« Les Chinois » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Phe-bot (discussion | contributions)
m Phe: match
Phe (discussion | contributions)
mAucun résumé des modifications
Ligne 327 :
Et la raison ?
 
{{Personnage|Pierrot|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/26]]==
 
{{Personnage|Pierrot|c}}
C’est que le mariage ne sied point à une carcasse décharnée comme la vôtre ; et tout franc, vous êtes trop vieux pour faire souche.
 
Ligne 347 :
Tu vois aussi que je mets les fers au feu. J’attends journellement un gentilhomme de campagne, un docteur, un major et un comédien françois, tous partis sortables pour ma fille, selon qu’il m’a été raconté ; car je ne les ai point encore vus.
 
{{Personnage|Pierrot|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/27]]==
 
{{Personnage|Pierrot|c}}
Pensez, monsieur, que vous ne lui baillerez pas tous les quatre à la fois ; c’est trop pour une enfant.
 
Ligne 373 :
Est-il possible ?
 
{{Personnage|Pierrot|c}}
Très assurément.
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/28]]==
 
Tenez, monsieur, pour faire un mariage tout entier, il faut, en premier lieu, que le garçon le veuille ; en second lieu, que la fille y consente : or, je suis garçon ; j’ai déjà baillé mon consentement ; ainsi, vous voyez que c’est un mariage à moitié fait.
{{Personnage|Pierrot|c}}
Assurément. Tenez, monsieur, pour faire un mariage tout entier, il faut, en premier lieu, que le garçon le veuille ; en second lieu, que la fille y consente : or, je suis garçon ; j’ai déjà baillé mon consentement ; ainsi, vous voyez que c’est un mariage à moitié fait.
 
{{Personnage|Roquillard|c}}
Ligne 423 :
Ah, ah ! Que tu es folle ! Colombine, que tu es folle ! Tu crois donc que je me soucie d’un homme ? Je te jure que je n’ai pas la moindre envie d’être mariée. À la vérité, je suis bien lasse d’être fille ; mais j’espère que cela se passera.
 
{{Personnage|Colombine|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/30]]==
 
{{Personnage|Colombine|c}}
Oui, cela se passera avec un mari. Franchement, le métier de fille est bien ennuyeux, quand on veut le faire avec honneur. Je sais ce qu’il m’en coûte tous les jours pour conserver le peu de réputation qui me reste.
 
Ligne 451 ⟶ 452 :
Et les filles sèchent sur pied. Je parie que c’est dans ce temps-là que vous êtes le plus dégoûtée de votre emploi de fille.
 
{{Personnage|Isabelle|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/31]]==
 
{{Personnage|Isabelle|c}}
Si j’en suis dégoûtée, c’est que les femmes aiment naturellement le changement ; et si je me suis lassée d’être fille, je me lasserai encore plus d’être mariée.
 
Ligne 476 ⟶ 478 :
La pauvre enfant, elle ne se connoît pas en hommes !
 
{{Personnage|Isabelle|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/32]]==
 
{{Personnage|Isabelle|c}}
Colombine, tu es une coquine. Tu ne me parles point de ce qui me paroît le plus fripon en amour. Est-ce que tu n’as jamais vu l’hiver, à la Comédie, ces jeunes officiers toujours brillants, qui font sans cesse le carrousel autour des actrices jolies ?
 
Ligne 497 ⟶ 500 :
{{didascalie|On donne du cor.|c}}
J’entends du bruit. Apparemment que voilà l’amant chasseur qui entre en danse.
 
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/33]]==
Ligne 527 ⟶ 529 :
 
 
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/34]]==
 
{{scène|VII}}
 
{{acteurs|Arlequin, Isabelle, Colombine, deux Valets de chiens, avec des cors.}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/34]]==
deux Valets de chiens, avec des cors.}}
 
 
Ligne 560 ⟶ 562 :
Ah, mon Dieu ! Colombine, le vilain homme !
 
{{Personnage|Arlequin|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/35]]==
 
{{Personnage|Arlequin|c}}
Vous êtes charmée de ma personne, n’est-ce pas ?
 
Ligne 590 ⟶ 593 :
La compagnie est savante !
 
