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F 434 mîsumincriou
de chambre Kornéï, qui s’était avancé au-devant de lui.
y dans la salle à manger, et s’apprêtait à le servir. Allez-
vous-en! ,
— -— A vos ordres! - répondit le valet de chambre; mais
il ne s’en alla pas et se mit aussitôt à desservir la table.
Et Nekhludov ne put s’empêchcr de penser qu’il agissait
ainsi pourle contrarier. Il aurait voulu que tout le monde
, le laissàt en paix, et voilà que tout le monde, par un y
fait exprès, s’obstinait à Pimportuner! “
Enfin le valet de chambre sortit. Nekhludov s’approcha
du samovar pour préparer son thé; mais, en entendant
dans Pantichambre les pas pesants d‘Ag1·ippine Petrovna,
il s'enfuit précipitamment, par peur de la voir. Il passa
dans son salon, et ferma la porte à clé derrière lui. y
C‘est dans ce salon que, cinq mois auparavant, était l
morte sa mère. Deux lampes à réflecteurs éclairaient la ·
vaste pièce, mettant en lumière deux grands portraits sus-
pendus au mur, les portraits du père et de la mère de
Nekhludov. Et celui-ci, en revoyant ces portraits, se
rappela les dernières relations qu’il avait eues avec sa
mère. Il s'aperçut que celles—là aussi avaientété pleines de
fausseté. Là encore, il ne trouvait que honte et dégoût.
Il se rappelait comment, dans les derniers temps de la
maladie de sa mère, il avait presque souhaité sa mort. ,
Il s’était dit qu'il souhaitait cette mort pour voir la mal- l
heureuse délivrée de ses souffrances; mais maintenant il
sentait qu’il l’avait souhaitée pour être délivré, lui-même, u
de la vue de ces souffrances. l
Voulant échapper à l'obsession de ces souvenirs, il l
s'app1·ocha du portrait, œuvre d'un peintre célèbre, et ?
qui avait jadis été payé 5.000 roubles. La princesse
Nekhludov y était représentée en robe de velours noir, i
la gorge decouverte. On voyait que l’artiste avait mis
tout son soin à peindre la naissance des seins, Pintervalle y
qui les séparait, et le cou, et les épaules, que la dame l
avait fort belles. Et Nekhludov eut de nouveau une im-
pression de dégoût et de honte. Il fut épouvanté de ce
qu’il y avait de choquant dans cette façon de représenter
sa mère sous l’aspect d’une beauté à demi nue. La chose
l