« Le Cap Éternité/Prologue » : différence entre les versions

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Quels héros fait parler le prince de la lyre,
Sous ce couvert ? pensais-je, en m’installant pour lire...lire…
Le Cid et Polyeucte !... En esprit je relis
Ces chefs-d’œuvre vainqueurs de l’envieux oubli,
Et leurs alexandrins chantent dans ma mémoire,
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Le toit d’un laboureur abritait mon ennui.
Ce brave homme, me dis-je, a peut-être chez lui
Quelques prix par ses fils remportés à l’école,
Légende de tournure enfantine et frivole,
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Près des enfants filait sa robuste compagne :
 
Auriez-vous, demandai-je, un livre à me prêter ?
Non pas que le dédain me fasse rejeter
Celui-ci, des plus beaux écrits sur cette terre,
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Un ancien almanach : voilà notre misère !
D’instruire nos enfants nous aurions bien souci,
Mais, par malheur pour nous, l’école est loin d’ici...d’ici…
J’ai pourtant un cahier tout rempli d’écriture
Et de dessins à l’encre ; il est sans signature ;
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Car il voulait partir malgré le temps affreux.
 
Puisqu’il en est ainsi, petits cœurs généreux,
Leur dit-il, je demeure, en acceptant la chose
Qu’un père soucieux de votre bien propose :
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De vaincre tout venant à lever des fardeaux,
Ou bien avec mon homme il domptait les chevaux.
D’autres fois, il partait au loin sur ses raquettes...raquettes…
 
Il semblait tourmenté par des peines secrètes.
Souvent il traduisait pour nous, les soirs d’hiver,
Un conte italien qui parle de l’enfer...l’enfer…
Un beau conte, qui parle aussi du purgatoire,
Et des anges du ciel au milieu de leur gloire.
Il en avait encore un autre, plus ancien,
Disait-il, qui s’appelle...s’appelle… ah ! je ne sais plus bien !
On parle là-dedans d’un roi, malheureux père,
Et d’un prince son fils tué pendant la guerre ;
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Mais pour son enfant mort le père offre ses biens :
Il court chez le vainqueur qui dîne sous la tente,
Et le prie à genoux d’une voix suppliante...suppliante…
De ce pauvre vieux roi mon cœur s’est souvenu,
L’ayant bien remarqué, parce que l’inconnu,
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Nous n’avons pas connu le secret de cet homme,
Ni quel est son passé ni comment il se nomme ;
Un jour, à ma demande, il a répondu : ― Non !...
Puisque tu prends mon âme, ô nuit, garde mon nom !
 
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Or, un soir, il nous dit en nous serrant la main :
Au premier chant du coq je partirai demain.
Conservez mon cahier ! prenez soin de ces pages
Que je n’ose livrer au hasard des naufrages !
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De le revoir un jour, malgré sa longue absence.
 
Nous bénissons le temps qu’il a vécu chez nous...nous…
Ah ! le pauvre jeune homme, il était triste et doux,
Et tout plein son bon cœur il avait de la peine !
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Qu’elle tenait sous clef, en gardienne fidèle.
 
Voici ! prenez-en soin, s’il vous plaît, reprit-elle,
En me tendant le livre ardemment convoité.
 
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De la pensée éclose aux profondeurs de l’âme.
 
Je lisais...lisais… Je lisais dans l’heure qui s’enfuit,
Tout le long de ce jour brumeux et de la nuit,
Penché sur le cahier du malheureux poète.
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Si bien que tout fut prêt au bout d’une semaine.
 
« Maintenant, démarrons ! » criai-je au capitaine.
 
Notre vaisseau fila, toutes voiles au vent.
Je repris quelques mots passés en transcrivant,
Quand je relus ces vers dans le repos du large,