante : le cyanure d'éthyle n'agit qu'au bout d'un temps assez long ; après l'injection intra-veineuse d'une dose triple de la dose mortelle, j'ai vu s'écouler deux heures avant l'apparition des premiers phéno-mènes toxiques.
 
 
* Action physiologique de l'acide sélénieux.
 
* Note, avec M. Chabrié, à l'Académie des Sciences, 20 janvier 1890.
 
L'acide sélénieux, en solution aqueuse neutralisée par la soude, arrête diverses fermentations à la dose de 0 gr. (anhydride) pour 100 grammes de bouillon de culture; aux doses moindres, il est réduit, et l'on voit apparattre le sélénium sous forme d'un précipité rouge. Injecté dans les vaisseaux du chien, il est mortel à la dose de 3 milligrammes par kilogramme de poids corporel. Il produit dans tous les viscères une congestion intense allant jusqu'à l'ecchymose; les poumons deviennent le siège d'une sécrétion considérable qui s'écoule par la trachée, sous forme d'un liquide limpide, légèrement teinté d'hémoglobine, et spontanément coagulable. La pression sanguine, du moment de l'injection au moment de la mort, présente une baisse régulière et continue.
 
 
* Pharmacodynamie des combinaisons de l'iode.
 
1889 (19). Comment l'iodure de potassium agit s-ur le coeur (avec G. Sée), Académie de Médecine, 8 octobre; —1892 (20). Sur l'action physiologique des combinaisons de l'iode, Soc. de Biol., 6 février; — (21) Action de l'iodure de strontium sur la circulation (avec A. Malbec), Soc. de Biol., 4 juin; —(22) Activité comparée des iodures alcalins et alcalino-terreux, Soc. de Biol., 11 juin.
 
Prié par Germain Sée, dont j'étais le préparateur, d'étudier par les procédés physiologiques l'action de l'iodure de potassium sur l'organisme, je m'attachai spécialement aux phénomènes circulatoires, susceptibles d'une étude précise, tandis que ce qu'on appelle assez vaguement l'action trophique des iodures, plus importante, sans doute, pour la thérapeutique, échappait et
échappe encore, je crois, aux investigations de laboratoire. J'enregistrais la pression dans le bout central et le bout périphérique d'une artère pendant une ou deux heures consécutives. Je ne tardai pas à remarquer que, lorsqu'on injecte dans les veines de l'animal de l'iodure de potassium, on observe successivement et nettement distincts l'un de l'autre, l'effet du potassium et l'effet de l'iode. Aujourd'hui, avec la notion de la dissociation des électrolytes, cette distinction ne présente rien de paradoxal. Il y a vingt ans, surtout dans le monde médical, on concevait un sel comme une entité, et l'on se récria. Je démontrai que dans tous les iodures, il y a lieu de distinguer : P une phase de l'alcali, 2° une phase de l'iode. La phase de l'alcali diffère naturellement suivant le métal de l'iodure considéré; on a avec l'iodure de potassium, rapidement après l'injection, une notable élévation de pression, analogue à celle que donne du chlorure de potassium dans des conditions comparables; avec l'iodure de sodium,. aucune élévation de pression, simplement quelques irrégularités du coeur; avec du strontium, des oscillations de pression et de rythme durant quelques minutes; avec l'iodure de calcium, les mêmes irrégularités plus accusées. Puis la circulation reprend son allure antérieure, mais la pression baisse lentement, tombant
au bout d'une heure à la moitié environ de sa valeur normale; ce dernier phénomène se retrouve avec tous les iodures et toutes les combinaisons de l'iode. J'ai déterminé pour les iodures suivants la dose (en gramme par kilogramme d'animal) qui fait tomber la pression aux deux tiers de sa valeur primitive.
 
88LS D088 DE Sa en grammes DOWDeIODE en grammes
Iodure de sodium 0,31 0,26
de 0,32 0,24
-- strontium
de 0,24 0,19
— calcium
de 0,25 0,18
— potassium
 
J'ai ensuite comparé aux iodures ordinaires l'iode dissous dans les iodures, et divers iodates. En prenant des sels de soude, où l'action du métal est sensiblement nulle, on obtient dans tous les cas le même phénomène caractéristique, mais avec des doses et des délais différents.
 
