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nière ; on juge aisément de la crainte que nous eûmes, quand il parla d’Henri. Le grand sang-froid de M. de Lescure et l’air simple dont il répondit ne lui donna aucune idée ; il demeurait à Niort, et n’était que depuis peu de jours à Bressuire ; il ignorait tout ce qui regardait Henri et M. de la Cassaigne, relativement à nous ; ceux qui le savaient, ou ne le disaient pas par attachement pour nous, ou n’y pensaient pas, uniquement occupés de la peur affreuse qui les dominait. Nous ne savions trop si nous ferions mieux de demander à être conduits au château de la Forêt, nous en parlions faiblement. Clerc-Lassalle nous dit qu’il le ferait volontiers, et qu’on devait envoyer bientôt tous ceux qui y étalent, à Niort. Depuis, nous n’en avons plus parlé, voulant être à portée d’être délivrés par les Vendéens. Clerc-Lassalle sortit, nous restâmes à Bressuire.

Nous dûmes notre salut à la confusion extrême qui régnait dans la ville ; à chaque instant il arrivait des troupes, sans cesse on criait aux armes ; des terreurs paniques faisaient voir les Brigands attaquant la ville ; personne ne savait ce qu’on faisait. Pour nous, c’était notre seul moment de jouissance ; nous espérions que la place serait prise, et, sans craindre les dangers que nous pouvions courir, nous ne pensions qu’au bonheur de joindre les royalistes. On parlait d’arrêter les personnes restées à Clisson et de nous emmener à Niort. M. de Lescure faisait mille projets pour s’échapper et aller trouver l’armée, quand on voudrait le transférer, disant que rien ne l’arrêterait, s’il perdait l’espoir d’être délivré, et qu’il se ferait tuer ou joindrait les révoltés. Sur ces entrefaites, l’abbé des Essarts (que j’appellerai désormais le Chevalier) arriva comme soldat à Bressuire. On avait arrêté une lettre prouvant qu’il s’était chargé de faire passer de l’argent à des émigrés ; le représentant en mission à Poitiers l’envoya chercher : il lui dit qu’il était bien heureux que la loi rendue pour prononcer la peine de mort contre ceux qui faisaient passer de l’argent à des émigrés ne fût pas encore promulguée, mais qu’il