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RÉSURRECTION 67
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s’inclinaient devant lui. C'est ainsi que, dans le trajet du
convoi, il ne faisait bonne mine qu’à l’ouvrier Markel,
qui avait aveuglément adopté toutes ses idées, et à deux
femmes qu’il devinait éprises de lui, Véra Efremovna et
la jolie Grabetz.
En principe, Novodvorov était partisan de l`émancipa-
tion de la femme; mais, en fait, il regardait toutes les
femmes comme des créatures stupides et ridicules, à
1’exception de celles dont il était amoureux, et qu’il tenait
alors pour des étres extraordinaires dont lui seul avait
su juger la perfection. Il avait ainsi aimé, tour à tour, _
un grand nombre de femmes; et deux fois même il
avait vécu maritalement avec des maîtresses : mais, les
deux fois, il avait quitté ses maîtresses, ayant constaté
que ce qu’il éprouvait pour elles n’était pas le véritable
amour. ll se préparait, maintenant, à contracter une
nouvelle union avec la Grabetz.
Il méprisait Nekhludov, parce que celui-ci, suivant son
expression, « faisait des manières » avec la Maslova;
mais, en réalité, il le méprisait et le haïssait parce que,
loin de partager ses idées sur les moyens de remédier
aux défauts de la société, Nekhludov avait sur ce point
une idée à lui, traitant les questions sociales « en
prince », c’est-à-dire en imbécile. Et Nekhludov se ren-
dait compte de ces sentiments de Novodvorov à son
égard; et il sentait, à son grand chagrin, que, malgré
les dispositions bienveillantes où il se trouvait pour le
moment, rien au monde ne pouvait l’empêcher d‘éprou-
ver, lui aussi, à l’égard de cet homme, un mélange de
mépris et de malveillance.