« Page:Leroy-Beaulieu, Essai sur la répartition des richesses, 1881.djvu/64 » : différence entre les versions

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C’est sous ce régime que se sont peuplés l’Ohio, d’abord, puis l’Illinois, ensuite l’Orégon, aujourd’hui le Minnesota et le Texas. Le dernier de ces États à lui seul a vendu dans l’année 1870 quatorze cent mille hectares de terres dans ces conditions, soit la superficie de trois départements français. Au Canada, qui
C’est sous ce régime que se sont peuplés l’Ohio, d’abord, puis l’Illinois, ensuite l’Orégon, aujourd’hui le Minnesota et le Texas. Le dernier de ces États à lui seul a vendu dans l’année 1870 quatorze cent mille hectares de terres dans ces conditions, soit la superficie de trois départements français. Au Canada, qui lutte actuellement avec les États-Unis pour la colonisation du Far West, dans le vaste territoire surtout connu sous le nom de Manitoba, le régime des terres incultes et domaniales n’est pas plus restrictif ; il l’est même encore moins.
lutte actuellement avec les États-Unis pour la colonisation du Far West, dans le vaste territoire surtout connu sous le nom de Manitoba, le régime des terres incultes et domaniales n’est pas plus restrictif ; il l’est même encore moins.


Ainsi la terre libre et vierge, cette denrée qui est maintenant presque inconnue en Europe, on se la procure pour quelques francs dans ces jeunes et grandissantes sociétés du nouveau monde : un hectare y coûte moins qu’un pantalon ou qu’une paire de bottes. Le fameux monopole de la propriété foncière autour duquel on a fait tant de bruit, que devient-il avec cette énorme quantité de terres sans maître et sans culture que l’on rencontre sur le vieux et sur l’ancien continent et dans les îles qui parsèment les mers ? Notez que ces terres domaniales que l’Union américaine ou le Dominion canadien livre à si bon compte ne sont pas absolument nettes de tout travail humain, de tout travail social. Elles ont été arpentées, cadastrées, distribuées en lots ; l’État en garantit la possession indéfinie et sans troubles on y a fait aussi quelques chemins si rudimentaires qu’ils soient, ou du moins elles ne sont pas éloignées des grandes routes. La faible valeur qu’on leur assigne peut être considérée comme l’équivalent de tout ce travail social qui les enveloppe, qui leur a donné une forme, qui les a rendues accessibles. Voilà pourquoi dès que le colon s’enfonce plus loin dans les bois ou dans la prairie, dès qu’il devient pionnier ou squatter, dès qu’il s’établit sur une terre non allotie, non cadastrée, pas encore mise en vente, la société n’ayant rien fait pour lui, d’ordinaire on respecte sa jouissance, on ne lui réclame aucun prix, aucune redevance, jusqu’au jour où la colonisation ayant avancé davantage et enveloppant à son tour ce pionnier, lui offrant une garantie contre tout trouble, lui présentant ses ressources, le faisant bénéficier de la proximité de
Ainsi la terre libre et vierge, cette denrée qui est maintenant presque inconnue en Europe, on se la procure pour quelques francs dans ces jeunes et grandissantes sociétés du nouveau monde : un hectare y coûte moins qu’un pantalon ou qu’une paire de bottes. Le fameux monopole de la propriété foncière
autour duquel on a fait tant de bruit, que devient-il avec cette énorme quantité de terres sans maître et sans culture que l’on rencontre sur le vieux et sur l’ancien continent et dans les îles qui parsèment les mers ? Notez que ces terres domaniales que l’Union américaine ou le Dominion canadien livre à si bon
compte ne sont pas absolument nettes de tout travail humain, de tout travail social. Elles ont été arpentées, cadastrées, distribuées en lots ; l’État en garantit la possession indéfinie et sans troubles on y a fait aussi quelques chemins si rudimentaires qu’ils soient, ou du moins elles ne sont pas éloignées des grandes routes. La faible valeur qu’on leur assigne peut être considérée comme l’équivalent de tout ce travail social qui les enveloppe, qui leur a donné une forme, qui les a rendues accessibles. Voilà pourquoi dès que le colon s’enfonce plus loin dans les bois ou dans la prairie, dès qu’il devient pionnier ou
squatter, dès qu’il s’établit sur une terre non allotie, non cadastrée, pas encore mise en vente, la société n’ayant rien fait pour lui, d’ordinaire on respecte sa jouissance, on ne lui réclame aucun prix, aucune redevance, jusqu’au jour où la colonisation ayant avancé davantage et enveloppant à son tour ce pionnier, lui offrant une garantie contre tout trouble, lui présentant ses ressources, le faisant bénéficier de la proximité de.