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treroient bien plutôt à Paris qu’à la province. La Reine y consentit donc ; mais elle ne voulut point que cette fille, qui avoit été un temps l’espionne du cardinal, et qui après s’étoit mise du parti de M. le Grand, allât au Louvre. Benserade la fut voir. Elle lui conta sa misère. Il lui dit en riant : « Il faut que je vous amène un épouseur. » Quelques jours après il y mena Bazinière. À quelque temps de là la belle lui dit : « Vous avez peut-être dit plus vrai que vous ne pensez ; je pense que Bazinière m’épousera. » Bazinière effectivement en étoit épris ; mais comme il vouloit par ce mariage avoir entrée à la cour, il souhaitoit qu’auparavant sa maîtresse fît sa paix avec la Reine. Les parents de la fille firent si bien que la Reine lui permit de se trouver au cercle, mais non pas de lui faire la révérence. Après cela Bazinière l’épousa sans le consentement de sa mère, qui fit terriblement la méchante. La belle-fille, qui étoit adroite et fourbe, se vêtit simplement et se tint chez elle, faisant la mélancolique. Elle envoya un jour la nourrice de son mari trouver madame de La Bazinière. Cette nourrice, bien instruite, ne joua pas mal son personnage ; elle applaudit d’abord à cette mère irritée, puis insensiblement elle lui dit : « Madame, si vous saviez en quel état est cette jeune femme, vous ne seriez peut-être pas si en colère contre elle ; elle n’a point de joie d’être si avantageusement mariée, puisqu’elle n’est point aux bonnes grâces d’une personne qu’elle estime tant ; elle est quasi comme si elle portoit le deuil, et quand on lui dit que ce n’est pas l’habit d’une nouvelle mariée, elle répond que cet habit convient à la tristesse qu’elle a dans l’âme. Au reste, madame, c’est bien la plus belle amitié que celle qui est entre