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— Lequel ? demanda brièvement la veuve. |
— Lequel ? demanda brièvement la veuve. |
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— J |
— J'ai mis notre Alzine en condition. |
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— Ah !... Loin d'ici ? |
— Ah !... Loin d'ici ? |
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en biaisant. — Il n’avait pas l'air à son aise |
en biaisant. — Il n’avait pas l'air à son aise |
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et tourmentait fort son bonnet de coton. — Je |
et tourmentait fort son bonnet de coton. — Je |
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l’ai placée à Grimonbois, reprit-il timidement |
l’ai placée à Grimonbois, reprit-il timidement. |
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- A Grimonbois !.. Et chez qui donc ? |
- A Grimonbois !.. Et chez qui donc ? |
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— Je ne te fais pas compliment de ton |
— Je ne te fais pas compliment de ton |
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choix ! grommela-t-elle : c’est tirer ta fille |
choix ! grommela-t-elle : c’est tirer ta fille |
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de la gueule du renard pour |
de la gueule du renard pour la jeter dans |
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celle du loup |
celle du loup... Enfin, c'est ton affaire... Tant |
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pis pour les gens qui ne voient pas plus loin |
pis pour les gens qui ne voient pas plus loin |
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que leur nez ! |
que leur nez ! |
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{{c|III}} |
{{c|III}} |
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Le premier angélus tintait à |
Le premier angélus tintait à la petite |
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église lézardée, quand la femme |
église lézardée, quand la femme de Fanfan, |
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la mère Norine. entra avec un bol de café |
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dans la chambre de devant, où Alzine, habillée |
dans la chambre de devant, où Alzine, habillée |
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et peignée, se préparait à partir pour |
et peignée, se préparait à partir pour |
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Grimonbois. |
Grimonbois. |
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Allons, notre Alzine, dit la vieille femme |
— Allons, notre Alzine, dit la vieille femme |
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en branlant |
en branlant sa tête courbée avant l’âge par |
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trente années de travail, voilà qu |
trente années de travail, voilà qu'il est |
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l |
l'heure de nous quitter ; avale ton café bouillant |
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pour qu'il te tienne chaud en route... |
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Je t’aurais bien accompagnée un bout de |
Je t’aurais bien accompagnée un bout de chemin, |
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mais Pierron est au bois avec Mme Heurteloup, |
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et j'ai nos bêtes à ''monder'' (nettoyer)... |
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On t'enverra ta caisse par une occasion. |
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Prends seulement ton carton et embrassons |
Prends seulement ton carton et embrassons-nous, |
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ma pauvre ''gâce''... On ira te voir de |
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temps en temps là-bas. Sois sage et ne te |
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fais |
fais pas de mauvais sang pour ce Mirguet |
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qui est cause de tous nos maux ! |
qui est cause de tous nos maux ! |
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N’ayez peur, maman répondit |
— N’ayez peur, maman, répondit Alzine en |
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lui sautant au cou. |
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⚫ | |||
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L ,j |
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en |
en fanchon sur ses cheveux, elle avait prit |
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le carton qui renfermait le meilleur de |
le carton qui renfermait le meilleur de ses |
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nippes, et elle ouvrait la porte de l’allée. La |
nippes, et elle ouvrait la porte de l’allée. La |
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mère Norine l’embrassa une dernière fois, |
mère Norine l’embrassa une dernière fois, |
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puis |
puis, sur le pas de la porte, la suivit des |
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yeux tandis qu elle s |
yeux tandis qu elle s'éloignait. |
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Alzine avait traversé le coulant d’eau où |
Alzine avait traversé le ''coulant d’eau'' où |
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les canards filaient à la dérive, dans la buée |
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matinale qui fumait au-dessus du courant |
matinale qui fumait au-dessus du courant. |
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Maintenant elle suivait le chemin de piéton |
Maintenant elle suivait le chemin de piéton |
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qui monte vers le bois de Benoîte-Vaux. Arrivée |
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à mi- |
à mi-côte, près de la lisière, elle se retourna |
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pour embrasser d’un long regard tout |
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le creux de la vallée La veille, elle avait fait |
le creux de la vallée. La veille, elle avait fait |
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ses adieux aux gens de sa connaissance, sans |
ses adieux aux gens de sa connaissance, sans |
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oublier le Mirguet qui était venu la trouver |
oublier le Mirguet qui était venu la trouver |
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à la brune, derrière les jardins. Aujourd’hui |
à la brune, derrière les jardins. Aujourd’hui |
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elle disait adieu aux choses, à tous ces coins |
elle disait adieu aux choses, à tous ces coins |
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familiers où elle avait vécu depuis l’enfance. |
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Elle écoutait le grincement des scies qu |
Elle écoutait le grincement des scies qu |
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débitaient des planches dans la brosserie |
débitaient des planches dans la brosserie ; |
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elle suivait des yeux le frissonnement |
elle suivait des yeux le frissonnement argenté |
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du ruisseau parmi les prés, les fumées |
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bleues au-dessus des toits ; elle fouillait du |
bleues au-dessus des toits ; elle fouillait du |
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regard les bois |
regard les bois de Pontoux, déjà verdoyants, |
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où |
où Mme Heurteloup avait emmené dès l’aube |
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Fanfan et Désiré A ce moment de la |
Fanfan et Désiré. A ce moment de la séparation, |
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les détails les plus minimes prenaient |
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pour elle une importance inusitée. Elle |
pour elle une importance inusitée. Elle reconnaissait |
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de loin une grande femme que sa haute taille |
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avait fait surnommer Pousse-Nuée, |
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et |
et qui menait paître sa vache le long |
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des fossés de |
des fossés de Goulinvaux ; elle distinguait |
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sur la route la voiture du meunier, attelée de |
sur la route la voiture du meunier, attelée de |
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deux |
deux chevaux gris aux sonnailles {{tiret|retentis|santes}} |