« Notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle » : différence entre les versions

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==__MATCH__:[[Page:Quicherat - Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1886.djvu/251]]==
<div style="background-color:#E0E0E0; border:2px solid #ffffff; text-align:center; padding:0.2em;"><span id="sommaire"></span>'''Sommaire'''</div>
Introduction<br />
[[notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/1|1° mécanique]]<br/>
[[notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/2|2° géométrie et trigonométrie pratique]]<br />
[[notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/3|3° coupe des pierre et maçonnerie]]<br />
[[notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/4|4° charpente]]<br />
[[notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/5|5° dessin de l’architecture]]<br />
[[notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/6|6° dessin de l’ornement]]<br />
[[notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/7|7° dessin de la figure]]<br />
[[notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/8|8° objets d’ameublement]]<br />
[[notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/9|9° matières étrangères aux connaissances spéciales de l’architecte et du dessinateur]]<br />
[[Notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle/Conclusion et planches|Conclusion et planches]]
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<big>NOTICE<br /><br />SUR<br /><br />L’ALBUM DE VILLARD DE HONNECOURT<br /><br />ARCHITECTE DU XIII<sup>e</sup> SIÈCLE<span id="sdfootnote1anc"ref>[[#sdfootnote1sym|<sup>1</sup>]Extrait de la ''Revue archéologique'' de 1849, t. VI, p. 65 à 80, 164 à 188, 209 à 226. -- ''Bibliogr''., n° 189. -- Nous avons introduit dans le texte de ce mémoire de nombreuses additions et corrections que l’auteur avait consignées sur les marges d’un exemplaire que nous avons retrouvé dans ses papiers. -- R. L.]</spanref><br /><br /></big>'''</center>
 
 
 
L’incertitude qui règne sur les procédés manuels des artistes du moyen âge, l’ignorance absolue où l’on est de la manière dont se faisait leur instruction, donneront quelque intérêt à la description d’un manuscrit unique en son genre, qui paraît avoir été le livre de croquis d’un architecte du XIII<sup>e</sup> siècle. J’appellerai ''Album'' ce singulier ouvrage qui fait partie des manuscrits de Saint-Germain conservés à la Bibliothèque nationale (S. G. latin, 1104)<span id="sdfootnote2anc"ref>[[#sdfootnote2sym|<sup>2</sup>]Il porte le n° 19093 du fonds français.]</spanref>. C’est un petit volume de 33 feuillets de parchemin cousus sous une peau épaisse et grossière qui se rabat sur la tranche. Une note, écrite au XV<sup>e</sup> siècle sur le verso du dernier feuillet, prouve qu’à cette époque l’album en contenait quarante et un<supref><spanElle id="sdfootnote3anc">[[#sdfootnote3sym|<sup>3est ainsi conçue :''En ce livre a quarente et j feillet'', signé J. Mancel avec paraphe.</sup>]]</span></supref> ; les mutilations qui ont réduit ce nombre ont l’air d’être déjà anciennes.
 
Comme les feuillets ne sont pas égalisés entre eux, leurs dimensions varient de 15 à 16 cent. en largeur sur 23 à 24 de haut. Chacun d’eux est couvert sur les deux côtés de dessins à la plume, qu’on voit avoir été esquissés à la mine de plomb. Des notes explicatives, conçues dans le dialecte picard du XIII<sup>e</sup> siècle et écrites en belle minuscule de la même époque, accompagnent plusieurs de ses dessins.
 
L’album fut connu de Willemin qui y prit de quoi composer une planche de costumes pour ses ''Antiquités inédites''<spanref>T. id="sdfootnote4anc">[[#sdfootnote4sym|<sup>4</sup>]]1, pl. 102.</spanref>. Cela fournit à M. Pottier l’occasion de voir le manuscrit et d’en dire quelques mots dans sa notice explicative des ''Antiquités''. Il fut communiqué, depuis à plusieurs antiquaires habiles qui en prirent connaissance, et n’en parlèrent pas, peut-être par la difficulté qu’ils éprouvaient à donner une interprétation satisfaisante de tout ce qu’il renferme. Je serai plus hardi n’ayant pas la même ambition. Je ne prétends pas tout expliquer dans un recueil où les matières touchent à la fois à toutes les branches de la construction et de la décoration. Mon but est de faire, après Wilemin et M. Pottier, un appel plus marqué à l’attention des érudits pour qu’un si précieux livre soit étudié à fond, discuté par qui de droit, et qu’il fournisse à la science archéologique tout ce qu’il contient pour elle de données certaines et de problèmes à résoudre.
 
