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Nekhludov examina, l’un après l’autre, les visages
des prisonnières appuyées contre la grille : la Maslova
n’était point dans le nombre. Mais, cachée derrière la
rangée du premier plan, une femme se tenait debout, et
Nekhludov devina que c’était elle. Aussitôt il sentit son
souffle s`:-irrêter et redoubler les battements de son
cœur. La minute décisive approchait.
Il s’avança jusqu’au grillage, parvint péniblement à
se frayer une place, et fixa son regard sur la Maslova.
Elle s’était placée derrière la paysanne aux yeux bleus
et paraissait écouter, en souriant, son entretien avec
son mari. Au lieu du sarrau gris qu’elle portait l'avant-
veille, elle était toute vêtue de blanc. Sous son fichu
apparaissaient les boucles charmantes de ses cheveux
noirs.
— Allons! il faut prendre parti! — songea Nekhlu-
dov. - Mais comment l`appeler? Si elle pouvait me
voir et venir d’elle—même!
Elle, cependant, n’en eut point 1’idée. Elle s’attendait
toujours à voir arriver Berthe ou Claire, et ne soup-
çonnait pas que cet élégant visiteur pût être là pour elle.
— Qui désirez-vous voir? — demanda a Nekhludov
la surveillante, s’arrêtant devant lui.
— Catherine Maslov! —- répondit Nekhludov, parlant
à grand’peine.
— Hé! la Maslova! —cria la surveillante, —· du monde
pour toi!
III
La Maslova se retourna brusquement, et, levant la
tète, la poitrine droite, avec cette expression d’empres-
sement que lui avait autrefois connue Nekhludov, elle
s’approcl1a de la grille, après s’êtrc glissée entre deux
prisonnières. Et elle se mit à regarder Nekhludov avec
un mélange de surprise et d’interrogation. Elle ne le
reconnaissait toujours pas. Mais elle eut vite fait de