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rieuse et charmante, dont le charme venait de son mys-
tère même; à présent, la femme, toute femme, -— a
l'exception de ses parentes et des femmes de ses amis,-—
avaita ses yeux un sens tres précis et très défini:
elle n’était pour lui que l’instrument d’une jouissance
que déjà il connaissait, et qui lui plaisait entre toutes.
Xaguère, il n’avait nul besoin d’argent; il dépensait à
peine la troisième partie de la pension que lui donnait
sa mère; il pouvait renoncer à l’héritage paternel et
le donner aux paysans: à présent, il n’avait plus assez
des 1.500 roubles par mois que sa mère lui donnait;
et déjà des explications désagréables s’étaient plus
d’une fois produites, entre sa mère et lui, pour des
questions d’argent.
Et cette transformation si profonde, qui s’était accom-
plie en lui, venait simplement de ce qu’il avait cessé de
croire en lui-même et s’était mis àcroire dans les autres.
Et s'il avait cessé de croire en lui-même pour se mettre
à ne plus croire que dans les autres, la cause en était
dans ce que vivre en croyant en soi—même lui paraissait
trop difficile : pour vivre en croyant en soi-même, en
effet, il lui fallait se décider non pas au profit de sa
personne égoïste, uniquement préoccupée du plaisir,
mais au contraire presque toujours contre les intérêts de
cette personne; tandis que, à vivre en croyant dans les
autres, il n’avait besoin de rien décider, tout se trouvant
décide d’avanee et toujours décidé au profit de sa per-
sonne. Bien plus, en croyant en soi, il s'exposait sans
cesse à la désapprobation des hommes; tandis qu`cn
croyant dans les autres il était certain de s`attirer l’élogc
du monde qui l’entourait.
Ainsi, quand Nekhludov se préoccupait de la vérité,
de la destinée de l’l1omme, de la richesse et de la pau-
vreté, tous ceux qui l’entouraient jugeaient ces préoccu-
pations déraisonnables et souvent ridicules; sa mere,
ses tantes, Fappelaient, avec une douce ironie, « notre
cher philosophe »; et quand, au contraire, il lisait des
romans, quand il racontait des anecdotes scabreuses,
quand il rapportait des détails sur le vaudeville que