Les notes manuscrites que je signalais tout à l’heur fournissent, sur l’auteur de l’album, sur ’époque à laquelle il vivait, sur ses travaux, quelques notions que je commencerai par mettre en évidence.
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De même que tous les hommes de son temps qui savaient quelque chose, notre architecte avait beaucoup voyagé. « ''J’ay esté en moult de terres,'' » dit-il en un endroit, et à l’appui de son dire, il invoque les monuments de tous pays réunis dans son album. En effet, c’est presque un itinéraire que ce manuscrit. On l’y voit traverser la France du nord à l’ouest, puis parcourir l’empire d’Alllemagne jusque par de là ses limites les plus reculées. S’arrêtant une fois à Laon, il y prend le croquis de l’une des tours de la cathédrale, « ''la plus belle tour qu’il y ait au monde,'' » à son avis. Ses études minutieuses sur la cathédrale de Reims prouvent qu’il séjourna longtemps dans cette ville. Son passage à Meaux est constaté par un plan de Saint-Étienne, son passage à Chartres par un dessin de la grande rose occidentale de Notre-Dame. Plus loin, on le trouve installé devant le portail méridional de la cathédrale de Lausanne dont il copie la rose existante encore aujourd’hui. Enfin, l’album atteste un long séjour de l’auteur en Hongrie.
 
Il est à regretter que le manuscrit de Villard de Honnecourt fournisse moins de renseignements sur ses travaux comme architecte que sur ses pérégrinations. On n’y voit qu’une composition signée de lui ; encore en partage-t-il le mérite avec un confrère. Cet ouvrage consiste en un plan de sanctuaire pour une église de premier ordre. Le chœur est enveloppé d’une double galerie et de neuf chapelles, les unes de forme carrée, les autres en hémicycle. Elles alternent sur ce double patron à droite et à gauche de l’abside qui est carrée. Dans l’intérieur, on lit cette légende :''Istud presbiterium<span id="sdfootnote5anc"ref>[[#sdfootnote5sym|<sup>5</sup>]]''Bresbiterium'' pour ''presbyterium'' est ici l’équivalent de notre mot « chœur ».</spanref> invenerunt Vlardus de Huncort et Petrus de Corbeiainter se disputando''. Ainsi, cette disposition insolite fut le résultat d’une conférence entre Villard et un sien confrère appelé Pierre de Corbie ; rien n’indique d’ailleurs qu’elle ait été exécutée.
 
A défaut de preuve directes qui permettent de placer notre maître Cambraisien parmi les grands constructeurs du XIII<sup>e</sup> siècle, il y a lieu de recourir à l’induction.
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Maintenant, qu’on se reporte à l’état des lieux constaté tant par le dessin que par les annotations du manuscrit. Le nouveau chevet est fondé sur tout le développement de sa ligne de ceinture ; néanmoins, l’achèvement des travaux est assez éloigné pour que l’architecte en parle comme d’une chose problématique : « Les chapelles, dit-il, auront telle figure si jamais on les termine, ''s’on lor fait droit''. » Et il n’y a pas que les chapelles qui demeurent inachevées, mais encore les arcs-boutants, pièce essentielles de la construction du chœur, pour le dessin desquelles on renvoie aux analogues de l’église de Reims. Cela concorde donc parfaitement avec la suspension des travaux qui résulte du silence de l’histoire entre 1243 et 1251 ; par conséquent, c’est dans l’intervalle de ces deux années que Villard de Honnecourt écrivit la légende rapportée ci-dessus.
 
Les dates connues de l’ œuvre de Reims ne contrarient en rien ce résultat. L’édifice, commencé en 1211 par Robert de Couci, était achevé jusqu’au transept lorsque ce maître mourut en 1241 ; le chevet avec sa ceinture de chapelles était monté certainement dès 1215<span id="sdfootnote6anc"ref>[[#sdfootnote6sym|<sup>6</sup>]]Le chœur fut consacré le 18 octobre de cette année, selon Marlot.</spanref>. Quant à la nef, dont Villard nous a laissé aussi des dessins, elle s’éleva de 1241 à 1257 ; et comme ces dessins sont ceux d’une travée prise isolément, pourvu qu’on suppose une seule travée construite avant 1251 (et c’est le moins que l’on puisse faire), notre chronologie subsiste : c’est toujours de 1243 à 1251 que le manuscrit de Saint-Germain a été annoté.
 