{{Personnage|Arlequin|c}}
L’après-
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/36]]==
 
dînée, je monte ma jument poil d’étourneau, pour brossailler dans la forêt, et le lendemain, pour être de meilleur matin au bois, je me couche pour l’ordinaire tout botté et éperonné.
{{Personnage|Arlequin|c}}
L’après-dînée, je monte ma jument poil d’étourneau, pour brossailler dans la forêt, et le lendemain, pour être de meilleur matin au bois, je me couche pour l’ordinaire tout botté et éperonné.
 
{{Personnage|Isabelle|c}}
Ligne 616 ⟶ 619 :
On donne du cor, les chiens viennent sur le théâtre, courant après un sanglier.
 
{{Personnage|Colombine|c}}
Ah, mademoiselle ! Un sanglier
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/37]]==
 
qui est entré ici !
{{Personnage|Colombine|c}}
Ah, mademoiselle ! Un sanglier qui est entré ici !
 
{{didascalie|Elles s’enfuient.|c}}
Ligne 625 ⟶ 628 :
{{didascalie|La chasse du sanglier fait le divertissement du premier acte.|c}}
 
 
{{acte|II}}
 
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/38]]==
 
{{acte|II}}
 
 
{{scène|I}}
Ligne 648 ⟶ 652 :
Certes, il est mal avenant de sa personne, et j’en ai regret ; car moi et mes ancêtres avons toujours chéri la chasse et les chasseurs. J’ai dans ma bibliothèque plus de cent bois de cerf, rangés par ordre chronologique ? Avec les relations historiques de la prise d’iceux.
 
{{Personnage|Colombine|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/39]]==
 
{{Personnage|Colombine|c}}
Diantre ! Voilà de beaux titres de noblesse, cent bois de cerf dans une famille ! Sans ceux qu’on y a introduits, et dont on n’a pas tenu de registre.
 
Ligne 695 ⟶ 700 :
 
 
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/41]]==
 
{{scène|III}}
Ligne 702 ⟶ 709 :
 
{{Personnage|Pierrot|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/41]]==
 
Monsieur, il y a là-dedans un homme qui est habillé comme la porte d’un jeu de paume. Il demande à épouser votre fille ; lui baillerons-nous ?
 
Ligne 746 ⟶ 751 :
{{Personnage|Arlequin|c}}
Je sais bien que le père est un sot ; mais je lui ai donné ma parole.
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/43]]==
 
{{Personnage|Roquillard|c}}
Hé ! Monsieur…
 
{{Personnage|ArArlequin|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/43]]==
lequin|c}}
Je n’ignore pas que la fille ne soit une fieffée coquette ; mais dès le lendemain de la noce je la fais mettre aux Magdelonettes,
 
Ligne 815 ⟶ 820 :
Diable ! Voilà qui est joli ! Qu’est-ce que cela signifie, monsieur ?
 
{{Personnage|Arlequin|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/45]]==
 
{{Personnage|Arlequin|c}}
Cela, monsieur ? C’est la Rhétorique chantante et la Rhétorique dansante, avec toutes les figures, les points, les virgules, les parenthèses et tout le reste.
 
Ligne 826 ⟶ 832 :
 
{{PersonnageD|La Rhétorique|c|chante.}}
<poem>
Par mes discours doux et flatteurs,
Je porte l’amour dans les cœurs,
Ligne 832 ⟶ 839 :
L’argent, pour réduire une belle,
Est encor plus puissant que moi.
</poem>
 
{{PersonnagePersonnageD|Arlequin|c|Air : De mon pot, je vous en réponds.}}
<poem>
 
{{didascalie|Air : De mon pot, je vous en réponds.|c}}
Voulez-vous, en moins d’un jour,
Être heureux en amour ?
Ligne 841 ⟶ 848 :
Le chemin en seroit trop long :
Avec l’or, je vous en réponds ;
Mais sans cela, non, non.</poem>
Dites-nous à présent où va coucher un mari, dans le zodiaque, la première nuit de ses noces.
 