DOSE du corps CORPS en grammes
IODE correspondant en grammes
TEMPS écoulé jusqu'à la chute
Iodure 0,30 0,24 45 à 60 minutes Iode 0,10 0,10 5 à 12 —Iodate 0,10 0,06 5 à 6 —
 
Si l'on réfléchit que l'iode dans le milieu minéral du sang doit, comme dans une solution de carbonate, former des iodures et des iodates, on voit que l'échelle d'activité est celle cerne de la facilité plus ou moins grande avec laquelle de l'iode peut être mis en liberté. Dans le mécanisme du phénomène, la plus forte part revient au coeur, qui est accéléré et affaibli; j'ai vérifié que l'innervation extrinsèque du coeur n'est pas touchée; l'innervation vaso-motrice n'est pas non plus paralysée. L'action de l'iode sur l'appareil circulatoire est essentiellement périphérique; on l'obtient sur un animal auquel on a coupé la moelle cervicale au-dessous du bulbe et les pneumogastriques. Dans ce qui précède, j'ai cherché une action toxique comme réactif de l'activité de diverses combinaisons de l'iode. Mais si on étudie l'action des faibles doses d'iodure de sodium, sur un chien à bulbe détruit (chez lequel par conséquent la régulation vaso-motrice ne peut venir masquer les phénomènes cardiaques), on observe que la force du coeur augmente; c'est probablement cette action qui est obtenue aux doses thérapeutiques dans la médication cardiaque.
 
 
* Action physiologique du strophantus.
 
1887 (2). Recherches sur l'action physiologique de Vinée ou Strophantus hispidus (avec E. Gley). Soc. de Biol., 2 juillet; — (3). Sur le mode d'action de nuée (avec Gley). Soc. de Biol., 5 novembre.
 
En étudiant le poison qui garnissait la pointe de quelques flèches venues de l'Afrique centrale par Zanzibar, je reconnus à ses effets physiologiques, Pinde, ou poison du Strophantus. Cette subtance avait fait l'objet de quelques recherches, quinze ans auparavant, puis était retombée dans l'oubli malgré l'intérêt qu'elle présente; elle était d'ailleurs introuvable à Paris. J'en ai fait une étude sommaire avec M. Gley. C'est un poison musculaire, paralysant totalement la fibre contractile; il agit sur le coeur, comme sur les autres muscles, et aux petites doses, il excite à la fois le coeur et les fibres contractiles des vaisseaux, de manière à donner une très forte élévation de pression ; à forte dose, il a aussi une action irritante, puis paralysante, sur le système nerveux central. Ce petit travail a été le premier d'une nouvelle et importante série de recherches sur le Strophantus, dont le principe actif fut isolé l'année suivante.
 
 
* Action physiologique de la caféine.
 
1889 (10). Action de la caféine sur le système nervo-musculaire (avec Parisot). Société de Biologie, 7 décembre; — Thèse de Parisot : Etude physiologique de l'action de la caféine. Faculté
de Médecine, mars 1890. — 1890 (12). Action de la caféine sur les fonctions motrices et respiratoires à l'état normal et à l'état d'inanition (avec G. Sée). Académie de Médecine, il mars. — (18). Sur l'action de la caféine comparée à celle de la kola. Société de Biologie, IO mai; — Thèse de Le Coniat : Sur le principe actif de la noix de kola. Faculté de Médecine de Paris, 1900.
 
Au cours d'une période de service militaire, j'avais vu essayer et j'avais essayé moi-même l'influence de la noix de kola sur la résistance à la fatigue. Rentré dans la vie civile, je cherchai à m'expliquer les effets remarquables de ce produit; je ne trouvai pas dans la littérature des éclaircissements suffisants sur l'action physiologique de la caféine, principe immédiat commun
à toutes les plantes (thé, café, maté, guarana) qui, dans une région ou dans une autre, sont recherchées pour leur action semblable à celle de la kola. Je repris l'étude de cette substance avec la collaboration de mon ami Parisot. Nous avons commencé par le point suivant, resté indécis après les (rivaux de nos devanciers : la caféine porte-t-elle son action principale sur
le muscle ou sur le système nerveux moteur? Tout d'abord nous avons vérifié, en accord avec Vulpian et Schmiedeberg et contrairement à d'autres auteurs, qu'on a des résultats différents suivant qu'on opère sur la grenouille rousse (Rana fusca) ou sur la grenouille verte (Rana esculenta). La première présente une intoxication• essentiellement musculaire (rigidité d'origine périphérique), et la seconde une intoxication essentiellement nerveuse (convulsions). Mais il y a aussi dans ce deuxième cas une modification de la contraction musculaire (rebondissement,
fig. A), qui avait été rapportée à une action de la caféine sur la fibre musculaire ; en étudiant ce rebondissement, nous avons vu qu'il provient en réalité d'une réaction des centres nerveux ; si on coupe la sciatique entre le point excité et la moelle, le rebondisse-ment disparaît totalement (fig. 13). Chez la grenouille verte, l'action de la caféine porte donc exclusivement sur les centres nerveux (40). (Le point a été vérifié au moyen d'une étude précise de l'excitabilité directe et réflexe, par bilm° Lapicque, Société de Biologie, 23 juin 1906.) Nous avons examiné divers reptiles, des oiseaux, des mammifères; nous avons trouvé partout l'action nerveuse prédominante, sinon exclusive. Le cas de la grenouille rousse est donc un cas exceptionnel.
Chez l'homme, l'action nerveuse n'est pas douteuse; la rigidité muscu-laire qui apparatt parfois doit être rapportée, non à une intoxication périphé-rique, mais à une action réflexe comme celle que nous avons démontrée chez la grenouille verte. La caféine est un excitant des centres moteurs. Mais elle a une autre action que nous avons mise en évidence : elle empêche l'essoufflement, ce rythme accéléré et inefffcace où tombe le mécanisme respiratoire quand on l'appelle à une suractivité anormale; par une modification, probablement, de l'excitabilité bulbaire, la caféine, au moment d'un effort musculaire en dehors des habitudes, permet à la ventilation pulmonaire de s'accroître considérablement sans troubles; elle place un homme non entraîné dans les conditions de l'entraînement (Voir les graphiques ci-contre). Germain Sée s'est servi de ces constatations pour la thérapeutique (1.2 et Thèse de Parisot). L'alcool, même à doses modérées, détruit l'effet utile de la caféine. En comparant la kola à la caféine, je trouvai les mêmes effets à dose égale de caféine; c'est-à-dire que la caféine est le seul principe actif de la kola. J'eus à soutenir sur ce point une discussion très vive (1.3L Mon opinion a été justifiée par les travaux de M. Mosso et par tous les travaux effectués sur la question entre 1890 et 1900 (Thèse de Le Coniat).
 
