« Œuvres poétiques de Chénier (Moland, 1889)/À Le Brun (3) » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Phe-bot (discussion | contributions)
m Phe: match
Phe-bot (discussion | contributions)
m Phe: split
Ligne 7 :
 
 
==[[Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Morland, 1889, volume 2.djvu/20]]==
 
<pages index==[[Page:"Chénier - Œuvres poétiques, édition Morland, 1889, volume 2.djvu/" from=20]]= to=22 />
{{t3|À LE BRUN}}
 
 
 
<poem> Laisse gronder le Rhin et ses flots destructeurs,
Muse ; va de Le Brun gourmander les lenteurs.
</poem>
==[[Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Morland, 1889, volume 2.djvu/21]]==
<poem>
 
Vole aux bords fortunés où les champs d’Élysée
De la ville des lis ont couronné l’entrée
Aux lieux où sur l’airain Louis ressuscité,
Contemple de Henri le séjour respecté,
Et des jardins royaux l’enceinte spacieuse.
Abandonne la rive où la Seine amoureuse,
Lente, et comme à regret quittant ces bords chéris,
Du vieux palais des rois baigne les murs flétris,
Et des fils de Condé les superbes portiques.
Suie ces fameux remparts et ces berceaux antiques
Où, tant qu’un beau soleil éclaire de beaux jours,
Mille chars ; élégants promènent les amours.
Un Paris tout nouveau sur les plaines voisines
S’étend, et porte au loin, jusqu’au pied des collines,
Un long et riche amas de temples, de palais,
D’ombrages où l’été ne pénètre jamais :
C’est là son Hélicon. Là, ta course fidèle
Le trouvera peut-être aux genoux d’une belle.
S’il est ainsi, respecte un moment précieux :
Sinon, tu peux entrer ; tu verras dans ses yeux,
Dès qu’il aura connu que c’est moi qui t’envoie,
Sourire l’indulgence et peut-être la joie.
Souhaite-lui d’abord la paix, la liberté,
Les plaisirs, l’abondance, et surtout la santé.
Puis apprends, si toujours ami de la nature,
Il s’en tient comme nous aux bosquets d’Épicure ;
S’il a de ses amis gardé le souvenir.
Quelle muse à présent occupe son loisir.
</poem>
==[[Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Morland, 1889, volume 2.djvu/22]]==
<poem>
Si Tibulle et Vénus le couronnent de rose,
Ou si dans les déserts que le Permesse arrose,
Du vulgaire troupeau prompt à se séparer,
Aux sources de Pindare ardent à s’enivrer,
Sa lyre fait entendre aux nymphes de la Seine
Les sons audacieux de la lyre Thébaine.
Que toujours à m’écrire il est lent à mon gré ;
Que, de mon cher Brazais pour un temps séparé,
Les ruisseaux et les bois et Vénus et l’étude
Adoucissent un peu ma triste solitude.
Oui ! les cieux avec joie ont embelli ces champs.
Mais, Le Brun, dans l’effroi que respirent les camps,
Où les foudres guerriers étonnent mon oreille,
Où loin avant Phoebus Bellone me réveille,
Puis-je adorer encore et Vertumne et Pales ?
Il faut un cœur paisible à ces dieux de la paix.</poem>