« Tom Jones ou Histoire d’un enfant trouvé/Tome 4 » : différence entre les versions

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De nos jours quelques écrivains sans étude, sans lecture, sont parvenus par la seule force de leur génie à se faire un nom dans la république des lettres. Certains critiques en ont conclu que la science était tout-à-fait inutile à un auteur. Si on les en croit, elle refroidit l’imagination ; c’est comme un poids qui la comprime, et l’empêche d’atteindre à cette hauteur sublime où l’élèverait son activité naturelle.
 
Nous craignons qu’on n’ait poussé ce système beaucoup trop loin ; car pourquoi l’art d’écrire différerait-il de tous les autres arts ? Le maître à danser, qui a reçu des leçons avant d’en donner, n’a rien perdu par là de sa souplesse ni de sa légèreté. L’ouvrier ne se sert pas plus mal de ses instruments, pour avoir appris à en faire usage. Il nous est impossible de nous persuader qu’Homère et Virgile eussent écrit avec plus de feu, si au lieu déposséder toutes les connaissances de leur siècle, ils eussent été aussi ignorants que la plupart des auteurs du nôtre. Nous ne croyons pas non plus que l’illustre Pitt, malgré l’imagination, la véhémence et le solide jugement dont la nature l’avait doué, fût jamais devenu l’heureux émule des orateurs d’Athènes et de Rome, si une lecture réfléchie de Démosthène et de Cicéron ne l’eût mis en état de faire passer dans ses discours la chaleur, l’énergie et la victorieuse dialectique qui caractérisent les harangues de ces grands hommes.
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ni de sa légèreté. L’ouvrier ne se sert pas plus mal de ses instruments, pour avoir appris à en faire usage. Il nous est impossible de nous persuader qu’Homère et Virgile eussent écrit avec plus de feu, si au lieu déposséder toutes les connaissances de leur siècle, ils eussent été aussi ignorants que la plupart des auteurs du nôtre. Nous ne croyons pas non plus que l’illustre Pitt, malgré l’imagination, la véhémence et le solide jugement dont la nature l’avait doué, fût jamais devenu l’heureux émule des orateurs d’Athènes et de Rome, si une lecture réfléchie de Démosthène et de Cicéron ne l’eût mis en état de faire passer dans ses discours la chaleur, l’énergie et la victorieuse dialectique qui caractérisent les harangues de ces grands hommes.
 
Ce n’est pas que nous demandions à aucun de nos confrères les vastes connaissances que Cicéron exige de l’orateur. Au contraire le poëte, à notre avis, a besoin de peu de lecture, le critique de moins encore, et le publiciste s’en passe plus aisément que l’un et l’autre. L’art poétique de Byshe, un petit nombre de nos poésies modernes, peuvent suffire au premier ; un mince recueil de pièces de théâtre, au second ; et une collection quelconque de journaux politiques, au troisième.