« Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 3.djvu/54 » : différence entre les versions

Sxilderik (discussion | contributions)
m →‎Page non corrigée : le texte est une adaptation modernisée du fac similé
Berthothos (discussion | contributions)
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<poem>
<poem>
Vraiment d’un bon oiseau guidé je ne fus point,
Vraiment d’un bon oyseau guidé je ne fus point,
Et mon cœur me donnait assez signifiance
Et mon cœur me donnoit assez signifiance,
Que le ciel était plein de mauvaise influence,
Que le ciel estoit plein de mauvaise influence,
Et que Mars était lors à Saturne conjoint.
Et que Mars estoit lors à Saturne conjoint.


Cent fois le bon avis lors m’en voulut distraire,
Cent fois le bon advis lors m’en voulut distraire,
Mais toujours le destin me tirait au contraire :
Mais toujours le destin me tiroit au contraire :
Et si mon désir n’eût aveuglé ma raison.
Et si mon desir n’eust aveuglé ma raison,


N’était-ce pas assez pour rompre mon voyage,
N’estoit-ce pas assez pour rompre mon voyage,
Quand sur le seuil de l’huis, d’un sinistre présage,
Quand sur le seuil de l’huis, d’un sinistre presage,
Je me blessai le pied sortant de ma maison ?
Je me blessay le pied sortant de ma maison ?
</poem>
</poem>


Ligne 17 : Ligne 17 :


<poem>
<poem>
Si celui qui s’apprête à faire un long voyage
Si celuy qui s’appreste à faire un long voyage,
Doit croire celui-là qui a jà voyagé,
Doit croire cestuy là qui a jà voyagé,
Et qui des flots marins longuement outragé,
Et qui des flots marins longuement outragé,
Tout moite et dégouttant s’est sauvé du naufrage,
Tout moite et degoutant s’est sauvé du naufrage :


Tu me croiras, Ronsard, bien que tu sois plus sage,
Tu me croiras (Ronsard) bien que tu sois plus sage,
Et quelque peu encor (ce crois-je) plus âgé,
Et quelque peu encor (ce croy-je) plus aagé,
Puisque j’ai devant toi en cette mer nagé,
Puis que j’ay devant toy en ceste mer nagé,
Et que déjà ma nef découvre le rivage.
Et que desjà ma nef descouvre le rivage.


Donques je t’avertis que cette mer romaine,
Donques je t’advertis, que ceste mer Romaine,
De dangereux écueils et de bancs toute pleine,
De dangereux escueils et de bancs toute pleine,
Cache mille périls, et qu’ici bien souvent,
Cache mille perils, et qu’ici bien souvent,


Trompé du chant pipeur des monstres de Sicile,
Trompé du chant pipeur des monstres de Sicile,
Pour Charybde éviter tu tomberas en Scylle,
Pour Charybde eviter tu tomberas en Scyle,
Si tu ne sais nager d’une voile à tout vent.
Si tu ne sçais nager d’une voile à tout vent.
</poem>
</poem>


Ligne 39 : Ligne 39 :


<poem>
<poem>
Ce n’est l’ambition, ni le soin d’acquérir,
Ce n’est l’ambition ni le soin d’acquerir
Qui m’a fait délaisser ma rive paternelle,
Qui m’a fait delaisser ma rive paternelle,
Pour voir ces monts couverts d’une neige éternelle,
Pour voir ces monts couvers d’une neige eternelle,
Et par mille dangers ma fortune quérir.
Et par mille dangers ma fortune querir.


Le vrai honneur, qui n’est coutumier de périr,
Le vray honneur, qui n’est coustumier de perir,
Et la vraye vertu, qui seule est immortelle,
Et la vraye vertu, qui seule est immortelle,
Ont comblé mes désirs d’une abondance telle,
Ont comblé mes desirs d’une abondance telle,
Qu’un plus grand bien aux dieux je ne veut requérir.
Qu’un plus grand bien aux dieux je ne veux requerir.
</poem>
</poem>