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et ont fait place à de petits ou de moyens domaines. Sans parler des noirs, devenus souvent propriétaires dans les États à esclaves, c’est une race démocratique que celle des ''farmers'' des États-Unis. Il est rare que dans cette contrée, de culture extensive cependant, les propriétés dépassent200 acres ou 80 hectares, juste le double de ce qui dans notre colonie d’Algérie compose le lot offert à chaque famille d’immigrant. L’''Economist'' de Londres traçait en 1878 un tableau intéressant de la vie de ces propriétaires du ''Far West'', gens rudes, travailleurs infatigables, possédant pour la plupart une médiocre aisance, très
et ont fait place à de petits ou de moyens domaines. Sans parler des noirs, devenus souvent propriétaires dans les États à esclaves, c’est une race démocratique que celle des ''farmers'' des États-Unis. Il est rare que dans cette contrée, de culture extensive cependant, les propriétés dépassent200 acres ou 80 hectares, juste le double de ce qui dans notre colonie d’Algérie compose le lot offert à chaque famille d’immigrant. L’''Economist'' de Londres traçait en 1878 un tableau intéressant de la vie de ces propriétaires du ''Far West'', gens rudes, travailleurs infatigables, possédant pour la plupart une médiocre aisance, très
éloignée de la richesse. D’après les statistique officielles des États-Unis, le nombre des propriétaires terriens (''farmers'') dépasse de beaucoup dans l’ensemble du pays celui des ouvriers de ferme (''farm labourers''). Dans l’État de l’Illinois, par exemple, il y avait 153, 646 des premiers contre 47, 216 des seconds ; dans l’Indiana, 158, 714 et 40, 827 ; dans le Kentucky, 110, 937 et 36, 627 ; dans l’Ohio, 223, 483 et 76, 484 ; dans la Pensylvanie, 180, 613 et 69, 104 ; dans le Texas, 51, 569 et 6, 537. On recensait aux États-Unis, il y a quelques années, plus de 2 millions 500, 000 exploitations agricoles (''number of farmers''), ce qui avec les familles considérables de ce pays représentait bien 15 ou 20 millions d’habitants attachés à la terre par un lien de propriété<ref>Nous empruntons ces renseignements au recueil publié par le ''Cobden-club'' sous ce titre : System of land tenures in various countries, 1876, p.319.</ref>
éloignée de la richesse. D’après les statistique officielles des États-Unis, le nombre des propriétaires terriens (''farmers'') dépasse de beaucoup dans l’ensemble du pays celui des ouvriers de ferme (''farm labourers''). Dans l’État de l’Illinois, par exemple, il y avait 153, 646 des premiers contre 47, 216 des seconds ; dans l’Indiana, 158, 714 et 40, 827 ; dans le Kentucky, 110, 937 et 36, 627 ; dans l’Ohio, 223, 483 et 76, 484 ; dans la Pensylvanie, 180, 613 et 69, 104 ; dans le Texas, 51, 569 et 6, 537. On recensait aux États-Unis, il y a quelques années, plus de 2 millions 500, 000 exploitations agricoles (''number of farmers''), ce qui avec les familles considérables de ce pays représentait bien 15 ou 20 millions d’habitants attachés à la terre par un lien de propriété<ref>Nous empruntons ces renseignements au recueil publié par le ''Cobden-club'' sous ce titre : System of land tenures in various countries, 1876, p.319.</ref>. Le nombre a dû s’en accroître considérablement depuis.
. Le nombre a dû s’en accroître considérablement depuis.


De tout ce qui précède on peut conclure que l’ensemble des faits qui constituent la civilisation moderne, l’état démocratique, la situation mentale et intellectuelle de nos sociétés, sont beaucoup plus propices à la petite ou à la moyenne propriété qu’à la grande. Ce sont les deux premières qui ont une tendance à prévaloir en tout pays nous le démontrerons par des chiffres. Mais la petite propriété est-elle un bien ou un mal ? c’est une question qui est débattue aujourd’hui partout, et qui l’a été avec une particulière animation au commencement de ce siècle sous le régime de la Restauration.
De tout ce qui précède on peut conclure que l’ensemble des faits qui constituent la civilisation moderne, l’état démocratique, la situation mentale et intellectuelle de nos sociétés, sont beaucoup plus propices à la petite ou à la moyenne propriété qu’à la grande. Ce sont les deux premières qui ont une tendance à prévaloir en tout pays nous le démontrerons par des chiffres. Mais la petite propriété est-elle un bien ou un mal ? c’est une question qui est débattue aujourd’hui partout, et qui l’a été avec une particulière animation au commencement de ce siècle sous le régime de la Restauration.