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Elle n’a su compatir avec personne, et c’est la plus avare et la plus bizarre personne qui vive. Pour tout train, quelquefois elle n’a eu qu’un cocher, et ce cocher la peignoit aussi bien que ses chevaux. Quand elle voyageoit, elle couchoit aux faubourgs des villes de peur de trop dépenser dans les bonnes hôtelleries. Elle dit un jour une assez plaisante chose. Sa fille de Vertus étoit allée, après la mort de madame la comtesse[1], demeurer chez madame de Rohan la mère. « À quoi songe, dit-elle, ma fille de Vertus de se retirer chez madame de Rohan ? puisqu’elle me quitte, elle devoit aller ailleurs. » Cette mademoiselle de Vertus a du mérite ; elle sait le latin ; elle n’est pas si belle que sa sœur. Madame la comtesse fut si ingrate que de ne lui rien donner. Elle écrit fort raisonnablement ; mais l’affaire de M. de La Rochefoucauld l’a fort décriée. C’est la plus belle après madame de Montbazon, car elle a encore trois sœurs, dont l’une nommée mademoiselle de Chantocé, qui n’est pas la plus belle, voulant demeurer à Paris, où elle n’a ni mère, ni sœur, ni belle-sœur, se retira chez la Petite-Mère Hospitalière : là, pour voir du monde, elle recevoit les gens dans la salle des malades ; et on voyoit cette fille toute couverte d’or dans un lieu où un malade rend un lavement, l’autre change de linge ; l’un tousse, l’autre crache ; celui-ci crie, et celle-là se confesse.

Le dernier évêque d’Angers étant malade de la maladie dont il mourut, madame de Vertus envoya un gentilhomme pour savoir de lui-même comment il se portoit. Il se trouva obligé de cette civilité, et se mit

  1. La comtesse de Soissons.