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ment, monsieur, je ne vous conçois point, vous qui avez tant de sujet d’aimer la vie, vous exposer sans cesse comme cela. » Bazinière, le printemps venu, fit un voyage au Maine, où il devint amoureux de madame de Pezé, fille de madame de Lansac et sœur de madame de Toussy. Cette dame n’étoit plus jeune, et vivoit dans un abandonnement effroyable. Il demeura quelque temps avec elle ; mais à la fin il lui arriva une aventure qui le fit revenir à Paris. Le maître-d’hôtel, qui, peut-être, servoit aussi d’autre chose à la dame, las de ce petit bourgeois qui faisoit fort l’entendu, un soir se mit en embuscade en un endroit où il falloit qu’il passât pour aller coucher avec madame ; il étoit minuit ; il n’y avoit point de lumière ; de sorte que ce galant homme, faisant semblant que c’étoit un laquais, et lui disant : « Petit fripon, que ne vous allez-vous coucher, au lieu de faire ici du bruit à madame ? » donna maint horion à notre badaud de Paris. Durant cette amourette, le père fut assez impertinent pour se plaindre que madame de Pezé débauchoit son fils ; notez qu’elle étoit parente du cardinal de Richelieu. Enfin le bonhomme mourut.

En ce temps la Chémerault, après la mort du cardinal, étoit revenue à Paris. On l’appeloit, comme j’ai dit ailleurs, la Belle Gueuse, et on disoit qu’elle n’avoit pour tout bien qu’un âne de Mirebalais[1]. Elle avoit fait représenter à la Reine qu’elle ne pouvoit faire fortune que par sa beauté, et que ces occasions se rencon-

  1. Ils valent beaucoup de revenu. (T.) — Le Mirebalais est une petite contrée de France située en Poitou, et dont Mirebeau est la capitale.