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‘ RÉSURRECTION 81-
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de la neige. Marie Pavlovna, s’approcl1ant de Kriltzov,
lui présenta un flacon de gouttes de valériane; niais lui,
les yeux fermés, il repoussa le flacon de sa main déchar-
née; et, longtemps il se tint immobile, sans parvenir à
rattrapper son souffle.
Quand enfin la neige et des compresses·d’eau froide
l’eurent suffisamment remis pour permettre a ses com-
pagnons de le dévêtir et de le coucher, Nekhludov prit
congé et sortit dans le corridor, ou le gardien-chef
l’attendait depuis longtemps.
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Les condamnés de droit commun avaient a présent
fini leur vacarme, et la plupart dormaient. Non seule-
ment ils dormaient sur les couchettes et sous les cou-
chettes, et sur le plancher, et devant les portes; mais
beaucoup d’e11tre eux, n`ayant point trouvé de place à
l’intérieur des salles, s’étaient couchés dans le corridor,
nus, avec leurs sacs sous leurs têtes, et couverts de leurs
vêtements en guise de couvertures.
Les salles et le corridor résonnaient de ronflements.
Et partout, sur le sol, s’étalaient d`étranges figures
humaines, à demi cachées sous les grands manteaux.
Seuls ne dormaient pas quelques forçats, qui, dans un
recoin du corridor, jouaient aux cartes, à la lueur d’une
chandelle. Et Nekhludov vit encore un autre homme qui
ne dormait pas, un vieux forçat, qui, assis tout nu sous
la lampe, cherchait des poux dans ses vêtements. En
comparaison de la puanteur fétide de ce corridor,
Nekhludov eut l’impression d`avoir respiré 1’air le plus
pur dans la salle réservée aux condamnés politiques.
ll finit cependant par se frayer un chemin jusqu`à
l’extrémité du corridor, s’avançant avec précaution,
pour ne pas écraser les dormeurs qui barraient le pas-
sage. Trois prisonniers, qui sans doute n’avaient pu
trouver de place même dans le corridor, s/étaient cou-
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