{{PersonnageD|La Rhétorique|c|chante.}}
<poem>
Le soleil vagabond jamais ne se repose ;
Il va toujours de maison en maison.
Que de maris feroient la même chose,</poem>
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/46]]==
<poem>
S’il leur étoit permis de changer de prison !
Mais d’un mari la demeure est certaine ;
Ligne 855 ⟶ 864 :
Son ascendant
Toujours l’entraîne
Loger au croissant.</poem>
 
{{Personnage|Arlequin|c}}
 
{{didascaliePersonnageD|Arlequin|c|Air : De mon pot, je vous en réponds.|c}}
<poem>
II va coucher tout de go
Il va coucher tout de go
Au signe du Virgo :
Mais dès la seconde journée,
Le Capricorne est sa maison.
De cela je vous en réponds ;
Mais du Virgo, non, non.</poem>
 
{{Personnage|Roquillard|c}}
Ligne 885 ⟶ 893 :
Elle chante aussi. Je vais vous la faire venir.
 
{{PersonnageD|Mezzetin|c|
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/47]]==
 
en Pagode, chante.}}
{{PersonnageD|Mezzetin|c|en Pagode, chante.}}
Je viens exprès du Congo, ho, ho, ho !
Pour boire à tire-larigot
Ligne 913 ⟶ 921 :
{{didascalie|La Rhétorique dansante, figurée par Pasquariel, accompagnée de quatre Sauteurs, fait un ballet de postures ; ce qui ferme le divertissement du second acte.|c}}
 
 
{{acte|III}}
 
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/48]]==
 
 
{{acte|III}}
 
{{scène|I}}
Ligne 991 ⟶ 1 000 :
Quand un comédien est fait comme vous, il a souvent la meilleure part dans la tendresse qu’il inspire.
 
{{Personnage|Octave|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/51]]==
 
{{Personnage|Octave|c}}
Que je serois heureux, si vous aviez de pareils sentiments pour moi ! Et que votre coeur…
 
Ligne 1 022 ⟶ 1 032 :
Comme vous criez ! Il faut que ce jeune homme soit plus dangereux que vous ne pensiez.
 
{{Personnage|Colombine|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/52]]==
 
{{Personnage|Colombine|c}}
Ah ! Colombine, il n’en peut plus ; il s’est évanoui dans mes bras.
 
Ligne 1 104 ⟶ 1 115 :
{{didascalie|On entend un hautbois.|c}}
Sauvez-vous ; voilà le Major qui arrive.
 
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/54]]==
Ligne 1 136 ⟶ 1 146 :
Il n’est pas dégoûté. Un ustensile comme moi n’est pas à l’usage d’un grivois.
 
{{PersonnagePersonnageD|Mezzetin|c|chante.}}
<poem>
 
{{didascalie|chante.|c}}
Dans le combat, je suis un diable ;
Mon nom de guerre est la Fureur :
Mais chez un hôte un peu traitable,
Je suis, par ma bonté, surnommé la Douceur ;
Pourvu qu’il me laisse égorger sa volaille,</poem>
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/55]]==
<poem>Vider sa futaille,
Emporter son manteau,
Je suis doux comme un agneau.
Ligne 1 156 ⟶ 1 165 :
Sa servante Isabeau,
Je suis doux comme un agneau.
Mais j’entends nos équipages.</poem>
 
 
Ligne 1 197 ⟶ 1 206 :
Utilement ! Et à quel usage ?
 
{{Personnage|Arlequin|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/57]]==
 
{{Personnage|Arlequin|c}}
Je m’en sers pour lire les mémoires de mes créanciers ; et aussitôt lus, aussitôt payés.
 
Ligne 1 225 ⟶ 1 235 :
Que dites-vous, la majoresse de ma minorité ?
 
{{PersonnageD|Roquillard|c|
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/58]]==
 
lui frappant sur l’épaule.}}
{{PersonnageD|Roquillard|c|lui frappant sur l’épaule.}}
Elle a raison ; il lui faut un homme tout entier : un homme n’est déjà pas trop pour une femme, il n’en faut rien supprimer.
Je ne veux pas la lui donner, moi.
Ligne 1 239 ⟶ 1 249 :
 
 
{{acte|IV}}
 
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/59]]==
 
{{acte|IV}}
 
{{scène|I}}
Ligne 1 264 ⟶ 1 275 :
Si vous voulez, je parlerai pour vous, et dans la dispute une femme vaut toujours mieux qu’un homme. J’ai servi autrefois un comédien italien, et j’en sais assez le fort et le foible.
 
{{Personnage|Octave|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/60]]==
 
{{Personnage|Octave|c}}
Ah, ma pauvre Colombine ! Il n’y a rien que tu ne doives attendre de moi, si, par ton moyen, j’épouse Isabelle.
 
