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4 ' 332 aEsUnnEc·r1oN .
'préoccupait uniquement du bon plaisir de ses supérieurs,
_ sans jamais s’inquiéter de ses conséquences pour le bien
de la Russie ou de l’humanité. . ·
Quand il avait été placé a la tète d’un ministère, tous
ses subordonnés, et la plupart des autres personnes qui
le connaissaient, et lui-même plus encore, avaient eu la
· certitude qu’il se montrerait un homme politique tout à
fait remarquable. Mais lorsque, après un certain temps,
_ on dut constater qu’il n'avait rien changé, rien amélioré,
et lorsque, d’après les lois dela lutte pour la vie, d'autres
hommes tels que lui, sachant comprendre et rédiger des
actes officiels, lui marcherent sur les talons et se trou-
vèrent prêts à le remplacer, on fut unanime à s’apercevoir
que, loin d‘être un homme d‘une intelligence exception-
nelle, c’était au contraire un homme des plus bornés, en
dépit de sa vanité. On s’aperçut qu’il n’y avait rien en
lui qui le distinguàt des autres médiocrités vaniteuses et
bornées qui aspiraient à le remplacer. Mais lui, après
comme avant son ministère, il garda toujours la convic-
tion qu’il avait le droit de toucher, d’année en année, un
traitement plus fort, de recevoir plus de titres et de dé-
corations, et de voir s‘élever sa situation sociale. Cette
conviction était en lui si profonde, que personne n’avait ,
le courage de la contrarier; et le fait est que, d’année en
année, le comte Ivan Mikaïlovitch touchaitun traitement l
plus fort, sous prétexte de faire partie de conseils, com-
missions, comités, comme aussi à titre de récompense »
pour ses services passés; d’année en année, il avait le
droit de faire coudre à ses habits de nouveaux galons, et
d'y attacher de nouvelles croix ou étoiles d’émail; et per- n
sonne peut—être, à Pétersbourg, n’avait· des relations
aussi étendues.
ll écouta les explications de Nekhludov avec la même
gravité et la même attention qu’il mettait autrefois a N
écouter les rapports de ses chefs de bureau. Les expli· ”
~ cations entendues, il dit à son neveu qu’il allait lui
donner deux lettres de recommandation. Une_ de ces
lettres serait pour le sénateur Wolff, de la section de
cassation. « On dit bien des choses sur son compte, - l