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V — Eh bien! nous allons travailler ensemble! — pour-
suivit·il apres la réponse affirmative de Nekhludov.
— Baklachov, de la deuxième guilde! — ajouta-t-il en
j tendant au prince sa large main. - Et à qui ai—je l’hon-
neur de parler?
Nekhludov se nomma, et entra dans la salle de jury.
l — C`est celui dont le père a été attaché a la personne
de l‘empereur! -— murmura le juif.
N — Et il a de la fortune? — demanda le marchand.
— Un richard!
[ Dans la petite salle du jury, une dizaine d’hommes de
toute condition étaient réunis. Tous venaient d’arriver;
t les uns étaient assis, les autres marchaient de long en
large. On s’examinait et on faisait connaissance. Il y avait
là un colonel retraité, en uniforme; d‘autres jurés étaient
en redingote, en jaquette; un seul avait mis son habit.
Plusieurs d`entre eux avaient dû renoncer à s’occuper
de leurs affaires pour remplir les fonctions de jurés, et
ils ne se faisaient pas faute de s’en plaindre, mais avec
tout cela on lisait sur leurs visages une satisfaction
mêlée d’orgueil, et la conscience d’accomplir un grand
devoir social.
Le premier examen achevé, on s’était simplement
groupé, sans se lier plus à fond. On s’entretenait du
temps qu’il faisait, de la venue précoce du printemps,
des affaires inscrites au rôle. Un grand nombre de
jurés s’empressaient de faire connaissance avec le
prince Nekhludov, jugeant évidemment que c`était là,
pour eux, un honneur exceptionnel. Et Nekhludov trou-
vait cela naturel et légitime, comme il faisait toujours en
pareille circonstance. Si on lui avait demandé pourquoi
il se considérait comme supérieur a la majorité des
hommes, il aurait été incapable de répondre, car sa vie,
surtout pendant les derniers temps, n’avait guère rien
eu de bien méritoire. Il savait, en vérité, parler cou-
ramment l’anglais, le français et l’allemand; son linge,
ses vêtements, ses cravates, ses boutons de manchettes
venaient toujours des premiers magasins, et étaient
toujours les plus chers qu’il y eût; mais lui-même