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lutiounaire; et cette œuvre ne l’intéressait en aucune
façon ; mais·il n’en avait pas moins donné l’argent, par un
sentiment de camaraderie, et un peu aussi par fierté, afin
qu’on ne pût pas dire qu’il avait eu peur. L’argent avait
été saisi par la police; on avait trouvé un papier indi-
quant que c’était Kriltzov qui l’avait donné; et celui-ci
avait été arrété et mis en prison.
Il racontait tout cela à Nekhludov, assis sur sa haute
couchette, une couverture sur les genoux, fixant dans le
vide, devant lui, le regard fiévreux de ses grands yeux
noirs.
— Dans la prison où l’on m`avait mis, — disait-il, —
le régime était relativement peu sévère. Non seulement
nous pouvions nous faire des signaux, mais nous pou-
vions même nous rencontrer dans les corridors, bava1·—
' der, partager entre nous nos provisions et notre tabac,
et, le soir, chanter en chœur. J’avais une belle voix, et
ces chants du soir me plaisaient beaucoup. Sans la pen-
sée du chagrin de ma mère, que mon arrestation déses-
pérait, j’aurais été parfaitement heureux. J`avais fait
connaissance de plusieurs figures très intéressantes, et
notamment du célèbre Petrov, qui, plus tard, s’est tranché
la gorge avec un morceau de verre. Mais je n’étais tou-
jours pas révolutionnaire, et ne me sentais nullement
disposé à le devenir.
« Un jour, on amena dans la prison et l'on me donna
pour voisins deux jeunes gens qui, envoyés en Sibérie
pour avoir distribué des proclamations polonaises, avaient
essayé de s'enfuir durant le trajet du convoi. ljun d’eux
était un Polonais, Lozinski; l’autre, nommé Rosenberg,
était d‘origine juive. Ce Rosenberg n’était encore qu`un
enfant. ll prétendait avoir dix-sept ans, mais on voyait
bien qu`il en avait à peine quinze. Petit, maigre, avec
des yeux noirs pleins de feu, remuant, bavard, et, comme
tous les Juifs, très bon musicien. Sa voix n’avait pas
encore mue, et c’était un bonheur de l’entendre chanter.
« Tous deux passèrent en jugement quelques jours
après leur arrivée a la prison. Ou vint les prendre le