Ligne 1 286 ⟶ 1 298 :
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Halte-là ; je m’oppose à ces qualités : dites bande de comédiens italiens, et non pas troupe ; c’est un titre qui n’appartient qu’aux comédiens françois. Vous êtes encore de plaisants Bohémiens !
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/61]]==
 
{{Personnage|Colombine|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/61]]==
On voit bien que vous vous ressentez toujours de la fierté romaine ; vous aimez les titres ; et, si l’on n’y tient la main, vous vous mettrez de pair avec les mouleurs de bois, et vous prendrez dans vos affiches la qualité de conseillers du roi.
 
Ligne 1 311 ⟶ 1 324 :
Il donne un coup de sifflet,
 
{{PersonnagePersonnageD|Le Comédien Français|c|déclamant.}}
<poem>
 
Prends un siége, Parterre, prends, et sur toute chose,</poem>
{{didascalie|déclamant.|c}}
Prends un siége, Parterre, prends, et sur toute chose,
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/62]]==
<poem>
N’écoute point la brigue en jugeant notre cause :
Prête, sans nous troubler, l’oreille à nos discours ;
D’aucun coup de sifflet n’en interromps le cours.</poem>
 
{{didascalie|On apporte un fauteuil au Parterre.|c}}
 
{{PersonnagePersonnageD|Le Parterre|c|repoussant le fauteuil.}}
 
{{didascalie|repoussant le fauteuil.|c}}
Tu te moques, mon ami ; le Parterre ne s’assied point. Je ne suis pas un juge à l’ordinaire ; et de peur de m’endormir à l’audience, j’écoute debout.
 
Ligne 1 337 ⟶ 1 348 :
 
{{Personnage|Colombine|c}}
Non, ce n’est point la flatterie qui me dénoue.la langue ; je rends seulement les hommages dûs à ce souverain plénipotentiaire : c’est l’éperon des auteurs, le frein des comédiens, le contrôleur des bancs du théâtre, I’inspecteur et le curieux examinateur des hautes et basses loges : et de tout ce qui se passe en icelles ;
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/63]]==
en icelles ; en un mot, c’est un juge incorruptible, qui, bien loin de prendre de l’argent pour juger, commence par en donner à la porte de l’audience.
 
{{Personnage|Le Parterre|c}}
Ligne 1 356 ⟶ 1 367 :
En effet, pour donner à l’univers un comédien italien, il faut que la nature fasse des efforts extraordinaires. Un bon Arlequin est naturae laborantis opus ; elle fait sur lui un épanchement de tous ses trésors ; à peine a-t-elle assez d’esprit pour animer son ouvrage. Mais pour des comédiens françois, la nature les fait en dormant ; elle les forme de la même pâte dont elle fait les perroquets, qui ne disent que ce qu’on leur
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/64]]==
apprend par coeurcœur : au lieu qu’un italien tire tout de son propre fonds, n’emprunte l’esprit de personne pour parler ; semblable à ces rossignols éloquents, qui varient leurs ramages suivant leurs différents caprices.
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Ligne 1 373 ⟶ 1 384 :
Nos équipages seroient aussi superbes que les vôtres, si nous voulions faire des exactions sur le public, et mettre, comme vous, nos premières représentations au double.
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/65]]==
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Est-ce qu’un bourgeois doit plaindre trente sous pour être logé pendant deux heures dans l’hôtel le plus magnifique et le plus doré qui soit à Paris ?
 
Ligne 1 382 ⟶ 1 394 :
{{Personnage|Le Parterre|c}}
J’en connois qui laissent quelquefois leurs femmes seules au logis, et qui les retrouvent ici en fort bonne compagnie.
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/66]]==
 
{{Personnage|Colombine|c}}
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/66]]==
Le tout mûrement considéré, je conclus qu’un comédien italien est préférable, par toutes sortes de raisons, à un comédien françois.
 
Ligne 1 392 ⟶ 1 405 :
{{Personnage|Le Parterre|c}}
Voilà de belles qualités ; mais par malheur elles ne paraissent qu’aux chandelles, et s’en vont en fumée sitôt qu’elles sont éteintes.
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Cicéron dans son opinion pro Roscio Amerino comoedo, compare une troupe de comédiens à un coche attelé de différents animaux. Le cheval veut aller à droite, l’âne à gauche, le bœuf tire à plein collier, tandis que la mule rétive et malicieuse s’arrête tout court.
 
