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I\É$URREC'l`ION I 37
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à tous ceux a qui le sens général des Evangiles s'est enfin
révélé, il s’étonnu, en lisant, de comprendre pleinement
la signification de paroles que maintes fois il avait lues
comme de simples images et sans y attacher d’impor-
tance. Comme une éponge, dans un vase, aspire toute
l’eau qu’elle peut contenir, il aspirait tout ce qu’il y avait
pour lui d’utile, d’important, de grave, de joyeux dans
ce livre. Et tout ce qu’il y lisait lui paraissait lui avoir
été depuis longtemps familier; car ce qu’il y lisait con-
firmait. expliquait des choses que depuis longtemps il
pressentait, mais qu’il n’osait pas reconnaître pour vraies.
Et maintenant il les reconnaissait pour vraies, et il y
c1·oyait.
Et non seulement il reconnaissait et croyait qu’en sui-
vant les préceptes des Evangiles les hommes pourraient
s`élever au plus haut degré de bonheur dont ils sont
capables 1 il reconnaissait et croyait aussi que mieux
valait, pour un homme, ne rien faire du tout que de ne
pas appliquer ces préceptes; il reconnaissait et croyait
que ces préceptes représentaient l’unique raison d`etre
de la vie humaine, et qu’en y manquant l'homme com-
mettait une faute, qui entraînait aussitôt son châtiment
à sa suite.
Cette conclusion résultait pour Nekhludov de tout le
livre; mais, avec une clarté et une force particulières, il
la trouvait exprimée dans la parabole des vignerons.
Les vignerons s’étaient imaginés que le jardin qu’on
leur avait donné à cultiver n’apparte11ait pas a leur
maître, mais à eux-mêmes; que tout ce qui était dans ce
jardin, c’était pour eux, et que leur seul devoir était de
faire servir ce jardin a leur propre jouissance : oubliant
leur maître, et tuant ceux qui venaient leur rappeler
leurs obligations envers lui.
« Ainsi nous faisons tous », — songeait Nekhludov. —
« Nous vivons dans la croyance que nous sommes nous-
mêmes les maîtres de notre vie, et que celle-ci ne nous
a été donnée que pour notre plaisir. Or c'est une
croyance insensée, évidemment insensée. L’l1omme n’est
pas venu au monde de son plein gré 1 quelqu’un doit l’y