« Discours de réception à l’Académie française de Victor de Laprade » : différence entre les versions

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cette élection, témoigner de votre estime pour un corps
dévoué aux études sévères et qui compte ici des noms glorieux. J’ai retrouvé, sur le seuil de l’Académie, les patrons
éminents qui m’ont ouvert les portes de l’Université ; à côté d’eux, les maîtres de la poésie ; et je suis heureux de
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maîtres de la poésie ; et je suis heureux de
confondre aujourd’hui dans la même reconnaissance tous
ceux qui m’ont fait éprouver les joies de l’admiration.
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Cette retraite de la province, où se resserre notre intimité avec les livres, nous laisse étrangers à bien des hommes que nous aurions aimés comme leurs écrits. J’eus
souvent le désir, jamais le bonheur, d’approcher M. de
Musset. Sa vie, hélas ! trop courte, j’en ai cherché les traces auprès d’un frère dévoué de cœur et de talent à la
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courte, j’en ai cherché les traces auprès d’un frère dévoué de cœur et de talent à la
mémoire du poëte. Et d’ailleurs quel intérêt biographique
ne s’efface devant l’œuvre même d’Alfred de Musset, devant cette poésie, histoire et portrait de toute une génération ?
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décliner. Il eut ce rare et singulier bonheur de conquérir
; à la fois les âmes ardentes qui vivent par l’imagination et
ces esprits qui aiment à trouver dans de beaux vers des
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trouver dans de beaux vers des
auxiliaires contre toute espèce d’enthousiasme.
 
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''Mardoche'' et presque de la même main. Le petit-fils aurait
pu les avouer en pleine révolution poétique, lorsqu’en
1827 il sortait du collège déjà poëte, et, le croirait-on ?
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et, le croirait-on ?
avec un grand prix de philosophie.
 
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Quand parut Alfred de Musset, les lettres présentaient
 
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chez nous un concert qui, depuis un siècle peut-être, ne
s’était, pas rencontré aussi éclatant. La France recueillait
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plus imprévue et la plus éclatante, c’était la poésie. Déjà
Chateaubriand avait rouvert aux imaginations la sphère
divine du christianisme et leur avait montré dans le sentiment de la nature un monde poétique à peu près inconnu à la France. Une gloire allait nous être donnée,
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gloire allait nous être donnée,
qu’après le dix-huitième siècle on pouvait croire impossible, la gloire d’une poésie lyrique.
 
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Combien d’autres voix aimées apportèrent alors à la
poésie leur accent original ! Vous les connaissez, messieurs, les plus brillantes vous appartiennent ; l’admiration et l’amitié me les rappellent toutes. Mais c’est aux morts que je dois aujourd’huiaujourd’
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hui mes souvenirs. Me sera-t-il permis de prononcer ici un nom qui m’est bien cher,
d’exprimer devant vous mes regrets pour ce noble talent
d’Auguste Brizeux, dont vos suffrages ont plus d’une fois
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alors un peu oubliée, l’esprit qu’il venait réconcilier avec
la poésie nouvelle. L’esprit éclatait dans ses premières
pages ; il s’unissait dans sa témérité
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piquante à l’imagination ravivée, et l’on pouvait se demander qui l’emporterait chez l’écrivain ou des souvenirs de Voltaire, ou des
récentes impressions des ''Orientales''.
 
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Ils reposaient sur le sentiment de la liberté morale ces
nobles tableaux que Corneille et Racine nous ont présentés de la nature humaine. La passion y apparaît comme
une force parfois victorieuse, mais que le devoir, la raison, l’honneur, essayent au moins de surmonter. Et voilà
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au moins de surmonter. Et voilà
qu’en pleine renaissance du spiritualisme on admettait
cette humiliante doctrine : que l’homme n’est jamais plus
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et délicates peintures. Ce théâtre magnifique, il est destiné sans doute à quelqu’un des grands drames de la vie
morale ou de l’histoire ? Mais l’action commence, et vous
en détournez vos regards en vous irritant contre les hôtes
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vos regards en vous irritant contre les hôtes
inexplicables qui déparent ainsi la majesté de l’édifice.
 
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avoir été l’œuvre de ses plus vertes années et parce qu’elle
répond à tous les instincts, à toutes les séductions, à tous
les défauts même de cet heureux âge ; elle est jeune par
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heureux âge ; elle est jeune par
cet éclat de la nature et de la vie qui semble mettre certains esprits comme certains visages à l’abri du temps, et
donne à chaque imperfection le charme séduisant d’une
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ne saurais le croire : avec le ''Génie'' ''du'' ''christianisme'', avec
les ''Méditations'', avec ''René'' lui-même, le siècle avait mieux
 
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commencé. Au sortir de nos désastres, l’imagination, la
première, avait relevé le monde moral. Cette religieuse
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qu’elle lui vint. Le succès d’un ''Caprice'', commencé en Russie, inaugura en France celui des autres proverbes. L’éclat en fut si vif, qu’il rejaillit sur toute la prose d’Alfred de
Musset ; elle devint, pour beaucoup de ses lecteurs, l’objet
d’une faveur qu’elle mérite, mais à condition de la partager toujours avec ses poëmes. Ne suffirait-elle pas, cette
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mais à condition de la partager toujours avec ses poëmes. Ne suffirait-elle pas, cette
prose souple et piquante, à prouver tous les heureux dons
de cet esprit si dégagé sous les parures les plus diverses ?
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divers, en les nuançant de ses mobiles couleurs, était capable néanmoins d’un sévère discernement. On peut relire,
avec les meilleures pages sur la littérature contemporaine,
ces lettres d’un malicieuse bonhomie, publiées par M. de
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malicieuse bonhomie, publiées par M. de
Musset sous un nom d’emprunt, et dont l’irrévérencieux
bon sens choquait un peu les anciens admirateurs des
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étranger, ne témoignait-il pas d’une âme aussi fière, aussi
nationale que la brillante poésie de sa chanson du ''Rhin'' ''allemand'' ?
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Mais il gardait Ses préférences à l’inspiration rêveuse ou
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Et, quoi qu’on en ait dit, ma raison s épouvante
De ne pas le comprendre, et pourtant de le voir.
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Qu’est-ce donc que ce monde, et qu’y venons-nous faire,
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croyances nécessaires aux grandes inspirations. Là il aurait pris des forces pour l’œuvre nouvelle si glorieusement commencée avec les ''Nuits'' et l’''Espoir'' ''en'' ''Dieu''.
 
Un témoignage nous reste de tout ce qu’il a fait, de tout
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tout
ce qu’il a souffert pour mériter cette faveur si rare d’une
transformation et d’une veine ravivée. Déchirant témoignage et plus irrécusable dans sa courte simplicité que
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de l’adolescence. Un prompt succès l’encourage dans sa
voie. Et le voilà qui, malgré tout, par la seule pente de sa
noble nature, il
noble nature, il arrive à se faire un tourment des grandes questions dont il avait souri. Il dévoile du même coup ses
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noble nature, il arrive à se faire un tourment des grandes questions dont il avait souri. Il dévoile du même coup ses
souffrances mortelles et son espoir infini, et semble terminer son œuvre et sa vie par cette sublime et navrante
confession. Il a dit vrai dans ce cri de l’âme ! Son plus
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Voilà, de notre temps, le cri des âmes les plus découragées ; leur scepticisme se résout dans une prière. Voilà
le doute
le doute tel qu’il apparaît chez l’auteur de ''Rolla'', des ''Nuits'',
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le doute tel qu’il apparaît chez l’auteur de ''Rolla'', des ''Nuits'',
de l’''Espoir'' ''en'' ''Dieu'' !