{{Personnage|Le Parterre|c}}
Et moi, je suis le charretier qui fouette ceux qui ne tirent pas propos.
 
{{didascalie|Il fait aller son sifflet.|c}}
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Qui peut douter, messieurs, que cette peinture ne représente au naturel l’attelage des comédiens italiens ? Cicéron étoit Italien, il n’y avoit point encore de comédiens françois dans la république romaine ; ergo, voilà ces boeufs, ces ânes et ces mules dont le prince de l’éloquence a voulu parler.
 
{{Personnage|Colombine|c}}
Cela est faux. La mule est un animal stérile, et.tout le monde sait que Marinette et Colombine ont des enfants tous les neuf mois.
 
{{Personnage|Le Parterre|c}}
 
{{didascalie|en montrant Marinette grosse.|c}}
Exemplum ut talpa.
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Ligne 1 419 ⟶ 1 413 :
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Ces alliances-là ne lui donnent pas le droit de bourgeoisie : il faut avoir, comme les François, pignon sur rue, un hôtel magnifique, bâti de leurs deniers, ou de ceux qu’ils ont empruntés. C’estPeut-on unfaire héritagequelque hypothécable,parallèle uneentre vignele quimérite n’estd’un pointcomédien sujette à la grêle, un champ fertile où pour quelques paroles semées à tortfrançois et àcelui travers,d’un oncomédien recueilleitalien tous? lesLe jourspremier deest l’argentle comptant.maître
 
{{Personnage|Le Parterre|c}}
Cette hypothèque-là est bien casuelle. Il ne faut que le mauvais vent d’un sifflet pour envoyer la récolte à tous les diables.
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Quand un comédien françois n’auroit pour tout bien que sa seule garde-robe, il seroit plus riche que toute l’Italie ensemble, et trouvera toujours une ressource chez le fripier. Le moindre petit confident a de quoi habiller, dans un jour de triomphe, toute la république romaine.
 
{{Personnage|Colombine|c}}
Cela est vrai. Mais si tous les marchands à qui ils doivent leur tiroient chacun leurs plumes, ils feroient le rôle de la corneille d’Ésope, et seroient obligés de jouer les empereurs en pinchina.
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Je tombe d’accord que l’on doit quelque petite chose dans la rue Saint-Honoré ; mais une part entière bouche bien des trous, et trente ou quarante ans de service acquittent plus de la moitié des dettes d’un comédien.
 
{{Personnage|Le Parterre|c}}
On ne devroit pas faire crédit à ces messieurs-là. Ils me font toujours payer comptant, et ne me rendent jamais juste la passe de ma pièce de quinze sols.
 
{{Personnage|Le Comédien Français|c}}
Peut-on faire quelque parallèle entre le mérite d’un comédien françois et celui d’un comédien italien ? Le premier est le maître
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/67]]==
des passions ; c’est le balancier qui fait mouvoir tous les ressorts de l’âme ; c’est un vieux fiacre routiné, qui tient à la main les rênes des passions : tantôt, faisant claquer son fouet, il excite le trouble et la terreur :
<poem>
Paraissez, Navarrois, Maures et Castillans,
Paroissez, Navarrois, Maures et Castillans,
Et tout ce que l’Espagne a nourri de vaillants.
</poem>
Veut-il inspirer la pitié ; il arrête sur le cul ses rosses fatiguées :
<poem>
N’allons pas plus avant ; demeurons, chère OEnone ;
N’allons pas plus avant ; demeurons, chère Œnone ;
Je ne me soutiens plus, la force m’abandonne ;
Mes yeux sont éblouis du jour que je revois ;
Et mes genoux tremblants se dérobent sous moi.</poem>
Voilà ce qui s’appelle retourner un cœur comme une omelette ; et pour faire naître tant de différents mouvements dans l’âme des auditeurs, il faut qu’un comédien françois soit un Protée qui change de face à tout moment, et qu’il ait l’art de peindre toutes les passions sur son visage.
 
Ligne 1 470 ⟶ 1 449 :
{{Personnage|Le Parterre|c}}
Mes jugements sont sans appel.
 
==[[Page:Regnard - Œuvres complètes, tome sixième, 1820.djvu/69]]==
 
{{c|FIN DES CHINOIS.}}