Par une série d’autres rapprochements, il est possible de réduire encore ce terme, et subséquemment de placer à la date qui lui convient, le point le plus marquant de la biographie de Villard de Honnecourt.
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Interrogeons maintenant l’histoire de Hongrie.
 
En 1242, les Tartares ayant envahi les provinces danubiennes, la nation hongroise presque tout entière fut forcée d’émigrer. Elle revint l’année suivante, expulsa ses vainqueurs, mais ne trouva plus que des ruines à la place où ses villes avaient existé. Strigonie surtout, Strigonie, la capitale et l’ornement de l’empire, avait été comme effacée du sol. C’est à la restauration de cette grande cité que Bela, qui régnait alors sur les Hongrois, commença par appliquer toutes ses ressources. Il tâcha de lui rendre sa splendeur, son animation, sa physionomie toute européenne, car au moment de l’invasion, elle était peuplée presque exclusivement de Français et d’Italiens<span id="sdfootnote7anc"ref>[[#sdfootnote7sym|<sup>7</sup>]]Rogerii Varadicusis, ''De destructione Hungariæ per Tartaros''.</spanref>. Entre autres monuments, il y fit construire, pour les frères mineurs chez qui il avait élu sa sépulture, une somptueuse église sous l’invocation de la sainte Vierge<span id="sdfootnote8anc"ref>[[#sdfootnote8sym|<sup>8</sup>]]Johannes de Thworez, ''Chronicon Hungarorum''.</spanref>.
 
Ignorant l’année précise de la construction de Notre-Dame de Strigonie, je ne me hasarderai point à y faire intervenir Villard de Honnecourt ; mais il est impossible de ne pas voir de relation entre son voyage et tant de travaux entrepris pour réparer les ravages des Tartares. Je suppose, en conséquence, qu’il partit pour la Hongrie en 1244, après délivrance complète du pays. De son aveu, il y fit un assez long séjour :''la u je mes maint jor''. Deux ou trois ans justifieraient l’expression qu’il emploie. Donc, de retour en france vers 1247, il aurait annoté son album lorsqu’il n’était pas encore question de reprendre, à la cathédrale de Cambrai, les travaux qui furent terminés en 1251. Probablement qu’il était alors sur le déclin de sa vie ou à la veille de se retirer du monde, puisqu’il se séparait de ses instruments de travail.
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1° Mécanique ; 2° géométrie et trigonométrie pratique ; 3° coupe des pierre et maçonnerie ; 4° charpente ; 5° dessin de l’architecture ; 6° dessin de l’ornement ; 7° dessin de la figure ; 8° objets d’ameublement ; 9° matières étrangères aux connaissances spéciales de l’architecte et du dessinateur.
 
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<span id="sdfootnote1sym"><sup>[[#sdfootnote1anc|1]]</sup></span>[Extrait de la ''Revue archéologique'' de 1849, t. VI, p. 65 à 80, 164 à 188, 209 à 226. -- ''Bibliogr''., n° 189. -- Nous avons introduit dans le texte de ce mémoire de nombreuses additions et corrections que l’auteur avait consignées sur les marges d’un exemplaire que nous avons retrouvé dans ses papiers. -- R. L.]
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<span id="sdfootnote2sym"><sup>[[#sdfootnote2anc|2]]</sup></span>[Il porte le n° 19093 du fonds français.]
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<span id="sdfootnote3sym"><sup>[[#sdfootnote3anc|3]]</sup></span>Elle est ainsi conçue :''En ce livre a quarente et j feillet'', signé J. Mancel avec paraphe.
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<span id="sdfootnote4sym"><sup>[[#sdfootnote4anc|4]]</sup></span>T. 1, pl. 102.
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<span id="sdfootnote5sym"><sup>[[#sdfootnote5anc|5]]</sup></span>''Bresbiterium'' pour ''presbyterium'' est ici l’équivalent de notre mot « chœur ».
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<span id="sdfootnote6sym"><sup>[[#sdfootnote6anc|6]]</sup></span>Le chœur fut consacré le 18 octobre de cette année, selon Marlot.
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<span id="sdfootnote7sym"><sup>[[#sdfootnote7anc|7]]</sup></span>Rogerii Varadicusis, ''De destructione Hungariæ per Tartaros''.
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<span id="sdfootnote8sym"><sup>[[#sdfootnote8anc|8]]</sup></span>Johannes de Thworez, ''Chronicon Hungarorum''.
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[http://www.hs-augsburg.de/~harsch/gallica/Chronologie/13siecle/Villard/vil_c000.html ''Voir : Le Carnet de Villard de Honnecourt'']
 
 
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