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Le lendemain matin, il se trouva presque le nombre promis, des paroisses des Aubiers, Nueli, Saint-Aubin, les Echaubroignes, Yzernay, etc., mais tous armés de bâtons, de faux, de faucilles ; il n’y avait pas deux cents fusils, encore étaient-ce des fusils de chasse. Henri avait découvert chez un maçon soixante livres de poudre qu’il avait par hasard, ayant autrefois fait sauter des rochers à la mine, pour bâtir, comme cela se pratique dans le pays. C’était un trésor que ce peu de munitions, car il n’y en avait pas d’autres, Henri parut à la tête des paysans et leur dit : « ''Mes amis, si mon père était ici, il vous inspirerait plus de confiance, mais à peine vous me connaissez et je suis un enfant ; j’espère que je vous prouverai au moins par ma conduite, que je suis digne d’être à notre tête. {{sc|Si j’avance, suivez-moi ; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi.}}'' » Telles furent ses propres paroles. Les paysans lui répondirent par de grandes acclamations. Cependant, malgré leur zèle, ils étaient un peu effrayés ; la plupart n’avaient pas vu le feu, les autres venaient de se trouver à une défaite, et ils étaient sans armes. Ils commencèrent pourtant à entourer les républicains, et, cachés derrière les haies, à crier : ''Vive le Roi !'' ce que répétaient tous les échos. Pendant ce temps, Henri, avec une douzaine des meilleurs tireurs, se glissa sans bruit dans les jardins des Aubiers ; les Bleus étaient dans le bourg. À l’abri d’une haie, Henri, qui était le meilleur tireur du pays, en tua et en blessa beaucoup ; il se donnait le temps de viser avec son monde ; les coups partaient rarement, mais ils atteignaient toujours. On chargeait les fusils d’Henri, il tira plus de deux cents coups, et presque tous portèrent sur les hommes ou sur les chevaux.
Le lendemain matin, il se trouva presque le nombre promis, des paroisses des Aubiers, Nueil, Saint-Aubin, les Echaubroignes, Yzernay, etc., mais tous armés de bâtons, de faux, de faucilles ; il n’y avait pas deux cents fusils, encore étaient-ce des fusils de chasse. Henri avait découvert chez un maçon soixante livres de poudre qu’il avait par hasard, ayant autrefois fait sauter des rochers à la mine, pour bâtir, comme cela se pratique dans le pays. C’était un trésor que ce peu de munitions, car il n’y en avait pas d’autres, Henri parut à la tête des paysans et leur dit : « ''Mes amis, si mon père était ici, il vous inspirerait plus de confiance, mais à peine vous me connaissez et je suis un enfant ; j’espère que je vous prouverai au moins par ma conduite, que je suis digne d’être à notre tête. {{sc|Si j’avance, suivez-moi ; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi.}}'' » Telles furent ses propres paroles. Les paysans lui répondirent par de grandes acclamations. Cependant, malgré leur zèle, ils étaient un peu effrayés ; la plupart n’avaient pas vu le feu, les autres venaient de se trouver à une défaite, et ils étaient sans armes. Ils commencèrent pourtant à entourer les républicains, et, cachés derrière les haies, à crier : ''Vive le Roi !'' ce que répétaient tous les échos. Pendant ce temps, Henri, avec une douzaine des meilleurs tireurs, se glissa sans bruit dans les jardins des Aubiers ; les Bleus étaient dans le bourg. À l’abri d’une haie, Henri, qui était le meilleur tireur du pays, en tua et en blessa beaucoup ; il se donnait le temps de viser avec son monde ; les coups partaient rarement, mais ils atteignaient toujours. On chargeait les fusils d’Henri, il tira plus de deux cents coups, et presque tous portèrent sur les hommes ou sur les chevaux.


Les républicains, ennuyés d’être tirés comme au blanc, sans voir leurs ennemis, voulurent se déployer et se ranger en bataille sur une petite hauteur derrière les Aubiers ; ce mouvement rétrograde les perdit ; les paysans crurent qu’ils s’enfuyaient. Henri courut à eux, le leur persuada ; aussitôt les cris de ''Vive le Roi !''
Les républicains, ennuyés d’être tirés comme au blanc, sans voir leurs ennemis, voulurent se déployer et se ranger en bataille sur une petite hauteur derrière les Aubiers ; ce mouvement rétrograde les perdit ; les paysans crurent qu’ils s’enfuyaient. Henri courut à eux, le leur persuada ; aussitôt les cris de ''Vive le Roi !''