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demandait, c’était de rendre un jour témoignage en sa faveur et de lui conserver sa place. M. de Lescure, sans se fier à cet homme (il fit bien, car c’était un patriote que la peur seule faisait parler), le remercia et lui dit que, dans toutes les occasions, il chercherait à lui être utile, et qu’il pourrait venir chez lui, sûr d’y être bien reçu. Il ne donna au district que deux ou trois mauvais chevaux et tout le reste à proportion, et répondit par écrit de M. de la Cassaigne.

À peine la troupe partie, ce dernier, qui habitait un corps de logis séparé du château, arriva en disant : « Eh bien, j’ai eu grand’peur pour vous. » Ayant appris ce qui le regardait, il perdit la tête ; le moindre bruit le faisait trembler ; il se cachait sous les chaises, sous la tapisserie, sitôt qu’on ouvrait une porte. Il baisait les mains de M. de Lescure, et nous donnait la comédie. Nous étions d’autant plus en train de rire, que Bâty nous avait persuadé que la révolte était très forte et qu’il y avait même un débarquement. Le pauvre la Cassaigne ne parlait que de fuir ; nous lui représentions que M. de Lescure avait répondu de lui.

Peu de jours après, deux seulement, je crois, nous fûmes bien étonnés de voir arriver M. Thomassin. Il nous dit que l’insurrection était prodigieuse ; il y avait un débarquement, les ennemis marchaient sur Bressuire ; le district avait évacué la ville sur Thouars, et lui avait trouvé le moyen de se sauver en cachette pour venir nous joindre et se réunir avec nous aux royalistes. Il nous apprit toute l’histoire des sacrés-cœurs et du domestique arrêté. Tous les royalistes portaient ce signe, et, dans le premier moment, on avait fait la motion de venir mettre le feu à Clisson et de nous massacrer tous. Il était parvenu à calmer cette fureur, et nous en étions quittes pour ce qu’on vient déliré.

Nous passâmes la journée la plus gaie, attendant à tout moment l’armée des royalistes ; tout le pays avait la même impatience. Les paroisses environnant Bressuire étaient sous le joug et ne pouvaient se révolter sans qu’on vînt les aider, car s’étant