« De la production de la sécurité » : différence entre les versions

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« L’homme ne peut faire de souverains. Tout au plus il peut servir d’instrument pour déposséder un souverain et livrer ses États à un autre souverain déjà prince. Du reste, il n’a jamais existé de famille souveraine dont on puisse assigner l’origine plébéienne. Si ce phénomène paraissait, ce serait une époque du monde.
 
«&#8239;…&#8239;Il est écrit&#8239;: ''C’est moi qui fais les souverains''. Ceci n’est point une phrase d’église, une métaphore de prédicateur&#8239;; c’est la vérité littérale, <!--Page 286-->simple et palpable. C’est une loi du monde politique. Dieu ''fait'' les rois, au pied de la lettre. Il prépare les races royales, il les nourritmûrit au milieu d’un nuage qui cache leur origine. Elles paraissent ensuite ''couronnées de gloire et d’honneur &#8239;;'' elles se placent&#8239;<ref>''Du principe générateur des constitutions politiques''. —&nbsp;Préface.</ref>. &#8239;»
 
D’après ce système, qui incarne la volonté de la Providence dans certains hommes et qui revêt ces ''élus,'' ces ''oints'' d’une autorité quasi-divine, les ''sujets'' n’ont évidemment aucun droit &#8239;; ils doivent se soumettre, ''sans examen,'' aux décrets de l’autorité souveraine, comme s’il s’agissait des décrets de la Providence même.
 
Le corps est l’outil de l’âme, disait Plutarque, et l’âme est l’outil de Dieu. Selon l’école du droit divin, Dieu ferait choix de certaines âmes et s’en servirait comme d’outils pour gouverner le monde.
 
Si les hommes ''avaient foi'' dans cette théorie, rien assurément ne pourrait ébranler un gouvernement de droit divin. Par malheur, ils ont complètement cessé d’y avoir foi. Pourquoi ?
 
Par malheur, ils ont complètement cessé d’y avoir foi.
Parce qu’un beau jour ils se sont avisés d’examiner et de raisonner, et qu’en examinant et en raisonnant, ils ont découvert que leurs gouvernants ne les dirigeaient pas mieux qu’ils n’auraient pu le faire eux-mêmes, simples mortels sans communication avec la Providence.
 
Pourquoi&#8239;?
Le libre examen a démonétisé la fiction du droit divin, à ce point que les sujets des monarques ou des aristocrates de droit divin ne leur obéissent plus qu’autant qu’ils croient avoir intérêt à leur obéir.
 
Parce qu’un beau jour ils se sont avisés d’examiner et de raisonner, et qu’en examinant et, en raisonnant, ils ont découvert que leurs gouvernants ne les dirigeaientgouvernaient pas mieux qu’ils n’auraient pu le faire eux-mêmes, simples mortels sans communication avec la Providence.
La fiction communiste a-t-elle eu meilleure fortune ?
 
Le ''libre examen'' a démonétisé la fiction du droit divin, à ce point que les sujets des monarques ou des aristocratesaristocraties de droit divin ne leur obéissent plus qu’autant qu’ils croient ''avoir intérêt'' à leur obéir.
D’après la théorie communiste, dont Rousseau est le grand-prêtre, l’autorité ne descend plus d’en haut, elle vient d’en bas.
Le gouvernement ne la demande plus à la Providence, il la demande aux hommes réunis, à la nation une, indivisible et souveraine.
 
La fiction communiste a-t-elle eu meilleure fortune &#8239;?
Voici ce que supposent les communistes, partisans de la souveraineté du peuple. Ils supposent que la raison humaine a le pouvoir de découvrir les meilleures lois, l’organisation la plus parfaite qui conviennent à la société ; et que, dans la pratique, c’est à la suite d’un libre débat entre des opinions opposées que ces lois se découvrent ; que s’il n’y a point unanimité, s’il y a partage encore après le débat, c’est la majorité qui a raison, comme renfermant un plus grand nombre d’individualités raisonnables (ces individualités sont, bien entendu, supposées égales, sinon l’échafaudage croule) ; en conséquence, ils affirment que les décisions de la majorité doivent faire loi, et que la minorité est tenue de s’y soumettre, alors même qu’elles blesseraient ses convictions les plus enracinées et ses intérêts les plus chers.
 
D’après la théorie communiste, dont [[Auteur:Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]] est le grand-prêtre, l’autorité ne descend plus d’en haut, elle vient d’en bas. Le gouvernement ne la demande plus à la Providence, il la demande aux hommes réunis, à la nation ''une, indivisible et souveraine''.
Telle est la théorie ; mais, dans la pratique, l’autorité des décisions de la majorité a-t-elle bien ce caractère irrésistible, absolu qu’on lui suppose ? Est-elle toujours, en tous cas, respectée par la minorité ? Peut-elle l’être ?
 
Voici ce que supposent les communistes, partisans de la souveraineté du peuple. Ils supposent que la raison humaine a le pouvoir de découvrir les meilleures lois, l’organisation la plus parfaite qui conviennent à la société &#8239;; et que, dans la pratique, c’est à la suite d’un libre débat entre des opinions opposées que ces lois se découvrent &#8239;; que s’il n’y a point unanimité, s’il y a partage encore après le débat, c’est la majorité qui a raison, comme renfermant un plus grand nombre d’individualités raisonnables (ces individualités sont, bien entendu, supposées égales, sinon l’échafaudage croule) &#8239;; en conséquence, ils affirment que les décisions de la majorité doivent faire ''loi,'' et que la minorité est tenue de s’y soumettre, alors même qu’elles blesseraient ses convictions les plus enracinées et ses intérêts les plus chers.
 
Telle est la théorie &#8239;; mais, dans la pratique, l’autoritél’<s></s>''autorité'' des décisions de la majorité a-t-elle bien ce caractère irrésistible, absolu qu’on lui supposesup<!--Page 287-->pose&#8239;? Est-elle toujours, en tous cas, respectée par la minorité ? Peut-elle l’être ?
 
Prenons un exemple.