« L’Image voilée de Saïs (tr. Régnier) » : différence entre les versions

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==__MATCH__:[[Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/352]]==
 
{{t3|L’IMAGE VOILÉE DE SAÏS}}
 
 
Un jeune homme, que la soif ardente de savoir poussa à Saïs en Egypte, pour apprendre la sagesse secrète des prêtres, avait déjà franchi maint degré, grâce à la promptitude de son esprit ; toujours son désir de connaître l’entraînait plus loin, et le
==[[Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/353]]==
hiérophante avait peine à calmer l’impatience de ses aspirations. « Qu’ai-je, si je n’ai tout ? disait le jeune homme ; y a-t-il ici du plus et du moins ? ta vérité n’est-elle, comme le bonheur des sens, qu’une somme que l’on peut posséder, plus grande ou plus petite, mais qu’enfin toujours l’on possède ?
n’est-elle pas une, indivisible ? enlève un son à un accord, enlève une couleur à l’arc-en-ciel, et tout ce qui te reste n’est rien, tant que le bel ensemble des couleurs et des sons est incomplet. »
 
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Le jeune homme revint tout pensif à sa demeure ; l’ardente passion de savoir lui ravit le sommeil, il se roule brûlant sur sa couche et vers minuit se lève d’un bond. Au temple le conduisent involontairement ses pas craintifs. Il lui fut facile d’escalader le mur, et à l’intérieur de la rotonde l’intrépide est porté d’un élan courageux.
 
Le voilà maintenant debout, et l’horreur d’un silence sans vie saisit le solitaire, qu’interrompt seulement l’écho sourd de ses pas dans les caveaux mystérieux. D’en haut, par l’ouverture de la coupole la
==[[Page:Œuvres de Schiller, Poésies, 1859.djvu/354]]==
lune jette sa lueur pâle, d’un bleu argent, et terrible, comme un dieu présent, brille à travers l’obscurité de la voûte, sous son long voile, la statue.
 
Il approche d’un pas incertain ; déjà sa main téméraire veut toucher le tissu sacré, alors un frisson glace et brûle ses os et il se sent repoussé par un bras invisible. « Malheureux, que veux-tu faire ? » Ainsi crie en lui-même une voix fidèle. « Tu veux tenter le saint des saints ? Nul mortel, dit la bouche de l’oracle, n’écartera ce voile, que je ne le lève moi-même. »