« Odes et Ballades/À M. de Chateaubriand » : différence entre les versions

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==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/152]]==
 
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{{t3|À M. de Chateaubriand}}
 
 
{{épigraphe|On ne tourmente pas les arbres stériles et desséchés ; ceux-là seulement sont battus de pierres dont le front est couronné de fruits d’or.|ABENHAMED.}}
 
 
<poem>
 
{{t4|I}}
 
:Il est, Chateaubriand, de glorieux navires
:Qui veulent l’ouragan plutôt que les zéphires.
:Il est des astres, rois des cieux étincelants,
:Mondes volcans jetés parmi les autres mondes,
:Qui volent dans les nuits profondes,
:Le front paré des feux qui dévorent leurs flancs.
 
 
:Le génie a partout des symboles sublimes.
:Ses plus chers favoris sont toujours des victimes,
:Et doivent aux revers l’éclat que nous aimons ;
:Une vie éminente est sujette aux orages ;
:La foudre a des éclats, le ciel a des nuages
:Qui ne s’arrêtent qu’aux grands monts !
 
 
:Oui, tout grand cœur a droit aux grandes infortunes ;
:Aux âmes que le sort sauve des lois communes
:C’est un tribut d’honneur par la terre payé.
:Le grand homme en souffrant s’élève au rang des justes.
:La gloire en ses trésors augustes
:N’a rien qui soit plus beau qu’un laurier foudroyé !
 
 
</poem>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome I.djvu/153]]==
<poem>
 
{{t4|II}}
 
:Aussi, dans une cour, dis-moi, qu’allais-tu faire ?
:N’es-tu pas, noble enfant d’une orageuse sphère,
:Que nul malheur n’étonne et ne trouve en défaut,
:De ces amis des rois, rares dans les tempêtes,
:Qui, ne sachant flatter qu’au péril de leurs têtes,
:Les courtisent sur l’échafaud ?
 
 
:Ce n’est pas lorsqu’un trône a retrouvé le faîte ?
:Ce n’est pas dans les temps de puissance et de fête,
:Que la faveur des cours sur de tels fronts descend.
:Il faut l’onde en courroux, l’écueil et la nuit sombre
:Pour que le pilote qui sombre
:Jette au phare sauveur un œil reconnaissant.
 
 
:Va, c’est en vain déjà qu’aux cours de la conquête
:Une main de géant a pesé sur ta tête ;
:Et, chaque fois qu’au gouffre entraînée à grands pas,
:La tremblante patrie errait au gré du crime,
:Elle eut pour s’appuyer au penchant de l’abîme
:Ton front qui ne se courbe pas.
 
{{t4|III}}
 
:A ton tout soutenu par la France unanime,
:Laisse donc s’accomplir ton destin magnanime !
:Chacun de tes revers pour ta gloire est compté.
:Quand le sort t’a frappé, tu lui dois rendre grâce,
:Toi qu’on voit à chaque disgrâce
:Tomber plus haut encor’ que tu n’étais monté !
</poem>
 
7 juin 1824