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vais jours! — répondit Missy d‘un ton indifférent. i |
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Mais son visage avait une expression tout autre que 1 |
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celle qu’elle avait fait voir ai Nekhludov. Et, au-dedans r |
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de soi, elle se disait : ` |
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— Pourvu que celui-la aussi ne se dérobe pas! Après |
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tout ce qui s’est passé entre nous, ce serait bien mal de |
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sa part! |
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Si l’on avait demandé à Missy ce qu‘elle entendait par |
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ces mots : « Tout ce qui s’est passé entre nous! » elle |
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n’aurait pu répondre rien dc précis. Et cependant elle |
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avait l‘impression très nette que Nekhludov non seule- |
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ment avait éveillé en elle deS espérances, mais qu’il lui |
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avait presque promis de l'épouser. Ce qui s’était passé |
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entre eux, ce n'étaient pas des paroles précises, mais des |
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regards, des sourires, des allusions, des silences. Et |
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cela avait sufii pour qu’elle le considéràt comme lui |
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appartenant : et la pensée de le perdre lui était très |
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cruelle. |
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III |
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« Honte et dégoût, dégoût et honte! » se disait au |
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même instant Nekhludov, tandis qu’il revenait chez lui, |
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à pied, refaisant un chemin qu’il avait fait bien souvent. |
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L’impression pénible qu’avait éveillée en lui son entre- |
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tien avec Missy ne parvenait toujours pas à se dissiper. |
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Il sentait que, matériellement, il était libre vis—a-vis de |
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la jeune fille, ne lui ayant jamais fait une déclaration for- |
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melle, ne lui ayant rien dit qui pût l’engager, mais que, |
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en réalité, il ne s’en était pas moins engagé envers elle. |
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ll sentait cela; et il sentait aussi, de toute la force de |
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son ètre, qu`il lui serait impossible de se marier avec elle. |
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« Honte et dégoût, dégoût et honte! » se répétait-il, |
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cn pensant non seulement a ses relations avec Missy, |
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mais a toute sa vie et a celle des autres. Ces mots reve- |
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naient sans cesse dans son âme, comme un refrain; il se |
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y les répétait encore au moment où il rentra choz lui. |
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N — Je ne souperai pas ce soir, -— dit-il à son valet |
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