 
** Pathologie
 
* I. J'ai, avec MM. Charrin et Gley, constaté que dans le sang artériel des lapins infectés par la maladie pyocyanique, il y a une diminution de l'oxygène par rapport à la proportion d'hémoglobine (1.6).
 
* II. Avec M. Gley, j'ai suivi une épidémie spontanée de tétanie dans un lot de grenouilles de laboratoire ; nous avons isolé du sang un bacille aérobie, mais nous n'avons pas poursuivi cette étude (25).
 
* III. On avait avancé que la toxine diphtérique est plus active si on l'injecte par la veine porte que si on l'injecte par une veine d'utimembre. A l'inverse de ce qu'il fait pour de nombreux poisons. le foie renforcerait donc l'action de cette toxine ; c'était un fait intéressant pour la pathologie générale. Mais en reprenant les expériences avec soin, et suivant la méthode com-parative (injections dans la veine porte, soit de la toxine, soit d'un liquide indifférent), j'ai démontré que le foie n'avait aucune action sur les effets de la toxine (49 et 49 bis).
 
 
** Botanique
 
* Explication darwinienne des mouvements de la sensitive.
 
* Société de Biologie, 28 mai 1904.
 
On tonnait les mouvements par lesquels la sensitive réagit quand on la touche. En quoi cette sensibilité peut-elle être utile pour la plante ? Je n'ai trouvé dans la science aucune réponse à cette question : je ne sais même pas si quelqu'un se l'est posée, et pourtant il me parait difficile d'admettre qu'un mécanisme si spécial et si délicat ait pu s'établir et se conserver sans qu'il soit par quelque côté une adaptation. J'ai eu l'occasion d'observer dans l'Inde la sensitive chez elle. En un grand nombre de points de la région montagneuse, au bord des bois, sous les taillis pas trop épais, le long des routes peu fréquentées, la terre est couverte d'une nappe de verdure fraiche et compacte comme un gazon dru, piquée de petites fleurs roses. L'attention du moins observateur des hommes est attirée sur ce tapis d'herbe par le fait suivant : la piste de tout passant, piéton ou cavalier, s'accuse immédiatement derrière lui, par une traînée large de plus d'un mètre dont l'aspect tranche fortement sur la surface environnante ; on dirait que non pas un homme, mais une troupe d'hommes sur plusieurs files a piétiné la végétation ; le passage d'une compagnie en colonne laisse dans nos prés une trace analogue. Il suffit de se baisser et de constater que cette végétation est composée d'une petite mimosée pour reconnaître qu'on a affaire à, une sensitive et s'expliquer le phénomène. Mais l'aspect même que présente, dans ses conditions naturelles, ce phénomène bien connu, suggère une réflexion qui peut ne point apparaître dans les études approfondies faites au laboratoire sur des sensitives en pots. En cherchant une comparaison pour traduire le phénomène vu de la hauteur d'un cavalier, je n'ai pu trouver rien de mieux que l'herbe foulée aux pieds et flétrie. Regardé de près, ce phénomène apparaît comme une éclipse de la plante. Des attouchements ménagés, des pincements même énergiques d'une foliole ou d'un pétiole ne le reproduisent pas; s'il n'y a pas eu ébranlement généralisé, on observe le phénomène classique de reploiement. des folioles et d'abaissement du pétiole dans la feuille touchée et dans les feuilles voisines suivant une propagation pas très rapide et plus ou moins étendue suivant