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roubles qui restaient, Katucha les avait dépensés elle
ne savait comment, en achats inutiles, en cadeaux : de
, sorte que, lorsqu’elle fut guérie, elle se trouva sans
argent et forcée de chercher une place. Elle se plaça
chez un garde forestier. Ce garde forestier était marié ;
mais des le premier jour, comme le stanovoï, il se mit
a faire la cour à la jeune servante. Celle-ci, d’abord,
essaya d’échapper à ses poursuites, car elle tenait à
garder sa place. Mais il avait plus d’expérience et plus
de ruse qu’elle, et surtout il était son maître, pouvant
lui commander ce qui lui plaisait : et ainsi, ayant enfin
guette la minute propice, il se jeta sur elle et la posséde.
Sa femme ne tarda pas à en ètre informée. Un jour,
surprenant son mari seul dans une chambre avec Katucha,
elle frappa celle-ci au visage jusqu’a la faire saigner,
et la congédia sans lui payer ses gages.
Katucha se 1·endit alors à la ville chez une cousine,
dont le mari était relieur; ce mari avait eu autrefois
une bonne situation, mais il avait perdu sa clientèle et
était devenu ivrogne, dépensant au cabaret tout l’argent
qui lui tombait sous la main. Sa femme tenait un petit
fonds de blanchisseuse dont les maigres bénéfices lui
servaientà nourrir ses enfantset à entretenir son ivrogne
de mari. Elle proposa à Katucha de lui apprendre son
métier. Mais, en voyant la pénible existence des ouvrières
blanchisseuses qui travaillaient chez sa cousine, la jeune
femme hésita, et s’adressa de préférence a un bureau dc
placement pour demander un emploi de servante. Elle
trouva un emploi, en effet, chez une dame veuve qui
vivait avec ses deux jeunes fils; et, une semaine en-
viron après qu’elle fut entrée dans cette maison, l’aîné
des fils, un collégien de la sixième classe, aux moustaches
naissantes, négligea ses études pour faire la cour à la
jolie bonne. La mère rejeta toute la faute sur celle-ci, et
la renvoya.
Aucune place nouvelle ne s’ofl`rait; et un jour, étant
venue au bureau de placement, Katucha y rencontra une
dame dont les mains nues étaient chargées de bagues et
de bracelets. Cette dame, dès qu’elle sut la situation de