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108 RÉSURRECTION ` |
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Le président affirmait que la Maslova était coupable. |
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Le marchand soutenait qu`elle était innocente, et le colo- |
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nel et l'artisan appuyaient son avis. Le reste des jurés |
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hésitait, mais semblait pencher vers l’opinion du prési- |
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dent; et cela tenait surtout à ce que tous les jurés |
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étaient fatigués, et se rangeaient de préférence à cello |
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des deux opinions qui, en mettant plus vite tout le |
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monde d’accord, pourrait plus vite leur rendre la liberté. |
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D’après les résultats des interrogatoires, et d‘après |
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ce qu’il savait de la Maslova, Nekhludov avait la con- |
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viction que celle-ci n’était coupable ni de vol ni de |
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l’empoisonnement. Il avait cru d’abord que tout le |
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monde serait de ce même avis; mais il dut reconnaître |
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bientôt qu’il s’étaît trompé, et que la majorité, sur la |
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question, penchait plutôt vers Paffirmative, un peu à |
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cause de la lassitude générale, un peu par égard pour |
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le président, et un peu parce que le brave marchand, |
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qui ne cachait pas que la Maslova lui plaisait, mettait |
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` vraiment trop de maladresse a la défendre. Nekhludov, |
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en voyant cela, fut tenté de prendre la parole; mais |
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une peur l’cnval1it à l’idée d`intercéder pour Katucha, |
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comme s'il eût senti que tout le monde, aussitôt, devi- |
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nerait les relations qu’il avait eues avec elle. Et cepen- |
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dant il se disait que les choses ne pouvaient pas se |
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passer d’u11e telle façon et qu’i1 avait absolument le |
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devoir d’intervenir. ll rougissait et il pûlissait; et il allait |
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enfin se décider à parler, lorsque Pierre Gérassimovitch, |
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évidemment agacé du ton autoritaire du president, |
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intervint dans la discussion et dit, précisément, ce que |
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lui-même s’apprêtait à dire. |
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- Permettez, — disait le professeur, —-vous affirmez |
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qu’elle est coupable du vol parce que o’était elle qui |
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avait la clé de la valise; mais est-ce que les domes- |
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tiques de l'hôtel ne pouvaient pas ouvrir la valise avec |
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une autre clé? |
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—- C’est cela, c’est cela même ! — appuyait le mar- |
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chaud. |
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—— En réalité, il est impossible que la Maslova ait pris |
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l’argent, car, dans sa situation, elle n’aurait su qu’en faire. |